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Jeanne d'Arc, sainte

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Jeanne d'Arc, sainte (1412-1431), dite la Pucelle d'Orléans, héroïne nationale et sainte patronne de la France, qui a uni la nation française à un moment critique de son histoire et fait tourner la guerre de Cent Ans à l'avantage de la France.

2   LA LIBÉRATRICE DE LA FRANCE

Née le 6 janvier 1412 dans le Barrois à Domrémy (Lorraine), Jeanne d'Arc était la fille de Jacques Darc, un paysan aisé. Dès son enfance, elle se révéla très pieuse et solitaire, marquée par l'enseignement des ordres mendiants. Selon différents témoignages, elle entendit des voix célestes à l'âge de treize ans, celles de saint Michel et des martyres sainte Catherine et sainte Marguerite qui lui enjoignaient de libérer le royaume de France de l'occupation anglaise et de faire sacrer le dauphin Charles VII roi de France à Reims. Après de longues hésitations, la jeune fille, qui ne savait ni lire ni écrire, alla trouver en mai 1428 le représentant du roi à Vaucouleurs, le capitaine Robert de Baudricourt qui la traita de folle et la renvoya chez elle.

Le 12 février 1429, elle fit une seconde tentative et obtint une escorte pour rejoindre le dauphin Charles à Chinon. Ayant reconnu le roi qui s'était dissimulé parmi l'assemblée des courtisans, elle réussit à le convaincre de la réalité de sa mission par un « signe secret « qu'elle refusera de révéler à son procès. Le dauphin la fit soumettre à l'interrogatoire des théologiens de Poitiers à qui elle fit quatre prédictions, selon lesquelles les Anglais lèveraient le siège d'Orléans, le roi serait sacré à Reims, Paris rentrerait dans l'obéissance au roi et le duc d'Orléans reviendrait de sa captivité en Angleterre. Après un examen de virginité et une enquête de moralité, Jeanne fut autorisée par Charles VII à participer aux opérations militaires. Munie d'une bannière (portant l'insciption « Jésus Maria «), elle obtint le commandement de quelques troupes et délivra Orléans que défendaient Suffolk et Talbot (mai 1429). Elle prit ensuite Auxerre, Troyes, Châlons, ouvrant ainsi la route de Reims. Son nom se répandit dans toute la France et, comme elle l'avait prédit, Charles VII fut sacré à Reims, cérémonie qui confirmait sa légitimité (17 juillet 1429). En tentant de prendre Paris aux Anglo-Bourguignons, elle fut blessée à la porte Saint-Honoré (8 septembre 1429) puis, après s'être repliée, échoua à la Charité-sur-Loire. Appelée à l'aide par les habitants de Compiègne assiégée, elle fut capturée par les Bourguignons le 23 mai 1430 et leur chef, Jean de Luxembourg-Ligny, la livra aux Anglais contre rançon.

3   LE PROCÈS

Suivant la recommandation de l'université de Paris qui, dès le 26 mai, avait réclamé qu'elle fût jugée comme hérétique par le tribunal de l'Inquisition, les Anglais la remirent à la justice d'Église tout en déclarant qu'ils la reprendraient si elle n'était pas déclarée coupable d'hérésie. Son procès s'ouvrit à Rouen le 9 janvier 1431. Le tribunal ecclésiastique, présidé par l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, lui reprochait le port du vêtement d'homme (son armure militaire) qui tombait sous le coup d'une interdiction canonique, sa tentative de suicide (elle se jeta du haut d'une tour dans une tentative d'évasion), ses visions considérées comme une imposture et un signe de sorcellerie, et son refus de soumission à l'Église. Elle se défendit avec finesse et intelligence tout au long de son procès et maintint avec courage que ses voix ne l'avaient pas trompée. Le 24 mai 1431, au cimetière de Saint-Ouen, on lui notifia la sentence qui la déclarait coupable d'idolâtrie et d'apostasie. Elle avait le choix entre abjurer publiquement ses erreurs ou être remise au bras séculier de la justice. Dans un moment de peur et de faiblesse, Jeanne, qui avait résisté aux menaces de tortures, abjura. Condamnée à l'emprisonnement à vie, elle ne tarda pas à se rétracter, fut déclarée relapse et brûlée vive sur la place du Vieux-Marché de Rouen le 29 mai 1431.

Charles VII ne tenta rien pour la sauver. Bien que la troisième prophétie de Jeanne (la reprise de Paris) se fût réalisée dès 1437, sa réhabilitation n'intervint qu'en 1456 au terme d'un long procès (procès en nullité du précédent). Elle fut ensuite béatifiée en 1909 et canonisée en 1920 par le pape Benoît XV. Son procès, dont les débats sont parfaitement connus des historiens (grâce à des archives précises et remarquablement conservées), révèle chez Jeanne une piété authentique, de bonnes connaissances religieuses, ainsi qu'une haute estime de la monarchie et de l'unité nationale, qui sont autant de traits partagés par ses contemporains et exaltés en elle.

4   UNE HÉROÏNE NATIONALE

Manifestement peu aimée des courtisans dont le catholicisme était culturellement très éloigné de sa religiosité populaire, vite abandonnée par le roi, elle a surtout galvanisé les troupes et les populations assiégées. Mais les deux caractéristiques qui ont été attachées à son image au XXe siècle (le nationalisme et la sainteté) et qui ont fait l'objet de nombreuses récupérations politiques s'inscrivent dans des moments précis de l'histoire nationale et apparaissent chargées d'erreurs de perspective historique.

Ni sorcière luciférienne ni nationaliste dévote illuminée, Jeanne d'Arc a été, comme l'explique l'historien médiéviste Jacques le Goff, « une paysanne qui a ressenti avec une intensité extraordinaire les sentiments inspirés à son milieu rural par le drame d'une France partagée entre la « France française « et la « France anglaise «, et livrée aux misères matérielles et spirituelles de la guerre «. Pour réaliser sa mission dans un milieu soit réticent en raison d'une distance sociale et culturelle (côté français), soit hostile à cause des formes militaires et politiques de son action (côté anglais), elle avait absolument besoin d'une légitimité qui dépassait la simple révolte humaine. Mais l'échec de sa capture atténua son charisme et sa mystique. Toutes les réhabilitations dont elle a fait l'objet, de 1456 à nos jours, ont finalement bien peu à voir avec la Jeanne d'Arc historique et sont davantage des témoignages sur les préoccupations idéologiques de divers milieux et de diverses époques que des investigations sérieuses sur la vie de cette sainte dont on célèbre la fête chaque année, le deuxième dimanche de mai.

Figure héroïque et mythique de l'histoire de France, Jeanne d'Arc a inspiré plusieurs œuvres littéraires et artistiques. Voltaire la célébra dans son poème narratif la Pucelle d'Orléans (1756). Au théâtre, elle a été le sujet de nombreuses pièces telles que la Pucelle d'Orléans (Die Jungfrau von Orléans, 1801) de Schiller, Sainte Jeanne (Saint Joan, 1923) de Bernard Shaw, l'Alouette (1953), de Jean Anouilh. Charles Péguy lui consacra deux drames, Jeanne d'Arc (1897) et Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (1910). Le compositeur Arthur Honegger lui dédia son oratorio, Jeanne au bûcher (sur un texte de Paul Claudel), joué pour la première fois en 1938. Au cinéma, Carl Theodor Dreyer donna de l'histoire de Jeanne d'Arc une interprétation à la fois simple et profonde dans Jeanne d'Arc (1927) et de nombreux autres réalisateurs lui consacrèrent des films (Preminger, Rossellini, Bresson, Rivette).

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