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Jérusalem, royaume latin de

Publié le 13/04/2013

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Jérusalem, royaume latin de, État chrétien médiéval fondé lors de la première croisade, en 1099, et dont la capitale était Jérusalem. Le royaume latin de Jérusalem, qui disparut en 1291, couvrait l’actuel Israël, une partie de la Jordanie et du Liban. Ce fut le plus durable et le plus étendu des États francs fondés par les chrétiens au cours des croisades.

Lorsque Jérusalem fut prise aux musulmans, le 15 juillet 1099, l’État formé par la Ville sainte et les autres cités conquises par les croisés, Antioche et Édesse, fut d’abord placé sous la suzeraineté du pape. Son premier dirigeant, Godefroi de Bouillon, l’un des chefs de la croisade, ne portait symboliquement que le titre d’« avoué du Saint-Sépulcre «. Sa succession, cependant, ne devait pas être élective mais héréditaire. Lorsque Godefroi mourut en 1100, son frère Baudoin Ier exigea le titre de roi.

Le royaume de Jérusalem fut désormais gouverné et organisé selon les principes prévalant en Europe et particulièrement dans la France du XIe siècle. Le système féodal (voir Féodalité) fut introduit dans le comté d’Édesse, les principautés d’Antioche et de Tibériade, le comté de Tripoli, bientôt divisés eux-mêmes en centaines de fiefs seigneuriaux. À la mort de Baudoin Ier, en 1118, son cousin Baudoin II lui succéda. Le royaume atteignit sa plus grande extension sous le règne de Foulques V, comte d’Anjou (1131-1143), gendre de Baudoin II. La plus grande partie de la Syrie était alors aux mains des chrétiens.

Malgré les dissensions entre Francs, les successeurs de Foulques, Baudoin III, Amaury Ier (1163-1174), Baudoin IV le Lépreux et Baudoin V (1185-1186) parvinrent à maintenir le royaume. Cependant, la mort d’Amaury Ier avait sonné le glas des rois puissants, et ses successeurs, issus des familles Staufen puis Lusignan, durent composer avec la Haute Cour des barons dans une sorte de république féodale. Une administration complexe, la levée féodale sur les campagnes, le poids des ordres de moines-chevaliers (Hospitaliers et Templiers) gardant les forteresses comme le krak des Chevaliers caractérisaient l’État de Jérusalem, encadrant une population composite de Francs, de musulmans, d’Italiens et de juifs.

Selon les régions, certaines populations étaient plus ou moins puissantes : les Italiens, très présents sur les comptoirs de la côte, entretenaient un commerce sinon durable du moins très lucratif avec Venise et Gênes. Mais les fondements de l’enrichissement tenaient à la pratique systématique des pillages, pogroms, exactions de toutes sortes perpétrés par les croisés sur les vaincus. Entre les croisés, les tensions étaient vives — Français, Allemands, Italiens se faisant concurrence sous le regard un peu méprisant des Byzantins (voir Byzantin, Empire). La construction royale était donc d’une très grande fragilité.

Sous le règne de la reine Sibylle et de son époux Gui de Lusignan (1186-1192), les armées musulmanes de Saladin, sultan d’Égypte et de Syrie, reconquirent la ville de Jérusalem, en 1187. Le titre de roi continua d’être porté par des souverains chrétiens qui n’exerçaient plus la fonction attachée au titre. En 1228, lors de la sixième croisade, menée par l’empereur germanique Frédéric II, Jérusalem fut reprise. L’année suivante, Frédéric II obtint la cession de Jérusalem, de Jaffa (voir Tel-Aviv-Jaffa) et de Nazareth. Mais la Ville sainte tomba de nouveau aux mains des musulmans en 1244. La reconquête musulmane de Saint-Jean d’Acre, en 1291, scella le destin du royaume latin de Jérusalem.

Le royaume latin (ou franc) de Jérusalem fut donc une construction importée par les croisés et plaquée sur une société composite. Néanmoins l’intégration des diverses populations fut partiellement réalisée, à l’étonnement de chroniqueurs comme Foucher de Chartres ; le caractère définitif de la défaite franque au XIIIe siècle montre cependant que cette intégration restait superficielle. Sans doute est-ce aussi l’un des traits qui confirment le jugement de l’historien Jacques Le Goff : « L’établissement éphémère des croisés en Palestine a été le premier exemple de colonialisme européen. «.

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