JOSÉ DE RIBERA, 1588-1656 : LE PIED BOT

Ecole Espagnole

Inventaire: M. I. 893 - Toile; H. 1,64 — L. 0,92

Fit partie du legs La Caze, en 1869

Ce jeune truand se découpe dans le paysage, portant sa béquille comme une arme, tel un fier hidalgo.
Avec son sourire niais, il semble se rire de son infirmité; par l'écriteau qu'il tient à la main, il prend soin d'ailleurs de nous avertir qu'en plus de son pied difforme, il est muet, car, pour faire appel à la charité publique, il porte une pancarte avec l'inscription: «Da mihi elemosinam propter amorem Dei «.
C'est une des dernières oeuvres du peintre et aussi une des plus amères. Il s'est plu aux contrastes d'ombres et de lumières; il avait étudié en Italie les compositions des peintres de la Renaissance et peut-être des flamands, mais cela ne l'empêche pas de demeurer fidèle au réalisme, tradition profondément espagnole, bien qu'il ait passé presque toute sa vie à Naples.
Mus par le sentiment chrétien de la faiblesse humaine, les peintres de l'Espagne ont souvent pris pour sujet de leurs tableaux, les mendiants, les infirmes et les idiots. C'est une dérivation du goût populaire institué par le Caravage, dont Ribera, à Naples, fut le plus fervent zélateur.