Kaltenbrunner, Ernst

Kaltenbrunner, Ernst (1903-1946), homme politique autrichien, chef de l’Office suprême de sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt, RSHA) de 1943 à 1945.

Né à Ried im Innkreis, Ernst Kaltenbrunner passe son enfance et son adolescence à Raab, en Haute-Autriche, et à Linz. Dès son plus jeune âge, il s’imprègne de l’idéologie pangermaniste nationaliste qui règne dans son milieu familial. Au cours de ses études de droit à Graz, qu’il achève en 1926 par un doctorat, il prend part comme membre de l’union populaire des étudiants Arminia à des manifestations et à des boycotts dirigés contre les étudiants et les professeurs juifs de l’université. Jouant sur la peur des populations germanophones de se voir submergées par les étrangers dans une Autriche héritée d’un empire austro-hongrois pluri-ethnique, Ernst Kaltenbrunner, dès avant son adhésion au Parti national-socialiste allemand des travailleurs (Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei, NSDAP) en 1930, propage des concepts comme ceux de la « pureté de la race « et de la « conquête de l’espace vital « et un antisémitisme radical qui attribue aux Juifs la responsabilité de la défaite de 1918 et de l’« ordre démocratique « d’après-guerre.

En 1931, Ernst Kaltenbrunner rejoint les rangs des SS autrichiens, dont il devient le chef en 1935. Après l’Anschluss — l’annexion de l’Autriche au Reich allemand —, il est nommé secrétaire d’État à la sécurité publique (12 mars 1938), puis chef suprême des SS et de la police à Vienne, et atteint les sphères dirigeantes du parti. Cette position lui permet de mettre sur pied un réseau de renseignements, qui attire l’attention de Heinrich Himmler ; Ernst Kaltenbrunner peut ainsi s’assurer du soutien, décisif dans un État aussi centralisé, d’une des personnalités les plus influentes du régime. Le 30 janvier 1943, Heinrich Himmler le place à la tête de l’Office suprême de sécurité du Reich. Ernst Kaltenbrunner hérite ainsi de son prédécesseur Reinhard Heydrich, outre de la direction de la police de sûreté (Sicherheitspolizei, ou Sipo) et du Service de renseignements de sûreté (Sicherheitsdienst, ou SD), de celle de l’appareil chargé de la « solution finale de la question juive «. Dans ses nouvelles fonctions, il s’engage dans une lutte de pouvoir permanente contre des services rivaux, comme par exemple les services de renseignements et de contre-espionnage militaires de l’amiral Canaris. Pour faire face à cette rivalité, Kaltenbrunner s’attire les bonnes grâces d’Adolf Hitler en accélérant l’anéantissement des soi-disant « ennemis du Reich « : les Juifs, ainsi que les Slaves, les communistes, les syndicalistes…

Après la guerre, Ernst Kaltenbrunner est traduit devant le tribunal militaire international siégeant lors du procès de Nuremberg. Accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, il est condamné à mort. Il est exécuté le 16 octobre 1946.