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Kibaki, Mwai

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Kibaki, Mwai (1932- ), homme d’État et économiste kenyan, élu président de la République du Kenya en 2002.

2   UN PARCOURS UNIVERSITAIRE EXEMPLAIRE

Né à Othaya, dans la région riche et fertile qui entoure la capitale kenyane Nairobi, Mwai Kibaki est issu d’une famille modeste appartenant à l’ethnie kikuyu — la plus importante du pays — constituée principalement d’agriculteurs. Atteints de plein fouet par la colonisation britannique, les Kikuyu seront les principaux acteurs de la lutte pour l’indépendance aux côtés de leur leader Jomo Kenyatta. Mwai Kibaki est encouragé dans ses études par les missionnaires catholiques en raison de ses facultés d’adaptation et de sa vivacité d’esprit. Il obtient les plus hautes notes du pays à son certificat d’études, ce qui lui vaut d’être envoyé en 1951 à l’université de Makerere, en Ouganda, qui forme les cadres de l’Afrique orientale britannique. Diplômé en économie, histoire et science politique (1954), il part étudier les finances publiques en Angleterre, où il suit les cours de la prestigieuse London Schools of Economics (1956-1959). De retour en Ouganda, il enseigne l’économie à l’université de Makerere (1959-1960).

3   UN FIDÈLE SERVITEUR DU PARTI UNIQUE

Comme la plupart des jeunes diplômés africains de cette époque, Mwai Kibaki est happé par la politique dès son retour en Afrique. Il quitte l’enseignement et l’Ouganda pour rejoindre la lutte pour l’indépendance du Kenya, aux côtés de Jomo Kenyatta, fondateur de l’Union nationale africaine du Kenya (Kenya African National Union, KANU). Après avoir été l’un des rédacteurs de la nouvelle Constitution du pays, il entre au Parlement du Kenya indépendant dès 1963, sous l’étiquette de la KANU. Sous la présidence de Jomo Kenyatta (1964-1978), il occupe le poste de ministre du Commerce et de l’Industrie (1966-1969), puis celui des Finances et du Plan (1970-1978).

À la mort de Jomo Kenyatta, en 1978, son dauphin Daniel Arap Moi, membre d’un groupe ethnique minoritaire — les Kalenjin — lui succède. S’il s’emploie à éroder la puissance des Kikuyu, le nouveau président conserve toutefois Mwai Kibaki au sommet du pouvoir, en lui confiant le portefeuille des Finances (1978-1981), puis de l’Intérieur (1982-1988) et, surtout, en le nommant vice-président (1978-1988). Alors que le système de parti unique, instauré par Jomo Kenyatta, est officialisé en 1982 par Daniel Arap Moi, Mwai Kibaki soutient le régime, n’hésitant pas à comparer l’opposition qui revendique le multipartisme à « des rêveurs essayant d’abattre un arbre avec une lame de rasoir «.

4   LE FONDATEUR DU PARTI DÉMOCRATIQUE

En 1988, cependant, à l’occasion d’un énième remaniement ministériel, le président Moi le rétrograde au poste de ministre de la Santé. Prudent, Mwai Kibaki n’est pourtant pas partie prenante dans les émeutes qui arrachent le multipartisme au pouvoir (1991), mais il en profite pour fonder son propre parti, le Parti démocratique. Candidat d’une opposition désunie, Mwai Kibaki échoue à l’élection présidentielle de 1992. Tandis qu’il fait de son parti une formation multiethnique rassemblant de nombreux Kenyans opposés à la politique communautariste pratiquée par le pouvoir pour diviser ses adversaires, il parvient en seconde position à l’élection présidentielle de 1997, derrière Daniel Arap Moi.

Devenu l’un des hommes politiques les plus riches du Kenya, Mwai Kibaki est souvent représenté comme l’archétype de l’élite kenyane, éloigné des préoccupations du peuple ; cette image, conjuguée à ses nombreuses années d’allégeance au régime de Daniel Arap Moi, explique en partie ses échecs successifs.

5   L’ACCÈS À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE

À la veille des élections générales de décembre 2002, le président Moi choisit comme dauphin Uhuru Kenyatta, le fils du père charismatique de l’indépendance. Ce choix d’un homme inexpérimenté pousse nombre de hauts responsables de la KANU vers le Parti démocratique de Mwai Kibaki. À la tête de la Coalition nationale arc-en-ciel (NARC), qui regroupe plusieurs formations opposées à la KANU, Mwai Kibaki défend un programme essentiellement fondé sur la lutte contre la corruption — même s’il s’engage à ne pas demander de comptes au gouvernement précédent, critiqué pour sa corruption et son exercice autocratique du pouvoir —, l’alphabétisation, ainsi que la reconstruction des infrastructures du pays et la relance de son économie — réputé pour ses compétences en matière économique, il est partisan d’une économie libérale.

Fort de sa longévité politique et de sa réputation d’intégrité et de tolérance, Mwai Kibaki est élu avec 62,2 % des suffrages dès le premier tour du scrutin présidentiel du 27 décembre 2002. Avec un score de 56,1 % des suffrages aux élections législatives, sa coalition peut en outre compter sur la majorité absolue au Parlement. De six ans cadet de l’ancien président et entouré de transfuges de la KANU, il lui faut toutefois tenir compte de la jeune génération, impatiente d’accéder à son tour aux responsabilités. Il doit en outre faire face aux nombreux problèmes qui affectent le Kenya, en particulier la question des paysans sans terre et de la réforme agraire, et la pandémie du sida — plus de deux millions de Kenyans sont séropositifs ou malades du sida.

6   UNE RÉÉLECTION SUR FOND DE CONTESTATION ET DE VIOLENCE

Au terme de son mandat, Mwai Kibaki peut se prévaloir d’un très bon bilan économique (avec une croissance économique de près de 6 % en 2007) et de l’instauration de la gratuité de l’enseignement primaire. Soutenue par les institutions financières internationales, sa politique échoue cependant à véritablement endiguer une corruption endémique. En 2005, Mwai Kibaki doit en outre faire face au rejet par référendum de son projet de réforme constitutionnelle (qui conservait d’importantes prérogatives présidentielles), qui entraîne de profondes divisions au sein de la classe politique et de la population, et provoque l’éclatement de la Coalition nationale arc-en-ciel (NARC).

En décembre 2007, à l’issue d’une campagne meurtrière et d’un scrutin entaché de fraudes, il est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle face à son principal adversaire, Raila Odinga. Contestée par l’opposition, cette réélection plonge le pays dans une vague sanglante de violences opposant principalement les Luo, l’ethnie de Raila Odinga, aux Kukuyu, l’ethnie de Mwai Kibaki. Après la mort de plus de 1 500 personnes, et le déplacement de quelque 300 000 autres, Mwai Kibaki et Raila Odinga s’entendent sur un accord de gouvernement prévoyant notamment la création d'un poste de Premier ministre (28 février 2008).

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