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L' Aube Dorée

Publié le 22/03/2014

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L' Aube Dorée, de son nom complet « Association populaire - Aube dorée «, est un parti d' extrême droite grec. Nous nous y intéressons car la presse internationale le classe comme parti néonazi, bien que le parti ne se soit jamais défini ainsi et réfute cette appellation. Son dirigeant est Nikòlaos Michaloliàkos. Il fonde « L'Aube dorée «, initialement nom d'une revue, en 1992. Le parti est réactivé en 2007 et fait son entrée au parlement hellénique 

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(parlement grec de 300 députés élus par le peuple) lors des législatives de mai 2012 et conserve ses députés lors de celles de juin 2012. 

Discours et Idéologies 

Son discours se concentre surtout sur les thèmes des immigrés. Le parti est xénophobe, souverainiste, nationaliste et partisan du « droit du sang «. Il a entre autres pour slogan : « la Grèce aux Grecs. «. Dans son programme, L'Aube dorée désapprouve totalement le plan de sauvetage économique de la Grèce et veut effacer la dette du pays. Le parti propose aussi de miner les frontières avec la Turquie afin d'empêcher l'immigration. 

Les différentes publications du parti, ses membres et les structures qui y sont associées, font fréquemment usage d'une symbolique plus ou moins ouvertement néonazie. On peut d’ailleurs constater sur leurs sites internet les éloges destinés à quelques personnalités du troisième Reich, comme la SS ou Magda Goebbels. Dans leurs manifestations, l’Aube dorée présente des signes comme la croix gammée stylisée, les méandres noires ou encore le salut nazi. Ils ont évidemment un discours, qui est tout à fait cohérent avec leur propagande. En effet, Nikòlaos Michaloliàkos a, plus d’une fois, rendu hommage aux atrocités effectuées par le troisième Reich. 

En mars 2013, la police transmet au Parquet un enregistrement vidéo raciste et antisémite qui va faire polémique en Grèce, montrant le candidat d'Aube Dorée Alexandros Plomaritis faisant campagne à Athènes en déclarant à ses amis le destin réservé aux militants de gauche et aux immigrés : « Nous sommes prêts à ouvrir les fours (...), nous en ferons des savons pour laver les voitures et les trottoirs (...), on fabriquera des abat-jour avec leur peau «. 

Nikòlaos Michaloliàkos 

C'est le fondateur et chef tout puissant de l’Aube dorée. En 1974, il est envoyé en prison pour détention illégale d’explosifs. C’est là qu’il rencontre des opposants au régime de l'époque, extrémistes et fascistes. Plus tard en 1980, il crée un magazine ouvertement nazi, antisémite et raciste, baptisé « l’Aube dorée «, en référence à une citation d’Alfred Rosenberg, théoricien du nazisme. En 1993, il crée ensuite un parti du même nom mais à l'époque le parti est encore très marginal. Ce parti devient membre du Front national européen (mouvement créé en 2004, rassemblant divers mouvements nationalistes d'extrême droite en Europe ). Ce n'est qu'à la fin des années 90, lorsque la Grèce connaît un afflux massif d'immigrés que le parti va gagner en 

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popularité. En effet les solutions toujours plus violentes que préconise Nikòlaos Michaloliàkos et ses partisans contre les immigrés séduisent une part (minoritaire) des Grecs. En 2004, il décide pourtant de suspendre les activités de son parti pendant un an. Simultanément, un de ses lieutenants se retrouve condamné pour agression violente contre des étudiants. 

Entrée au parlement grec 

Les néo-nazis, qui ont 1,5 % des voix en avril 2011, passent à 2,5% fin janvier 2012, et monte à 6,5 % durant la campagne. 

En juin 2012, à la fin du scrutin des votations législatives, le parti obtient 6,97% des voix et 21 députés sur les 300 qui constituent le parlement Hellénique. Nikólaos Michaloliákos déclare après les élections : « L'heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie «. 

Actions politiques 

Afin de gagner son électorat, l'Aube dorée est très active sur le terrain et accomplit diverses actions. Elle organise par exemple des rondes dans les quartiers où il y une forte criminalité ressentie, accompagne des personnes âgées grecques ou assure des distributions de nourritures aux plus pauvres, mais uniquement aux Grecs « de souche «. Par ailleurs, les militants d'Aube dorée se distinguent également par des actes beaucoup plus violents. Par exemple : - d'agressions, avec utilisation de barres de fer, contre les immigrés, avec une complicité supposée de la police - d'organisation de groupes destinés à attaquer des militants de gauche – de menaces et intimidations aux employés de Médecins du monde dans les locaux de l'ONG. 

Ces actions ont pour but de rassurer les Grecs en « nettoyant « les rues des villes et ainsi avoir une pseudo sécurité ressentie. Effectivement, avant les actions violentes des partisans de l'Aube dorée, de nombreux habitants avaient un sentiment d'insécurité à cause du deal et de toutes sortes de petits trafics illégaux causés par l'instabilité politique environnante. Le parti néonazi joue donc sur la peur des gens et gagne ses électeurs en leur donnant le sentiment de sécurité ou le soutien dont ils ont besoin. Ils font peur au peuple en déclarant : « Les immigrés volent le pain des Grecs «. Lorsque des Grecs ont des problèmes avec des immigrés ou des étrangers, certains n'appellent plus la police mais l'Aube dorée, qui se charge de régler ces litiges par des agressions ou des menaces. Cette problématique est complexe. Les Grecs n'obtiennent aucun soutien du gouvernement trop occupé à faire face aux énormes défis telle 

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que la dette etc. Ils vont donc se tourner vers ceux qui les aident. Et l'Aube dorée profite de cette opportunité pour mettre toute une partie de la population avec elle. 

Relation controversée avec la police 

D’après plusieurs témoignages, ces agressions ont été soutenues par la police grecque. Sur plusieurs images, nous voyons les militants de l'Aube dorée côte à côte avec la police anti- émeute. Certaines actions de l’Aube dorée seraient donc encadrées par la police grecque. Cela n'est pas très étonnant, car selon l'hebdomadaire To Vima qui a effectué une enquête auprès des bureaux de vote proches des casernes de policiers, plus de la moitié des policiers auraient voté pour Aube Dorée aux élections législatives de juin 2012. Ainsi, souvent, les immigrés victimes des agressions ne déposent pas plainte par peur de se faire arrêter ou même que l'on transmette leurs informations personnelles à l'Aube dorée. Le gouvernement grec est passif face à cette montée de la violence raciste, il reste occupé à remettre les comptes publics à l'équilibre. D'une certaine manière, cela arrange bien le gouvernement de se « débarrasser « de ses immigrés clandestins. Le gouvernement s'est effectivement engagé à lutter contre l'immigration avec un discours très proche de la xénophobie. Nous voyons alors que ces violences ne sont pas prêtes de s'arrêter si le gouvernement continue cette passivité envers ces violences perpétrées par les néonazis. 

La Grèce et la crise 

L’ascension de l’Aube dorée s’explique, comme nous l'avons vu, par le contexte socio- économique dans lequel se trouve la Grèce actuellement. D’une crise financière s’en ait suivi une crise économique. Ce pays étant déjà surendetté va voir son économie s’écrouler. Le gouvernement va, pour réduire ces dettes, puiser dans les caisses sociales et augmenter les impôts, ce qui aura pour conséquence l’augmentation de la misère sociale. Elle se traduira par une forte hausse du chômage, de la misère et de la délinquance. Accompagné d’un climat d’instabilité politique on atteignit le nombre faramineux de 68% de la population en dessous du seuil de pauvreté. 

Lorsqu’un gouvernement s’évertue à essayer de redresser son pays, et qu’il ne peut s’occuper 

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des problèmes de son peuple (comme son insécurité), c’est la porte ouverte à n’importe quelles dérives car la population a besoin d'aide. C’est justement le chemin qu’a emprunté l’Aube Dorée : le soutien social. En se substituant au gouvernement là où il était déficient le parti a réussi à augmenter sa popularité. 

Cette explication nous permet de faire un lien avec une situation similaire (toute proportion gardée) qui a abouti à un horrible génocide : les évènements des années 1930 en Allemagne. C’est exactement le même schéma qui s’est dessiné pour l’Allemagne ; crise financière, grande misère, montée d’un parti proposant des solutions concrètes. D’autres similitudes sont à souligner dans ce schéma comme par exemple l’importance qu’accorde ces partis à l’endoctrinement des enfants selon leurs idéologies. Effectivement depuis février 2013 des cours « d’éveil national « sont donné par l'Aube dorée aux enfants de 6 à 10 ans accompagnés de leurs parents ; ce n’est pas sans rappeler la fameuse jeunesse hitlérienne. 

Avec ces deux exemples nous n'avons plus qu'à constater la relation entre la hausse de la misère et la montée d’un parti extrémiste. Ces partis ont saisi l’occasion d’une instabilité politique pour accroître leurs pouvoirs politiques, mais ce n'est pas leurs idéologies qui ont influencé l’avis de la population. C’est l’envie de s’en sortir qui a primé sur les raisons morales, ce n’est par conséquent pas le nazisme qui plaît au peuple (certain n’en n’ayant même pas conscience) mais bien les actions sociales. 

Géographie de la Grèce 

La Grèce est important lieu de passage pour les immigrés. En effet, chaque jour, plus de 300 immigrés débarquent illégalement en Grèce par la Turquie. Istanbul est devenu la plaque tournante d’un trafic d’êtres humains pour l'Europe. La Grèce ne peut pas laisser passer ces immigrés clandestins en Europe. Mais l’absence de moyens et la crise économique empêche toute tentative ordonnée de régulation de l’immigration. C'est donc le problème de l’immigration, couplé avec la crise économique, qui a attisé les sentiments xénophobes et hissé l'Aube dorée au parlement. 

Point d'actualité 

La passivité du gouvernement et du peuple face à la menace de l’Aube dorée (à la fois la montée en force de ses violences mais aussi le danger politique qu'est le parti) semble 

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s’estomper quelque peu. En effet, jeudi 2 mai 2013, la ville d'Athènes a pu constater une première forme de répression du mouvement néonazi. Le maire d’Athènes Giorgos Kaminis a interdit une distribution de nourritures par le parti aux Grecs « de souche «. Malheureusement, par ce geste il s’est attiré les foudres d’un député de l’Aube dorée qui a tenté de l’agresser avec une arme. Les militants en colère ont fait face à l’opposition de la police. 

Mais la résistance se construit, jour après jour, des mouvements antifascistes voient le jour en Grèce. Ils se manifestent de plus en plus à travers le pays malgré les risques que cela comporte. Ils se battent pour leur pays et ne lâcheront rien. 

Futur de l'Aube dorée ? 

La crise semble aller de mal en pis, les sondages annoncent environ 13 % d’intention de vote pour le parti néonazi, ce qui serait une avancée considérable. Dans le contexte actuel de la Grèce, ces chiffres nous poussent encore plus loin dans le parallèle avec la montée du nazisme dans les années 30. Le gouvernement grec, ébranlé par la crise et les problèmes intérieurs, pourrait céder et, qui sait, devoir faire face à une tentative de renversement de pouvoir par le parti Aube dorée... 

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Le réveil des droites 

[« Complément d’enquête «] Résumé 

Le documentaire nous propose de découvrir et de comprendre la montée des partis et des groupements d'extrême droite en France et dans le monde (n'ayant visionné qu'une partie du documentaire, nous nous arrêterons au cas de la France). 

La crise financière a servi les arguments et les thèses des groupes d'extrême droite et leur a permis de se faire entendre en les mettant en lumière. 

En effet, ces groupes minoritaires ont toujours existé sur le sol français, ils sont simplement sortis de l'ombre profitant du contexte de la crise. 

Les médias ont caractérisé la montée de ces mouvements de «Printemps français«. 

Tous ces mouvements sont constitué de personnes déçues par la politique, qu'elle soit celle du gouvernement en place, voir même de l'extrême droite avec la nouvelle ligne de conduite du FN. 

On distingue dans ces groupes plusieurs mouvances d'horizons variés, comme les jeunesses nationalistes ou encore Civitas. 

Le documentaire nous présente les jeunesses nationalistes à travers le portrait de son fondateur, Alexandre Gabriac. 

Alexandre Gabriac est un activiste politique qui a rejoint le front national à 13 ans, très influencé par le virulent dirigeant de ce parti. Il finit par s'en faire exclure suite à une photo qui a fait scandale, où on le voit effectuer le salut hitlérien. 

Il fonde donc son propre parti d'extrême droite où les idées suivantes sont maitresses : la France aux français blancs, chacun reste dans son pays d'origine, les valeurs familiales traditionnelles etc. 

En résumé, il suit une ligne de pensée fasciste, il est d'ailleurs très fasciné par le personnage de Mussolini. 

Le documentaire nous présente ensuite brièvement Civitas, une organisation religieuse partisante des idées d'extrême droite, dirigée par le belge Laurent Escada qui regrette l'Algérie française et l'OAS. 

Ces deux groupes sont également très admiratifs et nostalgiques du régime de collaboration de Pétain avec l'Allemagne nazie. 

En fin de reportage, Dominique Reyré, professeur à l'université de Toulouse, intervient et nous donne une analyse de ce « Printemps français «. Il justifie ces mouvements par une crise identitaire que ressent une partie minoritaire du peuple français. Cette minoritaire ne se retrouve plus dans les partis traditionnels et penche dans la tendance des partis d'extrême droite. Ensuite, il parle de la nouvelle ligne du front national qui est plus socialisante avec la nouvelle communication de Marine Le Pen et le rejet des mouvements néo-fascistes. 

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