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La boîte de Pandore

Publié le 17/01/2022

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23 septembre 1949 - Une explosion atomique s'est produite récemment en Union soviétique, a annoncé le président Truman. La nouvelle, qui provoque une vive émotion dans le monde, n'est pas une surprise. Les Etats-Unis savaient que tôt ou tard ils seraient dépossédés de leur monopole. Que cette dépossession intervienne dès 1949 et non dans deux ou trois ans, cela ne change guère les données du problème à résoudre. Au reste, Washington et Londres avaient toujours fondé leurs plans depuis la fin de la guerre sur cette hypothèse que l'URSS posséderait un jour ou l'autre la bombe, ainsi que d'autres armes de guerre ultramodernes. Dans les milieux communistes internationaux, on estime que le monopole américain était en soi une menace de guerre, et que la perte de ce monopole ne pourrait qu'inciter le gouvernement des Etats-Unis à plus de prudence dans sa politique extérieure. Dans les milieux américains au contraire on espère que la possession de la bombe donnera à l'URSS un sentiment accru de sécurité, et que celle-ci ne pourra plus invoquer les fallacieux motifs de crainte dont elle n'a cessé de faire état dans l'orientation de sa politique. Elle serait donc amenée à adopter une attitude plus raisonnable, à réviser ses thèses sur le contrôle international de l'énergie atomique. Quelles conséquences pratiques tireront de l'événement les Etats-Unis et l'URSS? On ne le saura pas avant un certain temps. Mais ce que l'opinion quasi unanime du monde réclame dès maintenant avec insistance, c'est que de nouveaux et de plus grands efforts soient faits pour mettre sur pied ce contrôle international efficace dont ont parlé dans leurs discours MM. Acheson et Vychinski. Si les deux puissances antagonistes ne parvenaient pas à s'entendre et à exorciser le fantôme de la peur qui dicte leur politique de défense, on assistera fatalement à une course accélérée aux armements, à une compétition effrénée autour des terrains d'uranium, à la recherche d'autres armes plus redoutables encore que la bombe atomique. Après quoi la conflagration générale ne serait plus qu'à la merci d'un incident. BULLETIN DE L'ETRANGER Le Monde du 25-26 septembre 1949

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