Devoir de Philosophie

La Cour suprême décide que George W. Bush est le quarante-troisième président des Etats-Unis

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

bush
12 décembre 2000 POUR LA PREMIÈRE FOIS dans l'histoire politique américaine, la présidence a été décidée en justice. Le 12 décembre, deux petites heures avant la date-butoir de désignation des grands électeurs, chargés d'élire le président, la Cour suprême des Etats-Unis a rendu une décision ouvrant les portes de la Maison Blanche au candidat républicain George W. Bush. Le lendemain, le vice-président Al Gore a admis sa défaite et les Américains ont vu, avec un énorme soulagement, se terminer une bagarre politico-judiciaire qui durait depuis cinq semaines et prenait l'allure d'une crise institutionnelle. Saisie par George W. Bush, la Cour suprême était brutalement intervenue le samedi 9 décembre pour interrompre le recomptage manuel de 45 000 bulletins de vote litigieux qui venait de commencer en Floride, sur ordre de la Cour suprême de Floride. Trois jours plus tard, après avoir examiné l'affaire au fond, la Cour fédérale a estimé, par une majorité de sept juges sur neuf, qu'il était inconstitutionnel de procéder à un recomptage des bulletins de vote sans fixer de norme unique pour les différentes circonscriptions concernées. En même temps, alors que les juges modérés cherchaient à trouver un compromis, les juges conservateurs se sont prononcés pour l'interdiction radicale de tout nouveau recomptage, arguant du fait qu'il ne pourrait être terminé avant la date butoir du 12 décembre. Cet article controversé a été adopté par 5 voix contre 4, soit à une seule voix de majorité. Dans une opinion dissidente, le juge John Paul Stevens, considéré comme progressiste, a eu des mots exceptionnellement durs : « Même si on ne connaîtra peut- être jamais avec une certitude complète l'identité du vainqueur de cette élection présidentielle, l'identité du perdant est parfaitement claire : c'est la confiance du pays dans ses juges en tant que gardiens impartiaux du règne du droit ». Déclaré vainqueur, George W. Bush, cinquante-quatre ans, n'en est pas moins le président américain le plus mal élu depuis plus d'un siècle. Il ne doit sa victoire qu'au système d'élection au suffrage universel indirect en vigueur aux Etats-Unis. Au suffrage universel direct, il aurait été battu : il a obtenu 337 576 voix de moins que son rival au niveau national. Mais, grâce à la Floride, il a pu rassembler 271 grands électeurs contre 267 à Gore ; Floride qui ne lui a été attribuée qu'avec 567 voix d'avance selon le chiffre officiel, un résultat comme on le sait contesté. Au contraire du vice-président Gore, qui était programmé, si l'on peut dire, pour la politique, George W. Bush a eu le contraire d'une jeunesse de premier de la classe. Pendant les trente-cinq jours d'incertitude, on l'a vu tenter d'adopter une contenance présidentielle, composant ostensiblement son cabinet mais en même temps toujours un peu en fuite vers son ranch du Texas. Au point que certains commentateurs ont estimé que « si les républicains voulaient davantage la présidence que les démocrates, George Bush, en revanche, la désirait moins qu'Al Gore ». Après avoir jusque dans les années 80 plutôt désespéré sa famille, qui avait reporté ses ambitions politiques sur le fils cadet, Jeb, devenu le gouverneur de Floride, « W » est finalement celui qui aura le mieux emboîté les traces de son père, le président de l'époque de la guerre du Golfe, chassé du pouvoir par Bill Clinton en 1992. Dès son premier discours de président élu, « W » a tenté de ranimer l'esprit consensuel de sa campagne : souci de coopération bipartite, « conservatisme compassionnel », priorité à l'éducation... Entre temps, cependant, la conjoncture économique s'est révélée moins euphorique. Et surtout, la marge de manoeuvre est étroite. Même si les républicains contrôlent désormais tous les pouvoirs - présidence, Sénat, Chambre basse - pour la première fois depuis Eisenhower (1956-1960), leur majorité est trop faible pour que des réformes aussi ambitieuses que la privatisation partielle du système de retraite puissent figurer immédiatement à l'ordre du jour (il faut une majorité de 60 au Sénat, et les républicains et les démocrates y sont à égalité). Après le 7 novembre, quelques voix, dont celle de Hillary Clinton, élue sans problème, elle, au Sénat, se sont élevées pour réclamer l'abolition du système des grands électeurs. Selon les archives officielles, plus de 700 propositions de réforme du système de collège électoral ont été introduites au Congrès en deux cents ans. Aucune n'a jamais abouti.

Liens utiles