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La force internationale : 50 000 hommes sous commandement britannique

Publié le 17/01/2022

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8 juin 1999 Constituée de contingents européens, américains, russes et issus de pays neutres de façon à rassembler quelque 50 000 hommes, la force de sécurité au Kosovo, baptisée KFOR Plus, devrait disposer d'équipements lourds. Elle n'inclut aucun des moyens - lance-roquettes multiples et hélicoptères d'attaque Apache servis et protégés par 5 700 GI - que les Etats-Unis ont basés en Albanie sous commandement du Pentagone. Quelques questions demeurent en suspens : la composition définitive, la répartition géographique au Kosovo ou les procédures d'emploi de la force seront l'objet de discussions entre les diverses parties prenantes à l'accord. La KFOR Plus sera sous l'autorité du général britannique Michaël Jackson qui commande, en temps normal, l'ARRC (allied rapid reaction corps), c'est-à-dire un corps d'armée de l'OTAN basé en permanence en Allemagne. Le général Jackson devrait être placé, dans un premier temps, sous les ordres du général américain Wesley Clark, commandant suprême des forces alliées en Europe et responsable de l'opération "Force alliée", avant de dépendre - plus tard - d'un autre "patron" qui pourrait être, le cas échéant, le général britannique Ruppert Smith, le numéro 2 de la haute hiérarchie de l'OTAN et adjoint européen du général Clark. Dans ce cas de figure, les Européens testeraient, malgré les susceptibilités nationales dues à la présence éventuelle de deux généraux britanniques à la tête de la KFOR Plus, la réforme de l'OTAN qu'ils ont souvent prônée, à savoir la constitution d'un "pilier" proprement européen au sein de la défense atlantique et la création de groupements de forces interarmées multinationales (GFIM) spécifiques, au côté d'une contribution américaine. DÉMinage et réfection C'est ce qui explique l'insistance des Britanniques à fournir le plus gros contingent national de soldats de la KFOR Plus, soit entre 12 000 et 17 000 hommes, quand Américains et Français, pour s'en tenir à ces deux exemples, devraient mobiliser respectivement 7 000 et 6 000 hommes. Trois pays neutres et neuf Etats est-européens pourraient également envoyer des troupes. Les nouveaux effectifs seraient acheminés en une quinzaine de jours, pour constituer une force de 48 000 hommes au Kosovo et des éléments d'appui et de soutien, à hauteur de 10 000 hommes, sur un territoire à proximité. La brigade française de la KFOR actuelle en Macédoine (2 900 hommes) sera renforcée. Un second échelon de 1 900 hommes venus de France, avec une quinzaine de chars Leclerc, des blindés AMX-10P transports de troupes et des canons AUF-1 de 155, est en cours d'acheminement via Salonique, en Grèce. Des spécialistes du génie, chargés du déminage et de la réfection des infrastructures routières ou ferroviaires détruites au Kosovo, et des équipes de santé, pour accompagner les populations déplacées et le retour des réfugiés, devraient se joindre la brigade française de la KFOR Plus au nombre de 1 200. Le général Bruno Cuche prendra la tête de la brigade qui intégrera 3 000 soldats issus d'autres pays européens, comme c'est le cas pour la division placée sous contrôle français en Bosnie. La Russie a évoqué la perspective de fournir de l'ordre de 10 000 hommes. Au départ, en mars, quand l'OTAN a envisagé de mettre sur pied un renforcement de la KFOR, c'est-à- dire un doublement de ses personnels au sein d'une force de sécurisation au Kosovo qui aurait eu l'agrément plus ou moins effectif de Belgrade, l'armée russe n'y participait pas. Les événements, aujourd'hui, imposent une présence militaire de Moscou. Les états-majors de l'OTAN ont accepté cet engagement de la Russie, sur le modèle de ce qui se passe en Bosnie où, dès 1995, Moscou a envoyé 1 350 hommes dans la zone placée sous le contrôle de l'armée américaine. C'est un général russe qui les commande. Le contingent russe de la force de stabilisation (SFOR) en Bosnie ne reçoit pas directement ses ordres de l'état-major de l'OTAN à Sarajevo. Ce schéma devrait inspirer l'organisation de la KFOR Plus. Une telle chaîne de commandement a été imaginée pour donner aux Russes la possibilité d'être associés à la direction des opérations sur place, c'est-à-dire pouvoir faire connaître leur avis sans disposer d'un quelconque droit de veto. En effet, le précédent de la Bosnie incite l'OTAN à récuser tout système de double clé. Mais, dans la réalité, ce modèle de chaîne de commandement finit par rendre précaires les équilibres opérationnels. Au demeurant, toutes les questions relatives à cette KFOR "musclée" par rapport à la précédente ne sont pas réglées. C'est le cas, notamment, de la localisation et de la répartition géographique des détachements au Kosovo, des règles d'un engagement du feu - autres que l'autodéfense - face à des menaces imprévues et soudaines, ou du rôle attribué aux forces régulières serbes qui devront abandonner leurs positions pour prêter leur concours au déminage et au rétablissement des voies de communication. "Avoir à L'oeil" Ce qui est acquis, en revanche, c'est que les 50 000 hommes de la KFOR Plus vont composer une force mécanisée, plus puissante et mieux protégée pour "avoir à l'oeil", dit un officier général français, d'éventuels francs- tireurs serbes qui chercheraient à semer la panique, et pour "tenir en respect" les guérilleros de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), qui profiteraient des circonstances pour régler leurs comptes avec des Serbes. Pour cette raison, la KFOR Plus sera équipée de chars lourds (des Challenger britanniques, des Leopard-2 allemands, des Abrams américains et des Leclerc français), de pièces d'artillerie, de blindés pour l'infanterie et d'hélicoptères. Cet armement est censé permettre à la KFOR Plus de contraindre un adversaire potentiel à se démasquer. JACQUES ISNARD Le Monde du 5 juin 1999

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