La France célèbre ses champions du monde
Publié le 17/01/2022
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12 juillet 1998 - Il y a deux ans, ou peut-être un peu plus, lorsqu'il fallut trouver un nom au magnifique vaisseau spatial posé dans la plaine Saint-Denis, on organisa un concours. Chacun y alla de sa proposition, de la plus farfelue à la plus révérencieuse. Puis une commission trancha : ce serait le Stade de France.
Cela surprit un peu et suscita même quelques moqueries chez ceux qui y voyaient une sorte de ringardise patriotique ou de maniérisme en bandes molletières. La France, cette drôle de vieille chose ! Pourquoi pas Stade bleu-blanc-rouge tant qu'on y était !
C'était un joli nom pourtant. Et des plus prédestinés. La France a gagné en son stade cette Coupe du monde et la France a pavoisé, " tricolorisé " à tout-va comme elle ne l'avait pas fait sans doute depuis la Libération. Elle s'est offert la prise du Brésil comme la chute d'une Bastille.
Tout simplement époustouflant ! Ce Stade de France a fait des petits partout. Des millions de Français dans les rues, une mer de drapeaux, et comme un grand bonheur collectif, national. Sur l'Arc de Triomphe, dans la nuit, défile un message, en lettres bleues évidemment : " Merci qui ? Merci les Bleus ! " La foule danse, chante, enfle. A Paris, il est 1 h 30 du matin. Et un communiqué de la préfecture tombe : " 1,5 million de personnes manifestent leur joie dans les rues de la capitale. "
Leçon de football moderne
C'est curieux parfois la perception qu'on peut avoir des choses. Et d'une tendre drôlerie. Sait-on à quoi l'on devina que ce dimanche si particulier pourrait se finir de manière si extraordinaire ? A une meute de boys-scouts, en grand uniforme, la joue bleu-blanc-rouge, filant grand train vers 17 heures, fanion au vent, vers un grand écran ? Là on sut que ce serait de la folie douce si même les louveteaux, meute, meute, meute, ne pouvaient plus être tenus, eux qui se rêvaient déjà Zidane.
Merci qui ? Merci les Bleus ! La Coupe du monde est finie. La France l'a organisée. La France l'a gagnée. Pays plus équipe, cela fait un joli coup double. Tout ce que l'on pourrait avoir à dire du dernier match lui-même serait d'une bien piètre nouveauté, tant chacun a pu le constater : la finale fut superbe. Pas superbe parce que gagnée. Superbe parce que largement gagnée. Ce qui fit et fait toute la différence : cette équipe de France n'a pas réussi seulement à remporter enfin ce trophée. Elle a aussi donné une leçon de football moderne au Brésil. Sans l'ombre d'un doute ou d'un tir au but.
Le Brésil, la Coupe ? Qui l'eut cru, qui l'eut dit ? Pas nous en tout cas ! Mais eux, si. Ce projet qu'ils eurent le culot de formuler tout haut et la force remarquable de mener à terme était leur. En toute propriété. Achevé, il reste leur. En toute propriété. Ils ont, et il a, Aimé Jacquet, le droit de revendiquer totalement la paternité de cet exploit sportif historique.
Mais ce qu'ils n'avaient sans doute pas imaginé, pas rêvé même, c'est de provoquer une telle adhésion nationale, de réveiller tout un pays, de donner autant de joie et de spectacle à autant de gens. C'est, d'une certaine manière, que toute une jeunesse se soit reconnue en elle, identifiée à elle, performance aussi importante que le gain d'une Coupe. Le Stade de France avait aussi une Equipe de France.
PIERRE GEORGES
Le Monde du 14 juillet 1998
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