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L'acte de naissance de l'ONU

Publié le 22/02/2012

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27 juin 1945 - L'ONU n'a pas été la première tentative d'organisation universelle de paix. En 1916, un an avant l'entrée en guerre des Etats-Unis, Wilson fixe à ses compatriotes un objectif auquel ils se déroberont la paix revenu : " une association universelle des nations ". Le 14 août 1941, entre l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht et l'attaque japonaise contre Pearl-Harbor, Churchill et Roosevelt, se rencontrant en plein Atlantique, proclament leur attachement au droit des peuples à se gouverner eux-mêmes et à " un système étendu et permanent de sécurité générale ". Le 1er Janvier 1942, à Washington, vingt-six pays en guerre contre l'Allemagne (dont, pour la première fois ensemble les Etats-Unis, la Grande Bretagne et l'URSS) se réfèrent à cette " charte de l'Atlantique " pour proclamer leur volonté commune de vaincre, dans une déclaration dite " des Nations unies ", qui leur tiendra lieu d'alliance. L'expression est désormais consacrée. La France n'est partie prenante à aucun de ces actes diplomatiques. Roosevelt ménage Vichy et ne pardonnera jamais à de Gaulle d'avoir rallié Saint-Pierre et Miquelon à sa cause sans son autorisation, début d'une brouille au long cours. Le président américain argue que la France libre ne peut être assimilée à un gouvernement démocratique. Pressé par Churchill, il propose tout de même que " la déclaration des Nations unies " puisse être aussi signée par des " autorités appropriées ", palliatif que de Gaulle rejette. Le gouvernement de la France libérée ne signera la " déclaration des Nations unies " que le 1er janvier 1945, après que les Grands eurent enfin accepté de " l'appeler par son nom " (23 octobre 1944). Entre-temps, Roosevelt, malgré les réticences de Churchill et de Staline, a fait admettre la Chine (de Tchiang Kaï-Chek) au sein des Grands, et les Quatre ont signé, le 30 octobre 1943, une déclaration affirmant la " nécessité d'établir aussitôt que possible une organisation internationale générale ". Roosevelt précise successivement ses idées à Churchill, à Staline, et, en juillet 1944, à de Gaulle, qui les trouve " inquiétantes pour l'Europe et pour la France ". Le projet américain repose sur un exécutif, le futur " Conseil de sécurité " des Quatre Grands, qui assurerait la police internationale à partir d'un réseau mondial de bases militaires. Les autres Etats, dont la France, seraient désarmés. Cependant, au sein d'une conférence d'experts réunie à Dumbarton-Oaks, les Etats-Unis proposent de faire une place à la France dans cet exécutif, d'abord quand elle aura " un gouvernement librement choisi " (Juillet 1944), puis " en temps voulu " (septembre 1944). L'accueil réservé par la France au chef de la France libre au cours de l'été avait résolu la " question française ". Mais l'éviction de la France du sommet Churchill-Roosevelt-Staline à Yalta (4-11 février 1945) allait rapidement la relancer. De Gaulle avertit que la France ne sera engagée par rien qu'elle n'eût " discuté et approuvé ". Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'URSS lui proposent bien, comme à la Chine (qui accepte), d'être " puissance invitante " à la conférence de San Francisco, qui, à partir du 25 avril 1945, rédigera la charte des Nations unies, mais faute d'accord sur une formule d'invitation précisant que les travaux de Dumbarton-Oaks ne fourniront qu'une " base de discussion ", la France ne sera pas " invitante ", mais seulement " invitée ", et son ministre des affaires étrangères, Georges Bidault, ne pourra se faire entendre qu'à la sixième séance, entre ses collègues éthiopien et guatémaltèque. Cinquante signataires Rapidement cependant, Georges Bidault remonte la pente au cours de cette conférence qui marque le retour de la France sur la scène diplomatique mondiale, et il obtient l'essentiel: une place immédiate pour la France comme membre permanent du Conseil de sécurité. Dès lors le ministre évite les positions tranchées quand les intérêts spécifiques de la France ne sont pas impliquées. Ainsi avalise-t-il les principales décisions prises par les Trois Grands à Yalta : trois sièges-le sien, celui de l'Ukraine et celui de la Biélorussie-pour l'URSS ( qui en demandait seize) au sein de l'Organisation et surtout droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité pour les questions autres que de procédure, les parties à un différend devant s'abstenir de voter. La France, qui veut garder les mains libres pour sa défense et ses alliances, prend cependant une part active à la rédaction des articles sur la " légitime défense " et les " accords régionaux ". Plus difficile est le combat des Français pour obtenir que leur langue soit admise au même titre que l'anglais comme langue de travail de l'organisation mondiale (ils auront satisfaction grâce à l'appui du Canada, de pays latino-américains et de l'URSS) et ,surtout, pour préserver leur domaine d'outre-mer. Bien que la politique coloniale de la France eût évolué (conférence de Brazzaville en janvier-février 1944), elle est encore fort loin des idées de Roosevelt. Le président américain veut placer tous les territoires " dépendants " sous la tutelle des Nations unies. Staline, qui préférerait l'indépendance immédiate, acquiesce. Sont en revanche vivement hostiles à cette novation, non seulement la France, la Grande-Bretagne et les autres empires coloniaux, mais aussi les ministères américains de la guerre et de la marine, qui veulent garder le contrôle chèrement acquis des archipels japonais du Pacifique. En pleine controverse, Roosevelt meut le 12 avril 1945. Finalement, le régime de tutelle des Nations unies, réduit à sa plus simple expression, n'est retenu que pour les anciens mandats de la Société des nations ( la France conserve alors le Togo et le Cameroun) et les dépendances des puissances coloniales vaincues (Italie et Japon). Un point de rencontre irremplaçable Ainsi, le 26 Juin 1945, cinquante pays signent la charte de San Francisco, créant l'Organisation des Nations unies (ONU) avec son secrétariat général, son assemblée générale annuelle où tous les Etats membres siègent à égalité pour formuler des " recommandations " et surtout son Conseil de sécurité de onze membres. Le Conseil est habilité à décider en permanence " toute action qu'il juge nécessaire ", y compris l'emploi de la force, pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales ...à condition que ses cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, URSS) soient d'accord. Toute action postule donc un minimum d'entente des cinq plus grandes puissances. Cette entente fondamentale, l'existence même de l'ONU est présumée la favoriser, mais elle n'y suffit pas toujours, il s'en faut. L'ONU interviendra effectivement dans quelques cas importants : création de l'Etat d'Israël, négociations de cessez-le-feu, notamment au Proche-Orient, envois de " casques bleus ". Le boycottage du Conseil de sécurité par l'URSS, qui protestait contre la non-admission de la Chine populaire, a même permis aux américains, en 1950, d'utiliser le drapeau des Nations unies pour repousser l'invasion de la Corée du Sud par les Coréens du Nord. Pour sa part, l'Assemblée de L'ONU fournit essentiellement un point de rencontre irremplaçable à des gouvernements qui, sans elle, s'ignoreraient, quand ils ne sont pas antagonistes... L'ONU n'a sûrement pas répondu à tous les espoirs que ses promoteurs, en particulier les Américains, avaient placés en elle. On peut même soutenir que les conflits où elle est intervenue auraient été résolus sans elle. Mais s'il est impossible de démontrer que son existence sert efficacement la cause de la paix, il n'en est pas moins certain que sa disparition la desservirait dangereusement. En décembre 1993, 184 Etats sont membres de l'ONU.

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Staline, qui préférerait l'indépendance immédiate, acquiesce.

Sont en revanche vivement hostiles à cette novation, nonseulement la France, la Grande-Bretagne et les autres empires coloniaux, mais aussi les ministères américains de la guerre et de lamarine, qui veulent garder le contrôle chèrement acquis des archipels japonais du Pacifique.

En pleine controverse, Rooseveltmeut le 12 avril 1945. Finalement, le régime de tutelle des Nations unies, réduit à sa plus simple expression, n'est retenu que pour les anciens mandatsde la Société des nations ( la France conserve alors le Togo et le Cameroun) et les dépendances des puissances colonialesvaincues (Italie et Japon). Un point de rencontre irremplaçable Ainsi, le 26 Juin 1945, cinquante pays signent la charte de San Francisco, créant l'Organisation des Nations unies (ONU) avecson secrétariat général, son assemblée générale annuelle où tous les Etats membres siègent à égalité pour formuler des" recommandations " et surtout son Conseil de sécurité de onze membres.

Le Conseil est habilité à décider en permanence " touteaction qu'il juge nécessaire ", y compris l'emploi de la force, pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales ...àcondition que ses cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, URSS) soient d'accord.

Toute actionpostule donc un minimum d'entente des cinq plus grandes puissances. Cette entente fondamentale, l'existence même de l'ONU est présumée la favoriser, mais elle n'y suffit pas toujours, il s'en faut.L'ONU interviendra effectivement dans quelques cas importants : création de l'Etat d'Israël, négociations de cessez-le-feu,notamment au Proche-Orient, envois de " casques bleus ". Le boycottage du Conseil de sécurité par l'URSS, qui protestait contre la non-admission de la Chine populaire, a même permisaux américains, en 1950, d'utiliser le drapeau des Nations unies pour repousser l'invasion de la Corée du Sud par les Coréens duNord.

Pour sa part, l'Assemblée de L'ONU fournit essentiellement un point de rencontre irremplaçable à des gouvernements qui,sans elle, s'ignoreraient, quand ils ne sont pas antagonistes... L'ONU n'a sûrement pas répondu à tous les espoirs que ses promoteurs, en particulier les Américains, avaient placés en elle.On peut même soutenir que les conflits où elle est intervenue auraient été résolus sans elle.

Mais s'il est impossible de démontrerque son existence sert efficacement la cause de la paix, il n'en est pas moins certain que sa disparition la desserviraitdangereusement. En décembre 1993, 184 Etats sont membres de l'ONU. MAURICE DELARUE Le Monde du 30 juin 1985 CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés. »

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