Landsbergis, Vytautas

Landsbergis, Vytautas (1932- ), homme d’État lituanien, dont le rôle a été déterminant dans la marche vers l’indépendance de la Lituanie, contre la volonté de l’Union soviétique.

Né à Kaunas, Vytautas Landsbergis, musicologue spécialisé dans la musique lituanienne des xix^e et xx^e siècles, démocrate ne dissimulant pas sa foi catholique, s’engage en politique en 1988. Il accède à la tête du mouvement Sajudis — qui a pour principal objectif le rétablissement de l’indépendance de la Lituanie, république annexée à l’Union soviétique depuis 1944 —, peu après sa fondation. Dès lors, le mouvement Sajudis, majoritaire à partir de 1989 au Conseil suprême — l’organe législatif du pays —, multiplie mouvements de rue et pressions politiques. Il obtient successivement la reconnaissance du lituanien comme langue officielle et la déclaration par le Parti communiste lituanien, désormais séparé du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), de l’illégalité de l’annexion réalisée lors de la Seconde Guerre mondiale.

Après la victoire du mouvement Sajudis aux élections législatives de février 1990, dans un contexte où l’affaiblissement de l’Union soviétique de Mikhaïl Gorbatchev renforce la position des indépendantistes, le Parlement lituanien proclame, à l’unanimité, l’indépendance du pays (11 mars 1990). Immédiatement déclarée illégale par Moscou, cette mesure est suivie d’une mobilisation des forces soviétiques stationnées en Lituanie, qui occupent notamment le Parlement et le siège de la télévision.

Au terme de longs mois d’affrontements, qui se soldent par de nombreuses victimes, Vytautas Landsbergis mène des négociations avec Boris Eltsine, président de la république de Russie, qui aboutissent à la signature d’un traité d’amitié (29 juillet 1991) et à la reconnaissance totale de l’indépendance de la Lituanie le 17 septembre 1991, après le putsch des conservateurs à Moscou qui précipite l’effondrement de l’URSS.

Président du Parlement, le Conseil suprême, et par là même chef de l’État, Vytautas Landsbergis est confronté aux dissensions apparues dans les rangs indépendantistes et à la crise économique provoquée par l’effondrement des échanges commerciaux avec la Russie. Il doit céder le pouvoir à Algirdas Brazauskas, un ancien communiste, après la défaite de son mouvement aux élections législatives d’octobre 1992.

En 1993, il fonde le Parti conservateur de Lituanie (TS), à la tête duquel il fait campagne pour les élections législatives d’octobre 1996. Présentant un programme axé sur la lutte contre la corruption et se prononçant en faveur de l’ouverture de l’économie aux investisseurs occidentaux et de l’entrée de la Lituanie dans l’OTAN, Vytautas Landsbergis est élu président du Parlement lituanien (le Seimas) après une large victoire électorale. Toutefois, candidat lors de l’élection présidentielle de janvier 1998, il est battu dès le premier tour.

Le 1^er mai 2004, la Lituanie devient membre de l’Union européenne (UE). Au mois de juin suivant, les Lituaniens participent pour la première fois à l’élection du Parlement européen, où ils disposent de 13 sièges. Vytautas Landsbergis conduit la liste des conservateurs qui obtient 2 sièges. Il est donc élu député européen et rejoint le groupe du Parti populaire européen (PPE).