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Le conservateur Andrès Pastrana est élu président de la Colombie

Publié le 17/01/2022

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21 juin 1998 - " La Colombie est sauvée " , ont hurlé de joie, dimanche 21 juin, dans les rues de Bogota, la capitale, les électeurs d'Andrès Pastrana Arango, le candidat conservateur, élu à la présidence de la République. Il obtient 50,4 % des suffrages contre 46,5 % à son rival, le libéral Horacio Serpa. Le taux de participation atteint 58,9 % des inscrits, le plus haut jamais enregistré en Colombie. " Le changement est devenu réalité (...). Nous avons mis le destin de la patrie et le bien-être des Colombiens au-dessus des partis politiques " , a affirmé le nouvel élu, qui entrera en fonctions, pour quatre ans, le 7 août. Avec la victoire d'Andrès Pastrana, le Parti conservateur revient au pouvoir en Colombie après douze ans d'absence. La campagne était placée sous le signe de " la grande alliance pour le changement " . Le vice-président, Gustavo Bell (un libéral), et la dizaine de dirigeants libéraux (dissidents) qui accompagnaient M. Pastrana, dimanche soir, dont plusieurs anciens ministres du président Samper, ne dissimulaient pas leur joie. Gabriel Garcia Marquez, qui l'a soutenu, avait appelé, dans un communiqué publié le matin du scrutin, à " marquer un goal olympique contre la corruption " en votant Andrès Pastrana. Celui-ci aura besoin de toutes les voix pour gouverner : le Congrès, élu en mars, est à majorité libérale. La victoire du conservateur s'entend avant tout comme un immense désaveu du président Ernesto Samper. Paralysé par le scandale du narcofinancement de sa campagne électorale en 1994, M. Samper a laissé sombrer le pays dans une crise profonde. La violence politique en Colombie a considérablement augmenté ces dernières années, tandis que les premiers signes d'une détérioration de la situation économique sont visibles. Mais, surtout, le pays traverse une véritable crise morale. Vingt dirigeants politiques - dont un ancien ministre et un ancien procureur de la République - ont été condamnés dans le cadre du procès sur le financement de la campagne du président Samper. Trente et un autres font l'objet de poursuites judiciaires. Appel à la réconciliation nationale Le président Ernesto Samper a, certes, été " absous " par le Parlement, mais le candidat libéral, Horacio Serpa, qui était en tête, de 40 000 voix au premier tour le 31 mai, n'a jamais réussi à faire oublier qu'il avait été le principal ministre du gouvernement le plus critiqué de l'histoire de la Colombie. Andrès Pastrana et Horacio Serpa ont appelé, l'un et l'autre, dès le résultat de l'élection, à la réconciliation nationale. Ils ont promis aux Colombiens de travailler ensemble pour obtenir un retour à la paix civile dans le pays. Andrès Pastrana a affirmé qu'il se consacrerait " à rétablir l'unité nationale, la dignité de la République, la paix et l'activité économique " . Il a annoncé qu'il " était prêt à ouvrir des conversations de paix avec les groupes armés et à se réunir, dès aujourd'hui, avec eux et qu' [il] demandait des garanties au gouvernement pour le faire " . Selon la plupart des analystes, le dernier communiqué des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, communiste), le plus important groupe de guérilla colombien, qui récusait Horacio Serpa au profit du candidat conservateur, a contribué à la victoire d'Andrès Pastrana. Le retour à la paix civile est devenu la principale préoccupation des Colombiens. ANNE PROENZA Le Monde du 23 juin 1998

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