Le népenthès, ce buisson magique, se caractérise, en ce qui nous concerne, par ses feuilles en forme d'urne.

Pourquoi magique? Simplement parce que la légende le disait, on en tirait une boisson éprouvée contre la tristesse et la douleur physique. Ce terme «nêpenthês», était un surnom donné à Apollon. Pline attribuait cette plante à l'Egypte. Mais éloignons-nous du plus beau et du plus mystérieux des dieux, car les népenthès vivent dans les forêts tropicales d'Asie et d'Océanie. Cette plante utilise le principe de la chausse-trape pour capturer les insectes. Ceux-ci, attirés par différentes sécrétions et aussi par les vives couleurs du couvercle, vont s'approcher par trop des feuilles transformées en urnes, aux bords et aux parois lisses, et y tombent inexorablement. L'urne (ascidie) est à moitié emplie de liquide enzymatique protéolytique, l'animal sera digéré. Disons plutôt que les protéines qu'il contient sont décomposées et assimilées. Les plantes insectivores peuvent résorber les acides aminés formés par la décomposition des proies, et se pourvoient ainsi en azote. Nous le disions d'autre part, ces plantes poussent sur un sol pauvre en sel, et, en général, leurs racines sont peu développées. La nature permet ainsi de suppléer à une carence par le régime insectivore. Dans le cas du népenthès, il conviendrait de s'attarder sur l'efficacité, à certains moments, du contenu liquide de l'urne. Dans le cas d'une jeune pousse, non encore ouverte, ce liquide est stérile. La sécrétion efficace se fait, ensuite, non par excitation mécanique, mais par déclenchement d'une action chimique, et par là même, une production de trypsine avec activité bactérienne, l'urne étant ouverte, elle n'est plus stérile.