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Le Rapport Stein- Décembre 2010 - José Carlos Llop

Publié le 16/06/2011

Extrait du document

stein

     « Un passé lourd de menaces qui assombrit le présent et bouche l’avenir donne aux romans de LIop un ton inimitable « écrit Jacqueline Chambon.    José Carlos Llop, poète espagnol de Majorque passionné d’Edgar Allan Poe, construit son roman Le Rapport Stein dans un goût du secret. Son narrateur, Pablo Ridorsa, un gamin espagnol peint une atmosphère étouffante : une patrie assombrie par les guerres et les attentats. Ce gamin cherche des réponses à ses questionnements. Il cherche la vérité dans un déferlement de désir et de peur. Il s’agit donc d’une quête de la patrie, une quête de l’autre, mais, surtout une quête de soi. Ridorsa fouille dans les histoires pour comprendre son histoire. Comment ?  Tout commence quand arrive Guillermo Stein, un nouvel élève blond, aux yeux bleus. Il emporte avec lui la mort du père Azcárate. « C’était un mauvais signe « disait la bande. Seul, parmi les gamins de cette bande, Ridorsa sympathise Stein. Ils deviennent amis. Pour Ridorsa, qui ne sait rien, Stein représente le secret et l’aventure. Le nouvel élève est l’intermédiaire qui libère Ridorsa de sa prison : de la bande, de la maison des grands parents, du collège Jésuite, enfin de l’Espagne sombre et franquiste rongée par un pouvoir autoritaire, conservateur et réactionnaire au niveau des mœurs et de la religion. Stein est donc la clé d’une large porte qui mène à la vérité. Celle d’une autre vie, mystérieuse qui ne ressemble point à la sienne.    Dans ce sens, nous allons présenter Le Rapport Stein de Llop comme récit de mémoire en évoquant l’origine ambiguë de Ridorsa de part les relations familiales. Ensuite nous allons traiter le récit de guerre qui influence le jeune et l’enferme dans l’ignorance. Pour enfin montrer un récit de quête à travers le rapport Stein : amour et amitié.        Comparé au style de Modiano, celui de Llop implique le lecteur dans le roman et suscite sa curiosité à déchiffrer les émotions et les pistes en suspension. D’ailleurs, la vie entière de Pablo est en suspension.  «L’enfance est le territoire où s’inaugure la mémoire, et la mémoire est le territoire où se fonde la fiction.« Cette expression de Llop reflète la construction narrative de ce récit. Il est question d’enfance, de mémoire collective et d’imagination qui sert à construire le futur. Il s’agit bel et bien d’un narrateur homodiégétique puisqu’il rapporte l’histoire de sa famille bien qu’il n’en sait pas grandes choses : C’est un type élevé par ces grands parents. De la vie de ses parents biologiques, Pablo ne connaît que les cartes postales qu’ils envoient de temps en temps d’ici et de là. Comment ont-ils disparu ? Le jeune adolescent est abandonné au soupçon. Il s’agit donc d’instabilité double de l’enfant : physique et affective dans l’absence continue des parents et le décalage d’âge entre Pablo et ses grands-parents. Ajoutons le mutisme, la vie monotone et bizarre qu’ils mènent. Il parle de son grand père, un très vieil homme « qui somnolait en me caressant la tête comme on caresse la poignée d’une porte qu’on hésite à ouvrir, parce qu’on se dit que si on l’ouvre, la vie ne sera plus la même et on a peur que la vie ne soit plus la même, même si on trouve la vie profondément ennuyeuse«. Même la présence de deux sonneries à la porte est étrange. Plus encore, Llop s'appuie sur une reprise très étonnante même déstabilisante parfois il use d’une même expression au début et en fin de phrase ou de paragraphe comme pour mettre en évidence le vide, l’impuissance et l’amnésie des gens de cette ville. Ces répétitions et retours s’étalent tout le long du roman, ils mettent en œuvre l’étouffement, l’enfermement dans un cercle vicieux. De plus, c’est son point de vue d’enfant qui s’étale le long du roman d’où la pudeur des sentiments.  Le narrateur ne se contente pas de l’histoire de sa famille. Il rapporte aussi l’histoire d’un nouvel ami, Stein, différent : «Stein était blond et ses yeux étaient bleus avec des taches cuivrées «. Il se présente : «Mon père a été l’ami du comte Ciano et moi je suis un agent secret de Sa Sainteté.« Ce gamin est tellement discret que tout le monde cherche à l’espionner. Mais Pablo voulait découvrir ce qu’est ce Stein dont la liberté d’allure charme tout le monde.  Pablo fait le détour, il fouille dans les secrets des autres pour mettre en pratique la quête de soi. Il cherche à s’identifier à travers son entourage, mais l’autobiographie de notre narrateur n’est pas complète parce que le model est absent (ici les parents), il n’y a donc pas un savoir de la société, des devoirs, des principes et valeurs. «J’ai pensé que c’était peut-être ça la vie, ne rien savoir de personne : ne rien savoir de personne, pas même de soi-même, et vivre comme si on savait. « Il ya absence de la mémoire. Il s’agit d’un système répressif, uniforme, un monde incertain où le silence règne. Le gamin endure pour découvrir ce dont il a besoin. Nous pouvons dire que Llop nous entraîne au cœur d’une adolescence espagnole des années 60 qui existe mais qui cherche la mémoire en usant de la fiction.«    Passons au récit de guerre. Avant la connaissance de Stein, Pablo recours à la bande à travers laquelle Llop trace la grande histoire celle du non-dit celle de la peur honteuse. Les gens de la ville ne confrontent pas cette oppression, ils sont amnésiques, impuissants. Ils ne cherchent pas à changer, à s’exprimer et se libérer. Cette bande reflète l’Espagne fermée sur elle-même. Cette bande n’accepte pas le nouveau. Son Chef comme celui de l’Espagne, répressif, il décide de tout. Son spécialiste historique est Palnas qui sait tout sur la guerre et son messager voire espion est Rovira qui représente les espions à l’Espagne lors de la guerre. Ici, il espionne Stein. Dans ce sens, Pablo, comme tous les adolescents espagnols dans le temps, est soumis à l’humiliation, au déclassement. Il est condamné à obéir sans oser poser des questions, à vivre dans le noir : dans les arrangements des adultes, le fascisme, le marché noir, la déportation des juifs … un univers figé dans le mal. Un univers arbitraire où on établit des aumôneries dans les écoles pour que les prêtres exigent à leur envi des persécutions morales. Par exemple lors de la mort d’un Père, les élèves veillent la dépouille du mort. Ils se divisent les 24h une demi-heure par groupe de sept. Le collège exige cela pour leur faire comprendre que la vie n’est qu’un songe passager. Ils sont sévères vis à vie les adolescents. Ils leur privent le sens de la volonté, du savoir et du pouvoir. Ils n’ont pas la chance de découvrir, d’expérimenter. Ils n’ont pas le goût de l’aventure. C’est dans ce sens que le passé sombre bouche l’avenir.  Mais la situation se bouleversera vers la fin des années 60 : les grèves, les manifestations des étudiants et les attentats d’autonomistes vont augmenter L’église catholique cesse d’être un appui pour le régime et se range dans l’opposition. Ce qui annonce un changement, une volonté de réjouir de ses droits.    En effet nous ne pouvons nier le mensonge dans lequel vivent ces adolescents. Même Stein, l’étranger blond, riche, différent, qui n’a pas honte de raconter de son père. «Mon père a été l’ami du comte Ciano et moi je suis un agent secret de Sa Sainteté.« Que dire de son silence quand on a emprisonné son père ? Il s’absente, Pablo fait de même pour soutenir Stein. Mais ce dernier rentre au collège. Humilié par le Père, il range ses affaires et laisse à Pablo la plaque de sa bicyclette comme souvenir « une plaque ovale avec deux lettres noires sur un fond blanc- C.D. et un blason avec une devise en latin, des licornes et des fleurs de lis «. Pourquoi la plaque ? Elle est donc signifiante du fait qu’il la donne à Pablo. Enfin nous retrouvons le même silence chez Stein. Lui aussi est victime du passé, celui de son père absent. Les personnes qui doivent être modèles et support sont coupables. Seuls les adolescents subissent les conséquences. Ils sont innocents et victimes. Mais quand même Stein est la lumière dans le noir de ce roman. Sa différence, sa connaissance, son enthousiasme ont initié Pablo au changement. L’amitié avec cet étranger l’a donc soulevé de son ignorance.  De même, il faut souligner le rôle de Paola. La seule image féminine dans le roman puisque la mère est absente. Nous avons donc un manque. Parallèlement au refoulement du passé et de la mémoire, nous avons un refoulement de désir. Paola éveille l’homme en Ridorsa quand il voit sa nudité blanche illuminant la pièce. Elle l’embrasse. Il découvre sa sexualité mais il fuit parce qu’il fuyait tout le temps comme tout le monde. Il rentre chez lui et entrouvre la boîte en métal pour souffrir et puiser l’affection dans le passé : dans les cartes postales envoyées par ses parents, la seule vérité de sa vie. Il pleure.  Enfin, il épouse Paola. Et, il affirme « Je n’ai plus peur «. Pablo Ridorsa s’est libéré de sa peur, de ses refoulements. Il a réussi sa quête de soi à travers le Rapport Stein celui de l’amitié mais aussi de l’amour. Il s’est formé Pablo l’adulte. Il parle d’amour qui lui a manqué une vie. « C’est une heureuse promesse qui clôt cet admirable roman de formation. «      En conclusion, ce roman traduit de l’espagnol par Edmond Raillard peint l’Espagne de Franco de manière implicite. Il montre la déchéance de la société espagnole et de la famille. Certains ne voient peut être que la plainte d’un adolescent perdu. Mais en se basant sur l’histoire sombre, le décalage social et l’imagination, Llop construit une épaisseur psychologique de ses personnages qui touche le lecteur et l’implique à fond. Alors ce roman constitue un long questionnement sur le conflit vécu par les jeunes de ce temps. Il sert une seconde ambition celle de la revendication de soi en tant qu’êtres libres.   

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« début et en fin de phrase ou de paragraphe comme pour mettre en évidence le vide, l’impuissance et l’amnésie desgens de cette ville.

Ces répétitions et retours s’étalent tout le long du roman, ils mettent en œuvre l’étouffement,l’enfermement dans un cercle vicieux.

De plus, c’est son point de vue d’enfant qui s’étale le long du roman d’où lapudeur des sentiments.Le narrateur ne se contente pas de l’histoire de sa famille.

Il rapporte aussi l’histoire d’un nouvel ami, Stein, différent: «Stein était blond et ses yeux étaient bleus avec des taches cuivrées ».

Il se présente : «Mon père a été l’ami ducomte Ciano et moi je suis un agent secret de Sa Sainteté.» Ce gamin est tellement discret que tout le mondecherche à l’espionner.

Mais Pablo voulait découvrir ce qu’est ce Stein dont la liberté d’allure charme tout le monde.Pablo fait le détour, il fouille dans les secrets des autres pour mettre en pratique la quête de soi.

Il cherche às’identifier à travers son entourage, mais l’autobiographie de notre narrateur n’est pas complète parce que le modelest absent (ici les parents), il n’y a donc pas un savoir de la société, des devoirs, des principes et valeurs.

«J’aipensé que c’était peut-être ça la vie, ne rien savoir de personne : ne rien savoir de personne, pas même de soi-même, et vivre comme si on savait.

» Il ya absence de la mémoire.

Il s’agit d’un système répressif, uniforme, unmonde incertain où le silence règne.

Le gamin endure pour découvrir ce dont il a besoin.

Nous pouvons dire que Llopnous entraîne au cœur d’une adolescence espagnole des années 60 qui existe mais qui cherche la mémoire en usantde la fiction.» Passons au récit de guerre.

Avant la connaissance de Stein, Pablo recours à la bande à travers laquelle Llop trace lagrande histoire celle du non-dit celle de la peur honteuse.

Les gens de la ville ne confrontent pas cette oppression,ils sont amnésiques, impuissants.

Ils ne cherchent pas à changer, à s’exprimer et se libérer.

Cette bande reflètel’Espagne fermée sur elle-même.

Cette bande n’accepte pas le nouveau.

Son Chef comme celui de l’Espagne,répressif, il décide de tout.

Son spécialiste historique est Palnas qui sait tout sur la guerre et son messager voireespion est Rovira qui représente les espions à l’Espagne lors de la guerre.

Ici, il espionne Stein.

Dans ce sens, Pablo,comme tous les adolescents espagnols dans le temps, est soumis à l’humiliation, au déclassement.

Il est condamnéà obéir sans oser poser des questions, à vivre dans le noir : dans les arrangements des adultes, le fascisme, lemarché noir, la déportation des juifs … un univers figé dans le mal.

Un univers arbitraire où on établit des aumôneriesdans les écoles pour que les prêtres exigent à leur envi des persécutions morales.

Par exemple lors de la mort d’unPère, les élèves veillent la dépouille du mort.

Ils se divisent les 24h une demi-heure par groupe de sept.

Le collègeexige cela pour leur faire comprendre que la vie n’est qu’un songe passager.

Ils sont sévères vis à vie lesadolescents.

Ils leur privent le sens de la volonté, du savoir et du pouvoir.

Ils n’ont pas la chance de découvrir,d’expérimenter.

Ils n’ont pas le goût de l’aventure.

C’est dans ce sens que le passé sombre bouche l’avenir.Mais la situation se bouleversera vers la fin des années 60 : les grèves, les manifestations des étudiants et lesattentats d’autonomistes vont augmenter L’église catholique cesse d’être un appui pour le régime et se range dansl’opposition.

Ce qui annonce un changement, une volonté de réjouir de ses droits. En effet nous ne pouvons nier le mensonge dans lequel vivent ces adolescents.

Même Stein, l’étranger blond, riche,différent, qui n’a pas honte de raconter de son père.

«Mon père a été l’ami du comte Ciano et moi je suis un agentsecret de Sa Sainteté.» Que dire de son silence quand on a emprisonné son père ? Il s’absente, Pablo fait de mêmepour soutenir Stein.

Mais ce dernier rentre au collège.

Humilié par le Père, il range ses affaires et laisse à Pablo laplaque de sa bicyclette comme souvenir « une plaque ovale avec deux lettres noires sur un fond blanc- C.D.

et unblason avec une devise en latin, des licornes et des fleurs de lis ».

Pourquoi la plaque ? Elle est donc signifiante dufait qu’il la donne à Pablo.

Enfin nous retrouvons le même silence chez Stein.

Lui aussi est victime du passé, celui deson père absent.

Les personnes qui doivent être modèles et support sont coupables.

Seuls les adolescentssubissent les conséquences.

Ils sont innocents et victimes.

Mais quand même Stein est la lumière dans le noir de ceroman.

Sa différence, sa connaissance, son enthousiasme ont initié Pablo au changement.

L’amitié avec cetétranger l’a donc soulevé de son ignorance.De même, il faut souligner le rôle de Paola.

La seule image féminine dans le roman puisque la mère est absente.

Nousavons donc un manque.

Parallèlement au refoulement du passé et de la mémoire, nous avons un refoulement dedésir.

Paola éveille l’homme en Ridorsa quand il voit sa nudité blanche illuminant la pièce.

Elle l’embrasse.

Il découvresa sexualité mais il fuit parce qu’il fuyait tout le temps comme tout le monde.

Il rentre chez lui et entrouvre la boîteen métal pour souffrir et puiser l’affection dans le passé : dans les cartes postales envoyées par ses parents, laseule vérité de sa vie.

Il pleure.Enfin, il épouse Paola.

Et, il affirme « Je n’ai plus peur ».

Pablo Ridorsa s’est libéré de sa peur, de ses refoulements.

Ila réussi sa quête de soi à travers le Rapport Stein celui de l’amitié mais aussi de l’amour.

Il s’est formé Pablol’adulte.

Il parle d’amour qui lui a manqué une vie.

« C’est une heureuse promesse qui clôt cet admirable roman deformation.

» En conclusion, ce roman traduit de l’espagnol par Edmond Raillard peint l’Espagne de Franco de manière implicite.

Ilmontre la déchéance de la société espagnole et de la famille.

Certains ne voient peut être que la plainte d’unadolescent perdu.

Mais en se basant sur l’histoire sombre, le décalage social et l’imagination, Llop construit uneépaisseur psychologique de ses personnages qui touche le lecteur et l’implique à fond.

Alors ce roman constitue unlong questionnement sur le conflit vécu par les jeunes de ce temps.

Il sert une seconde ambition celle de larevendication de soi en tant qu’êtres libres.. »

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