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Le regard de l’Autre Pierre LOTI - Texte seul

Publié le 24/03/2020

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loti

Le regard de l’Autre

Pierre LOTI

1850 - 1923

Aziyadé (1879)

Le narrateur se promène à Salonique, alors sous gouvernement turc, dans une rue du vieux quartier musulman. La scène se passe en 1876; des troubles politiques viennent d’avoir lieu.

La population de Salonique conservait encore envers nous une attitude contrainte et hostile; aussi l’autorité nous obligeait-elle à traîner par les rues un sabre et tout un appareil de guerre. De loin en loin, quelques personnages à turban passaient en longeant les murs et 5 aucune tête de femme ne se montrait derrière les grillages discrets des haremlikes ; on eût dit une ville morte.

Je me croyais si parfaitement seul, que j’éprouvai une étrange impression en apercevant près de moi, derrière d’épais barreaux de fer, le haut d’une tête humaine, deux grands yeux verts fixés sur les miens. 10 Les sourcils étaient bruns, légèrement froncés, rapprochés jusqu’à se rejoindre; l’expression de ce regard était un mélange d’énergie et de naïveté; on eût dit un regard d’enfant, tant il avait de fraîcheur et de jeunesse.

La jeune femme qui avait ces yeux se leva, et montra jusqu’à la ceinture sa taille enveloppée d’un camail à la turque (féredjê) aux plis longs et rigides. Le camail était de soie verte, orné de broderies d’argent. Un voile blanc enveloppait soigneusement la tête, n’en laissant paraître que le front et les grands yeux. Les prunelles étaient bien vertes, de cette teinte vert de mer d’autrefois chantée par les poètes d’Orient. Cette jeune femme était Aziyadé.

1. Lieu où les femmes vivent à l’abri des regards masculins.

Quels éléments évoquent l’exotisme du lieu?

• Comment se manifeste l’état de malaise du narrateur au début du passage ?

• Étudiez le motif du regard dans cette rencontre.

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