LES GENRES PERSONNELS. LE JOURNAL INTIME.

Le journal intime a pour objet la notation quotidienne de la vie de l'auteur par lui-même. A) FORME. Le journal intime se présente comme une série de fragments, datés, où récits, descriptions, portraits sont mêlés de réflexions. C'est donc une forme très libre. Il est presque toujours en prose. Cependant, Joachim du Bellay (1522-1560) présente ses Regrets (1558), qui sont un recueil de sonnets, comme un journal de son voyage à Rome. b) PUBLIC. Le public auquel le journal est destiné est, en général, très limité : ce peut être un parent ou un ami, c'est ainsi qu'Eugénie de Guérin (1805-1848) écrivit son Journal pour son frère Maurice; mais bien souvent, l'auteur est à lui-même son public. Ex. : le Journal de Joubert (1754-1824), dont Chateaubriand, son ami, a extrait les Pensées, mais qui fut écrit pour le seul plaisir de l'auteur et n'a été publié que très récemment par André Beaunier. Cependant, André Gide a publié lui-même son Journal. c) CHEFS-D'ŒUVRE. Aucun chef-d'œuvre n'a fixé la forme de ce genre. Parmi les œuvres marquantes, le Journal des Goncourt (Edmond, 1822-1896, et Jules, 1830-1870) est sans doute la plus célèbre. Le Journal d'un Poète, d'Alfred de Vigny (1797-1863), présente un grand intérêt pour comprendre la pensée de cet auteur. Le Journal du Suisse, Frédéric Amiel (1821-1881) a excité un vif intérêt. De nos jours, le genre du Journal intime est fort à la mode. Dès qu'un auteur est mort, ses héritiers littéraires s'empressent de publier son Journal, s'il en a tenu un. Citons, entre autres, le Journal de Jules Renard (1864-1909). Le Journal a encore cet intérêt d'avoir été à l'origine des Essais de Montaigne (1533-1592), que le génie de leur auteur a transformés en un chef-d'œuvre de critique.