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Les maquisards des Glières

Publié le 17/01/2022

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18-26 mars 1944 - Le plateau des Glières est situé dans le massif des Aravis, à 1 500 mètres d'altitude, à une vingtaine de kilomètres d'Annecy. Le 30 janvier 1944 s'y installent environ cent cinquante hommes sous les ordres du lieutenant Théodore Morel, dit " Tom ", vingt-huit ans, ancien instructeur à Saint-Cyr. L'encadrement comprend des officiers qui viennent, comme lui, du 27e bataillon de chasseurs alpins d'Annecy ainsi que des résistants locaux. Sous leurs ordres, des réfractaires montés des vallées, auxquels se joignent cinquante-six républicains espagnols du groupe Ebre. Quinze jours plus tard, quatre cent soixante-cinq hommes sont rassemblés sur le plateau. Depuis le 24 janvier, Vichy a mis la Haute-Savoie en état de siège. La milice de Darnand, les gardes mobiles (rebaptisés GMR : groupes mobiles de réserve) et la Gestapo française de Charles Ditmar y traquent une Résistance qu'appuie massivement la population : " il y a trois pays qui résistent en Europe, dit la BBC, la Grèce, la Yougoslavie et la Haute-Savoie ". Dangereuse publicité. Le plateau des Glières a été choisi comme " sanctuaire ", en accord avec les services français de Londres, les Britanniques et les Américains de l'OSS (ancêtre de la CIA), qui y ont envoyé des missions. Sur les instances de Yeo Thomas, ancien directeur de Molyneux, qui, sous le pseudonyme de " Lapin blanc ", est un des principaux agents anglais en France, Churchill acceptera de faire parachuter, à partir du 13 février, des armes et du matériel. L'intendant de police d'Annecy, Georges Lelong, organise l'encerclement des Glières par la milice et les GMR. Il fait mine de négocier avec les chefs du maquis, qui veulent éviter un combat entre Français, mais ne tient pas ses engagements. Le 9 mars, Tom, qui veut délivrer un de ses camarades arrêté par les hommes de Lelong, descend à Entremont, s'empare du PC des GMR. Leur chef, capturé avec ses hommes, demande à conserver son pistolet " pour l'honneur ". il s'en sert aussitôt pour tuer le lieutenant Morel. Le 10 mars, nouvelle attaque des GMR, les 12 et 17, bombardements de l'aviation allemande. Un autre officier du 27e BCA, le capitaine Maurice Anjot, bien qu'il juge la situation désespérée, monte au plateau et, en uniforme, prend le commandement. Joseph Darnand, secrétaire d'Etat au maintien de l'ordre, demande, pour ses hommes, la mission de détruire le maquis. Son représentant, d'Agostini, envoie deux prêtres porter un ultimatum, qui est repoussé par Anjot. Le 25 mars, l'artillerie allemande bombarde les Glières et brûle les derniers chalets. Le lendemain, la Milice attaque, aussitôt suive par les sept bataillons de la 157e division alpine de la Wehrmacht. Trois cents Allemands sont tués, mais il est impossible de résister plus longtemps. Anjot ordonne la dispersion. Officier catholique et traditionaliste, il tombe à son tour, aux côtés des derniers républicains espagnols. Milice et Allemands traquent les survivants. Les GMR fusillent les rescapés. La Milice exécute, notamment sept maquisards devant les élèves rassemblés du collège de Thônes. Cent vint maquisards des Glières sont morts au combat, au poteau d'exécution ou sous la torture. Des dizaines de ceux qui les ont aidés subirent un sort identique ou furent déportés. Le 1er mai 1944, le plateau est réoccupé par le maquis. JEAN PLANCHAIS Le Monde du 26 mai 1984

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