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Les ressources du FN

Publié le 17/01/2022

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21 avril 2002 QU'EN EST-IL exactement des finances du Front national (FN) ? Son président, Jean-Marie Le Pen, misait gros sur les échéances électorales de 2002 pour se refaire une santé financière. Mais la scission intervenue avec le départ des partisans de l'ancien délégué général du FN, Bruno Mégret, en janvier 1999, a coûté cher au parti. Ainsi, les comptes publiés au Journal officiel du 4 avril au titre de l'exercice 2000 faisaient apparaître un déficit de près de 5 millions de francs (760 000 euros). Pourtant, le parti d'extrême droite a des ressources. Les plus importantes proviennent des financements publics attribués aux partis et aux groupements politiques en application de la loi du 11 mars 1988. Les 3 774 266 voix recueillies par le Front national aux élections législatives de 1997 lui ont permis de percevoir un peu plus de 41 millions de francs (6,27 millions d'euros) en 2000. Depuis la défaite de Cendrine Le Chevallier, en avril 1998, à Toulon (Var), le FN ne dispose plus d'élus à l'Assemblée nationale et, par conséquent, ne peut bénéficier de l'aide accordée aux partis représentés au Parlement. En revanche, il met toujours à contribution ses élus régionaux ou européens, qui reversent une partie de leurs indemnités au parti. Sur ce plan, la scission et la création du Mouvement national républicain a entraîné une diminution de plus de moitié des ressources : 419 710 francs en 2000, contre 833 643 francs en 1998 et 929 269 francs en 1999. La bataille politique qui s'est engagée entre les deux courants d'extrême droite au moment de la fondation du MNR a également eu des prolongements juridiques. Au-delà de la conservation du sigle, du logo et du fichier, le président du FN, Jean-Marie Le Pen, a saisi la justice, notamment sur la SCI Clergerie-Hugo, qui est propriétaire du Paquebot, le siège du parti à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Et si M. Le Pen en est actionnaire majoritaire, en association avec sa fille, Marine, le délégué général du FN, Bruno Gollnisch, et le trésorier du parti, Jean-Pierre Reveau, le gérant, à l'époque, en était Serge Martinez, qui avait rejoint le camp des « mutins » mégrétistes. Il ne s'agit pas de la seule entité commerciale ou immobilière qui entre dans le périmètre des comptes du FN. On y trouve aussi l'Association FN Multimédia, la SARL Diffusion Livres et Presses et la SARL Europaris-Conseil, qui concernent les activités médias et publications du parti d'extrême droite. S'y ajoute la SA National Hebdo, dans laquelle le FN possède une participation. Dans le domaine immobilier, le FN - et son principal « actionnaire », M. Le Pen lui-même - a pris soin de faire gérer ses biens par un réseau de sociétés civiles immobilières (SCI), dont Clergerie-Hugo, déjà citée, mais aussi le 8- Clergerie, le 11-Bernouilli, l'Espoir et la SCI Jeanne-d'Arc. En 2000, les immobilisations en terrains et constructions représentaient dans le bilan d'ensemble du FN un actif de 31 656 023 francs (4,825 millions d'euros). chute des cotisations Si le président du FN a su verrouiller ses propriétés commerciales et immobilières, il n'a pu empêcher, toutefois, l'hémorragie militante qu'a entraînée le départ d'une partie des troupes frontistes chez M. Mégret. Ainsi, en quatre ans, le produit des cotisations des adhérents a chuté de près des deux tiers : en 1997, il s'élevait à 9 123 845 francs ; entre 1998 et 1999, il est passé brutalement de 8 124 612 à 3 410 723 francs ; et, en 2000, il était de 3 197 856 francs. Ce qui représente un nombre de militants réels de 12 800 cotisants. Le FN a dû également reconstituer un certain nombre de ses structures. Ainsi, son président a adressé à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CCFP) une demande de retrait d'agrément pour 48 associations de financement départementales, qui étaient tenues par des « dissidents ». De même, ont été retirés du périmètre comptable du FN, en 1999, le Comité aux manifestations et l'Atelier de propagande, passés aux mains des « renégats ». Pourtant, dans ce domaine, le FN continue de mener grand train. Avant même les échéances électorales qui ont marqué 2001 (municipales, cantonales et sénatoriales) et 2002 (présidentielle et législatives), le parti d'extrême droite avait consacré à la propagande et à la communication, en 2000, plus de 11 millions de francs. De même, a-t-il maintenu un appareil militant - et rémunéré - imposant, y consacrant plus de 16 millions de francs. Cet investissement est en passe d'être rentabilisé. PATRICK ROGER Le Monde du 27 avril 2002

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