Ligue française de l'enseignement

Ligue française de l'enseignement, association française qui se propose, depuis sa fondation en 1866, de défendre l’instruction par l’enseignement (voir histoire de l’enseignement) et la laïcité.

À son retour du congrès de la Ligue belge de l’enseignement, Jean Macé (1815-1894), un instituteur franc-maçon et ancien rédacteur du journal la République, décide de fonder une association analogue en France. Le 24 octobre 1866, il lance un appel dans l’Opinion nationale « à tous ceux qui désirent contribuer au développement de l’instruction dans leur pays «. Grâce aux ralliements immédiats, la Ligue française de l’enseignement est officiellement créée le 15 novembre 1866.

Bénéficiant de l’idée selon laquelle le développement de l’instruction est synonyme de progrès, la Ligue gagne même rapidement un grand nombre d’adhérents : elle regroupe 5 000 membres en 1867, puis 18 000 en 1870 et 60 000 en 1877. Destinée plus aux citoyens dans leur ensemble qu’aux seuls enseignants, la Ligue veut rester en dehors des querelles politiques et religieuses ; elle regroupe, à ses débuts, plus de membres de la bourgeoisie que d’enseignants (même si ces derniers en deviennent majoritaires après 1900).

La Ligue joue un rôle essentiel dans la vie scolaire de la III^e République et dans la défense de la laïcité.

En septembre 1871, elle organise une pétition d’une grande ampleur en faveur de l’enseignement gratuit, laïque et obligatoire : 1 300 000 signatures sont recueillies et apportées l’année suivante à l’Assemblée nationale.

Puis, en 1881, alors que les premières lois Ferry sur l’enseignement viennent d’être adoptées, la Ligue de l’enseignement se donne une existence juridique : organisée en fédérations, elle instaure un conseil général de trente membres, nommés tous les trois ans par un congrès renouvelable par tiers.

À la fin du xix^e siècle, des conférences sont organisées dans les centres ouvriers à travers toute la France pour expliquer l’importance de l’éducation et encourager l’assiduité scolaire. La Ligue met des livres à disposition du public et crée des bibliothèques. De plus, l’idée laïque étant associée à l’éducation civique et militaire, la Ligue de l’enseignement participe alors au développement de la formation prémilitaire et est à l’origine de plus de 20 000 sociétés sportives scolaires, fondement de l’instruction militaire. Elle prend comme devise : « Pour la Patrie, par le livre et par l’épée. «.

Devenue en 1925 la « Confédération générale des œuvres laïques scolaires, postscolaires, d’éducation et de solidarités sociales «, en 1929, la Ligue crée dans chaque département une fédération qui rassemble les associations périscolaires et d’éducation populaire. Puissant groupe de pression, forte de ses 25 000 sociétés réparties dans toute la France, elle est crainte du gouvernement de Vichy et dissoute en avril 1942. Après une période de clandestinité, elle se reconstitue à la Libération.

En 1967, elle prend le nom de « Ligue française de l’enseignement et de l’éducation permanente «. Puis, à la suite des revendications de Mai 68, les objectifs de la Ligue se modifient dans les années soixante-dix : les questions scolaires sont délaissées au profit des problèmes de société et l’accent est dorénavant mis sur les actions périscolaires. Après la bataille scolaire de 1984, la Ligue recentre son travail sur la laïcité et crée des cercles de réflexion — les cercles Condorcet — en octobre 1986.

La Ligue de l’enseignement possède de nombreuses publications dont la plus importante est l’Action laïque. Aujourd’hui, son influence a largement dépassé les frontières françaises et ses activités s’étendent à plusieurs pays francophones.