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ligues d'extrême droite

Publié le 19/02/2013

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ligues d'extrême droite, formations politiques et militaires nationalistes et antiparlementaires particulièrement actives en France au début des années trente.

Apparues dès les années 1880 dans le sillage de la Ligue des patriotes de Paul Déroulède, les ligues se multiplient à partir de 1930. Elles ont toutes en commun une structure vaguement paramilitaire, un antiparlementarisme et un antibolchevisme agressifs, une pratique politique appuyée sur une propagande écrite virulente et sur une agitation de rues souvent très violente.

La Ligue des patriotes avait donné naissance aux Jeunesses patriotes (JP) avant 1914 ; en 1926, Pierre Taittinger leur donne un nouvel élan ; les JP sont les fers de lance de son combat pour un pouvoir exécutif fort. En même temps, le premier mouvement réellement fasciste naît sous l’impulsion de Georges Valois, qui crée le Faisceau. Ces mouvements, tout comme l’Action française traumatisée par sa mise à l’index par le pape à la fin de 1926, demeurent plus spectaculaires qu’influents sur le plan politique. À partir des élections de 1928, une période d’instabilité ministérielle chronique, combinée avec l’entrée de la France dans la crise mondiale, donne une force nouvelle aux thèses antiparlementaires et nationalistes (voir République, IIIe).

Celles-ci trouvent un écho dans les milieux intellectuels de la jeunesse : « l’esprit des années trente «, relayé par des revues comme les Cahiers ou l’Ordre nouveau, exprimé par de brillants esprits comme Emmanuel Mounier, Robert Aron, Thierry Maulnier ou Jean de Fabrègues, propose une alternative au collectivisme bolchevique et à l’inertie parlementaire. Une forme de corporatisme issue du catholicisme social de la fin du XIXe siècle attire aussi ces hommes qui fournissent aux ligues nouvelles leur armature idéologique.

En effet, à côté des mouvements anciens, de nouvelles structures voient le jour : le Parti franciste de Marcel Bucard ou la Solidarité française du commandant Jean Renaud, demeurent des mouvements confidentiels ; en revanche, les Croix-de-Feu du colonel François de La Rocque rassemblent près de 500 000 militants. Subventionnées à l’origine par le parfumeur François Coty et l’industriel Ernest Mercier, les Croix-de-Feu sont rapidement au cœur d’une nébuleuse d’autres mouvements comme le Regroupement national ou les Volontaires nationaux. Recrutant largement chez les anciens combattants, le mouvement des Croix-de-Feu développe une idéologie marquée par des thèmes banals de réconciliation du capital et du travail ou de politique familiale ; en 1932, il appelle à voter pour André Tardieu. Ce mouvement, en offrant à nombre de citoyens la possibilité d’exprimer, dans le cadre des institutions, un nationalisme antiparlementaire, a permis d’éviter une réelle dérive fasciste.

La manifestation du 6 février 1934 montre le danger réel que représentent les ligues pour la démocratie. À la suite de l’affaire Stavisky, qui avait mis en évidence une collusion entre des hommes d’affaires louches et des parlementaires, le nouveau gouvernement constitué par Édouard Daladier limoge le préfet de police Jean Chiappe, suspecté de favoriser les ligues. Une manifestation est organisée pour protester contre ce limogeage. Les ligues les plus virulentes la font dégénérer en une émeute sanglante, alors que ni les anciens combattants, ni même les Croix-de-Feu n’y participent. Il y a 15 morts et 1 500 blessés ; Daladier doit démissionner et est remplacé par Gaston Doumergue.

Pour la gauche, les ligues dans leur ensemble deviennent l’ennemi commun : des manifestations unitaires rassemblent le 12 février communistes et socialistes qui s’allient dans un Front populaire en 1935 avec les radicaux. Leur triomphe aux élections de 1936 leur permet de dissoudre rapidement toutes les ligues (18 juin 1936) qui ne se manifestent plus que par le terrorisme (voir la Cagoule) ou se transforment en partis politiques. La Rocque crée le Parti social français en 1937 : il devra jouer un rôle important dans la politique de collaboration.

Au total cependant, la France est restée, grâce à l’échec des ligues, à l’écart du mouvement qui, dans toute l’Europe, de Rome à Madrid et de Varsovie à Berlin, avait porté au pouvoir les dictatures d’extrême droite.

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