L'occupation de la Hongrie
Publié le 17/01/2022
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19 mars 1944 - A l'aube du 19 mars 1944, alors que le train ramène l'amiral Horthy, régent du royaume depuis 1920, d'un rendez-vous orageux avec Hitler, des unités allemandes, entrées sur le territoire hongrois au cours de la nuit, contrôlent déjà les points stratégiques. Toute résistance est inutile. Dans les premiers jours, les journaux ne donnent aucune information sur le développement des événements, et Radio-Budapest diffuse de la musique classique. Pendant ce temps, les équipes de la Gestapo, munies de listes établies depuis plusieurs mois, partent à la recherche des " suspects ".
Au château royal, réunion du conseil de la Couronne : il accepte la démission du premier ministre Kallay, qui se réfugie aussitôt à la légation de Turquie. Plusieurs ministres et hauts fonctionnaires, des députés de l'opposition, des intellectuels, des industriels sont emprisonnés, et plus tard déportés.
Le nouveau " gouvernement national ", semblable à ceux qui furent installés par les nazis dans les pays européens conquis à partir de 1940, entre en fonctions le 23 mars. L'amiral Horthy, otage de l'occupant, reste officiellement à la tête de l'Etat, avec des pouvoirs limités.
Ainsi, la Hongrie qui seul, de tous les pays d'Europe centrale et orientale appartenant à la zone d'influence allemande, avait réussi à préserver un semblant d'indépendance, est-elle conquise " pacifiquement " alors que partout ailleurs la désintégration du camp hitlérien s'accélère.
Le double jeu de Horthy
Certes, les troupes hongroises, entraînées dans la guerre antisoviétique, combattaient déjà aux côtés des Allemands, et le régime Horthy n'avait rien de démocratique. Pourtant, malgré la persécution des communistes et l'introduction des lois raciales limitant le nombre de citoyens d'origine juive pouvant exercer une profession libérale, au Parlement de Budapest les députés sociaux-démocrates et ceux des autres formations hostiles à la guerre pouvaient encore s'exprimer à peu près librement d'autre part, l'existence de la censure n'empêchait pas la parution des journaux d'opposition critiquant la politique officielle. Sans oublier que la Hongrie accueillait des milliers de prisonniers de guerre évadés, surtout des Polonais et des Français. En somme, avant le 19 mars, le pays restait un îlot de tolérance en Europe centrale au milieu d'un ensemble hostile.
Cependant, les aristocrates anglophiles qui dominaient l'appareil de l'Etat pensaient à leur avenir. Ils savaient que Hitler avait perdu la guerre, et que le temps était venu de prendre contact avec les Anglo-saxons pour se dégager du camp allemand ... et aussi pour éviter une occupation soviétique du pays.
Des émissaires partaient dans les capitales neutres-Berne, Ankara, Lisbonne et Stockholm-pour prendre contact avec les diplomates anglais et américains. Les services de renseignements allemands furent rapidement informés de ces déplacements. Hitler et son entourage réalisèrent que l'amiral Horthy pratiquait un double jeu. D'autant plus que les bombardements se multipliaient contre l'Allemagne du territoire hongrois, quotidiennement survolé par les avions anglais et américains, jamais interceptés par la DCA ou la chasse.
C'est dans ces conditions que, le 30 septembre 1943, l'état-major de la Wehrmacht reçoit du Führer d'élaborer le " projet Margarethe ", qui prévoit l'occupation militaire de la Hongrie.
Toutefois, le Führer veut une occupation pacifique en respectant les formes constitutionnelles. Il lance une invitation à l'amiral Horthy.
Au même moment, le gouvernement, déjà informé des concentrations de troupes allemandes le long des frontières de la Hongrie, s'interroge quant aux objectifs de son " allié ". Le premier ministre Kallay s'oppose au voyage du régent Horthy au quartier général du Führer. Finalement, le régent par pour Klessheim, près de Salzbourg, pour y rencontrer un Hitler déchaîné. A plusieurs reprises, les pourparlers sont interrompus. Mais, contraint et forcé, l'amiral Horthy doit céder, certains diront plus tard par manque de caractère.
C'est le début de l'ultime phase de la tragédie. La Hongrie, relativement épargnée jusqu'au printemps de 1944, sortira meurtrie de la seconde guerre mondiale. Et le pays restera, malgré le courage d'une poignée de résistants et le martyre de plusieurs centaines de milliers de ses citoyens victimes de la barbarie, le dernier satellite de Hitler...
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