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Louis-Philippe Ier

Publié le 16/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Louis-Philippe Ier (1773-1850), roi des Français de 1830 à 1848.

Installé au pouvoir à la faveur de la Révolution de juillet 1830, Louis-Philippe Ier a instauré un régime constitutionnel, monarchique et censitaire favorable aux intérêts de la grande bourgeoisie d’affaires. Si le règne de Louis-Philippe a incontestablement été profitable sur le plan de la modernisation économique de la France, en revanche, le roi et ses ministères n’ont pas su — puis voulu — satisfaire les attentes de la majorité d’une population aspirant principalement à obtenir une réelle représentation politique. Parce que le règne de Louis-Philippe a correspondu à celui des notables, le pouvoir et la popularité du roi ont été immolés sur l’autel d’une vague de mécontentement populaire qui a entraîné son abdication en 1848.

2   UN PRINCE RÉVOLUTIONNAIRE
2.1   Jeunesse du duc de Chartres

À l’origine pourtant, le futur Louis-Philippe est loin d’être un conservateur. Né à Paris le 6 octobre 1773, il est le fils aîné de Louis Philippe Joseph, duc et chef de la maison d’Orléans (descendant direct du Régent) et de sa cousine, Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, elle-même descendante du comte de Toulouse (fils légitimé de Louis XIV). Le jeune prince, qui porte d’abord le titre de duc de Valois puis celui de duc de Chartres (1785), est élevé au sein de la société cosmopolite, brillante et irreligieuse qui entoure son père. Sa préceptrice, la comtesse de Genlis (dame d’honneur de sa mère), lui donne une éducation libérale, imprégnée d’encyclopédisme et de principes rousseauistes.

Comme son père — seigneur libéral et anglophile, dignitaire de la franc-maçonnerie, spéculateur audacieux (depuis longtemps brouillé avec la cour et, pour cette raison, très populaire à Paris) —, le duc de Chartres se lance dans l’aventure révolutionnaire en s’inscrivant au club des Jacobins (1790). Tandis que son père renonce à son titre et prend le nom de Philippe-Égalité, il choisit pour sa part de rejoindre la Garde nationale et de s’engager ainsi dans l’armée révolutionnaire.

2.2   La rupture et l’errance

Titulaire d’un commandement dans l’armée du Nord et promu lieutenant général, le duc de Chartres participe aux batailles de Valmy et de Jemmapes. Mais, lassé des excès de la Terreur et à l’issue de la défaite de Neerwinden (mars 1793), il déserte et passe à l’ennemi avec le général Dumouriez — dont il est l’aide de camp. Cette traîtrise rejaillit sur sa famille et Philippe-Égalité est aussitôt mis en accusation et guillotiné, en novembre 1793.

Renié par les légitimistes, celui qui porte désormais le titre de duc d’Orléans commence alors une errance de plusieurs années. Elle le mène d’abord en Suisse — où il professe quelques temps sous le nom de Chabeau-Latour —, puis à Hambourg (1795) et aux États-Unis (1796). En 1800, il s’installe en Angleterre et tente de se réconcilier avec le légitimiste détrôné Louis XVIII, en dépit de son passé révolutionnaire. Puis en 1809, il épouse en Sicile la princesse Marie-Amélie de Bourbon, fille du très conservateur Ferdinand Ier, roi de Naples. De ce mariage naissent huit enfants : les ducs d’Orléans, de Nemours, de Montpensier et d’Aumale, le prince de Joinville, Louise-Marie (future épouse de Léopold Ier, roi des Belges), Marie (future reine de Wurtemberg) et Clémentine (future duchesse de Saxe-Cobourg-Gotha).

2.3   Une popularité grandissante, en marge de la Restauration

La deuxième tentative de réconciliation avec Louis XVIII s’avère plus fructueuse. En 1814, au lendemain de la première Restauration, le souverain nouvellement installé sur le trône l’autorise à quitter Palerme pour la France et lui rend les biens de son père. Néanmoins tenu à l’écart de la cour, le duc d’Orléans ne suit pas son illustre cousin dans son exil à Gand lors du dernier épisode napoléonien, les Cent-Jours (1815) ; il préfère gagner l’Angleterre, qu’il quitte en 1817 après que Louis XVIII a mis un terme à ce second exil. Fort de la possession de la considérable fortune des Orléans, encore accrue des 17 millions obtenus après le vote sur le « milliard des émigrés « (1825), le duc d’Orléans prend de nouveau le contre-pied du roi. Sa résidence parisienne, le Palais-Royal, devient un des centres de l’opposition libérale sous la Restauration. On y croise des hommes tels Adolphe Thiers ou le banquier Jacques Laffitte, porte-parole des milieux d’affaires. Jouissant à la fois d’une ascendance prestigieuse et d’un passé révolutionnaire qui l’éloigne des représentations absolutistes, le duc d’Orléans mène une vie simple et familiale qui se déroule entre Paris et ses châteaux d’Eu et de Neuilly. Ses relations étroites avec la bourgeoisie parisienne — il envoie ses fils au collège royal plutôt que de leur offrir une éducation privée —, finissent de favoriser sa popularité.

3   LOUIS-PHILIPPE, ROI DES FRANÇAIS
3.1   La Révolution confisquée par le « roi citoyen «

Lorsqu’éclate la Révolution de juillet 1830, la bourgeoisie d’affaires qui a souhaité le renversement des Bourbons nourrit la plus grande méfiance à l’égard d’une solution républicaine. Aussi s’emploie-t-elle habilement à prendre de vitesse les insurgés parisiens et cherche-t-elle une option pour le futur. L’homme de la situation leur apparaît être le duc d’Orléans. Celui-ci semble susceptible de garantir au mieux un compromis écartant tant le spectre de la monarchie absolue d’Ancien Régime que l’ombre sanglante des excès révolutionnaires. Dès le départ précipité du roi Charles X, les républicains proposent au duc d’Orléans la lieutenance générale du royaume le 30 juillet 1830. Louis-Philippe l’accepte et, le 31, est solennellement présenté au peuple de Paris depuis le balcon de l’Hôtel de Ville, en une sorte de « couronnement populaire «. Le 7 août enfin, après un vote favorable des Chambres, le duc d’Orléans devient Louis-Philippe Ier.

Fidèle à son image justifiée de roi-citoyen et afin de marquer la rupture avec le droit dynastique, il refuse le titre de roi de France (qui en aurait fait Philippe VII) et prête serment à la Charte constitutionnelle de 1814, révisée pour consacrer symboles (drapeau tricolore) et décisions politiques (abaissement du cens, abolition de la censure, liberté de la presse).

3.2   Le tournant ultra-conservateur

Dans un premier temps, soucieux de ne pas décevoir les espoirs des républicains, des bonapartistes et de la majorité de la classe politique, Louis-Philippe opte pour une direction libérale du régime. Il nomme donc Laffitte, l’homme du parti du Mouvement, au poste de président du Conseil. Mais dès 1830-1831, l’agitation républicaine se fait menaçante. Aussi Louis-Philippe se tourne-t-il vers les conservateurs et appelle-t-il Casimir Perier à la tête du gouvernement (mars 1831). Ainsi porté aux affaires, le parti de la Résistance fait insensiblement basculer le régime dans l’ère des persécutions politiques contre les bonapartistes, les républicains, les légitimistes et les émeutiers, tels les Canuts de Lyon, sévèrement réprimés en novembre 1831.

La mort de Casimir Perier en 1832 ne modifie pas l’orientation politique de la monarchie de Juillet désormais garantie par Soult, étroitement surveillé par le roi (1832-1834). Entouré d’hommes comme le comte de Molé, le duc de Broglie, Guizot ou Thiers, Louis-Philippe s’implique de plus en plus dans la gestion des affaires. Tandis que la monarchie s’engage dans les voies d’un conservatisme toujours plus prononcé, les oppositionnels s’affichent et manifestent : les légitimistes, regroupés derrière la duchesse de Berry et son fils, le comte de Chambord, contestent à Louis-Philippe son titre royal ; de leur côté, les républicains déclenchent des insurrections à partir de 1832 dont les plus violentes, en avril 1834 à Lyon et Paris, débouchent sur la sanglante répression de la rue Transnonain (15 avril). La popularité de Louis-Philippe est alors laminée. Plusieurs attentats menacent alors la vie du souverain dont les plus importants restent ceux de Fieschi le 28 juillet 1835, puis de Meunier et d’Alibaud en 1846. Après deux brefs passages de Thiers à la présidence du Conseil (1836 et 1840) et deux intermèdes dirigés par Molé et Soult — auxquels succèdent plusieurs crises ministérielles —, Guizot accède au pouvoir. Huit années durant, il se fait le fidèle porte-parole du roi, en imprimant la marque grandissante d’un ultra-conservatisme. Il fait fi des aspirations des classes défavorisées, en particulier les ouvriers qui manifestent sporadiquement, mais également de la petite bourgeoisie trop peu fortunée pour accéder au droit de vote.

3.3   La déliquescence du régime et l’abdication de Louis-Philippe

En dépit de la fermeté de Louis-Philippe, certains événements fissurent progressivement la stabilité de la monarchie de Juillet. En 1842, la mort de l’héritier de la couronne, le duc d’Orléans, très populaire en raison de ses opinions libérales, porte un premier coup au régime. De surcroît, le vieillissement du monarque accentue la critique des oppositionnels contre l’État et les journaux, régulièrement saisis, le croquent en retour sous les traits fameux d’une poire. La crise économique qui frappe le pays à partir du milieu des années 1840 finit de déstabiliser l’autorité d’un Louis-Philippe apparemment inconscient de la ruine qui menace son trône.

Lancée le 9 juillet 1847, la « campagne des Banquets « rassemble bientôt l’ensemble de l’opposition. L’interdiction et la répression d’un banquet radical le 21 février 1848 déclenche l’agonie du régime. Malgré la démission de Guizot le 23, la fusillade du boulevard des Capucines, le jour même, lance dans la capitale un vaste mouvement révolutionnaire. Pour ne pas faire tirer sur le peuple, Louis-Philippe choisit vainement d’abdiquer en faveur de son petit-fils, le comte de Paris (24 février). Il quitte aussitôt le territoire, s’exilant en Grande-Bretagne. La reine Victoria met à sa disposition le château de Claremont (dans le Surrey) où il meurt deux ans plus tard, le 26 août 1850. Avec l’abdication de Louis-Philippe, le régime monarchique s’éteint au profit des aspirations républicaines (voir IIe République).

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