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Louis XIII le Juste

Publié le 10/02/2013

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louis xiii

1   PRÉSENTATION

Louis XIII le Juste (1601-1643), roi de France et de Navarre (1610-1643). Personnage sévère et ombrageux, Louis XIII a eu l’intelligence de s’adjoindre un collaborateur d’exception, le cardinal de Richelieu. Ensemble, ils ont poursuivi, durant plus de vingt ans, une politique visant à limiter les privilèges dont jouissent les protestants depuis l’édit de Nantes, à affirmer l’autorité royale contre les Grands et à faire barrage à l’expansionnisme des Habsbourg en Europe.

2   LA RÉGENCE

Né à Fontainebleau, fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, Louis XIII, orphelin de père à neuf ans, reçoit sous la direction de Gilles de Souvré, son gouverneur, une éducation assez superficielle, dont le journal du médecin Héroard a rapporté les événements les plus marquants. Le jeune roi montre peu d’inclination pour l’orthographe et les lettres (ce qui ne l’empêche pas, plus tard, de donner anonymement des articles à la Gazette de Théophraste Renaudot), pour l’histoire et les mathématiques, mais est passionné par la musique et la chasse. Il est placé sous la tutelle de sa mère, Marie de Médicis, qui avec l’aide de son favori, Concini, unanimement exécré pour ses abus et ses intrigues, exerce la régence jusqu’à sa majorité, en 1614, année où Louis XIII est sacré à Reims. La reine, après avoir écarté les hommes de confiance d’Henri IV, dont Sully, lie la France à l’Espagne en 1615, en arrangeant le mariage de son fils avec Anne d’Autriche, fille du roi Philippe III.

3   L’APPRENTISSAGE DU MÉTIER DE ROI

Décrit par les mémorialistes comme un être renfermé et taciturne, Louis XIII possède en fait une psychologie plus complexe. Très pieux (il met, en 1638, la France sous la protection de la Vierge Marie et rédige, avec son confesseur, le père Caussin, un livre de prières), imbu de la grandeur royale, mais souffrant d’une affection chronique (plus tard identifiée comme la maladie de Crohn) qui se traduit par des crises de fièvre et de violents maux d’estomac, et sujet à des accès de mélancolie comme à des engouements passionnés, il se montre certes influençable pendant sa jeunesse, mais sait également tenir tête à sa mère et faire preuve de fermeté. En 1617, le jeune roi, conseillé par son confident, Charles d’Albert, duc de Luynes, congédie brusquement Concini, qu’il fait assassiner, et exile sa mère.

Mais ce coup de force du roi ne fait que remplacer un favori par un autre ; Luynes, nommé connétable, accumulant titres et honneurs, se montre un médiocre ministre. À l’origine d’une politique de rapprochement avec les Habsbourg — alors que ceux-ci travaillent sans relâche à modifier l’équilibre européen en leur faveur —, il pousse le roi à exiger la restitution des biens ecclésiastiques en Béarn, ce qui provoque un nouveau soulèvement des huguenots, tout en excitant contre sa personne l’hostilité de la noblesse ; réunis derrière Marie de Médicis, les Grands livrent une courte lutte armée contre le pouvoir central, mais doivent capituler aux Ponts-de-Cé, en août 1620.

Le duc de Luynes ayant trouvé la mort peu après le siège infructueux de Montauban en 1621, Louis XIII, décidé à participer davantage aux affaires de l’État et de se lier à un seul ministre, gouverne avec Brûlart de Sillery et son fils, le marquis de Puisieux, ainsi qu’avec La Vieuville. En 1624, dans l’espoir de reconquérir son influence politique, Marie de Médicis convainc Louis XIII de faire entrer au Conseil le cardinal de Richelieu, prélat qui jouit d’une grande réputation malgré ses liens passés avec Concini. Louis XIII, éprouvant d’abord peu de sympathie pour le personnage, se laisse peu à peu convaincre par sa force de caractère et par sa volonté inlassablement réaffirmée de s’opposer à la maison d’Autriche ; il ne tarde pas à en faire son principal ministre.

4   LE GOUVERNEMENT DE RICHELIEU

Avec Richelieu, Louis XIII forme une association très étroite. Entre les deux hommes, que lie vers la fin de leur vie une réelle affection, il y a un partage des responsabilités, et jamais le roi, extrêmement jaloux de ses prérogatives, ne se désintéresse de la gestion quotidienne du royaume, même s’il se consacre plus particulièrement aux affaires militaires.

Les deux hommes partagent une même conception de la grandeur de la France et des priorités qui s’imposent dans le domaine politique : à l’intérieur, pacifier le pays, depuis trop longtemps en butte à l’agitation de la noblesse et continuellement menacé par la puissance des protestants, devenus un État dans l’État ; à l’extérieur, reprendre la lutte contre la maison d’Autriche.

Cette politique se concrétise par la reprise de l’affrontement avec les protestants. Le conflit s’achève en 1628, après le siège de La Rochelle, auquel le roi a personnellement participé. La reddition de la ville huguenote est suivie de la promulgation de l’édit de grâce d’Alès (28 juin 1629), interdisant les assemblées politiques et supprimant les places de sûreté protestantes.

Pourtant, peu après ce qui est incontestablement un succès dû à la ténacité de son ministre, Louis XIII doit faire face à l’offensive d’une partie de la famille royale contre Richelieu. La journée des Dupes (10 novembre 1630), pendant laquelle la cour croit le cardinal congédié, à la suite d’une violente altercation entre le roi et la reine mère, se termine par un triomphe éclatant du ministre ; son principal ennemi, le garde des Sceaux Michel de Marillac est écarté, tandis que la reine est à nouveau contrainte à l’exil.

Peu après, Gaston d’Orléans, le frère du roi, d’autant plus indiscipliné que le couple royal n’a toujours pas de descendance, tente de soulever l’Orléanais puis se réfugie en Lorraine auprès du duc Charles IV, fidèle soutien des Habsbourg. La réconciliation entre Louis XIII et son frère, déjà compromis dans la conspiration de Chalais (1626), n’a lieu qu’en 1634. Enfin, l’exécution du duc de Montmorency (1632), qui a tenté de soulever le Languedoc, manifeste encore une fois la détermination de Louis XIII et de Richelieu à affirmer l’autorité royale contre toutes les velléités d’opposition. L’édit interdisant les duels, — dont la transgression par Montmorency-Bouteville, en 1627, a provoqué son exécution —, procède de la même logique.

Si le projet de « rabaisser l’orgueil des Grands «, consigné par Richelieu dans ses Mémoires, est à peu près atteint à partir de cette époque, ce sont les affaires étrangères, avec l’internationalisation de la guerre de Trente Ans, qui accaparent désormais les affaires du gouvernement. Entre 1630 et 1635, la France, alliée à Gustave II Adolphe par le traité de Bärwalde (1631), lutte de manière indirecte contre les Habsbourg, en soutenant la Suède protestante et en faisant quelques incursions armées dans les terres d’Empire, en Alsace, en Lorraine et en Italie du Nord ; mais, lorsque la Suède subit d’importants revers, l’affrontement direct contre l’Espagne apparaît inévitable et Louis XIII prend personnellement la tête des opérations militaires.

La guerre, dont l’issue demeure incertaine jusqu’à la victoire de Condé à Rocroi (1643), impose de lourds sacrifices au royaume : elle se traduit par une augmentation du montant de la taille et, en matière administrative, par un renforcement du rôle des intendants.

La naissance d’un héritier, le futur Louis XIV (1638), et la conspiration du favori du roi, Cinq-Mars, et de son ami François-Auguste de Thou, qui ont comploté avec Gaston d’Orléans, sont les derniers événements majeurs du règne. À la mort de Richelieu, le 4 décembre 1642, le roi fait entrer Mazarin au Conseil, sur les recommandations de Richelieu. La mort de Louis XIII, le 14 mai 1643, ouvre une période instable, qui débouche sur la Fronde.

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