Mahathir Mohamad

Mahathir Mohamad (1925- ), homme politique malais, Premier ministre de Malaisie de 1981 à 2003.

Né à Alor Setar, capitale de l’État de Kedah, dans le nord-ouest du pays, Mahathir Mohamad est le fils cadet d’un instituteur d’origine indienne et d’une Malaise, tous deux musulmans. Il étudie la médecine à Singapour, au King Edward VII Medicine College.

Diplômé en 1954, il officie comme médecin dans l’administration, sur l’île de Langkani. Attaché à ses origines modestes, il reçoit le surnom de « médecin des pauvres «. Militant anglophobe et anticolonialiste, il est membre de l’Organisation nationale des Malais unis (United Malays National Organization, UMNO) dès sa création, en 1946.

Mahathir Mohamad est élu pour la première fois au Parlement en 1964, mais perd son siège en mai 1969, lors des élections suivantes, qui provoquent les seules émeutes raciales sérieuses que Kuala Lumpur a connues. Le pouvoir de Tunku Abdul Rahman, Premier ministre depuis l’indépendance du pays, en 1957, est discrédité, tandis que Mahathir Mohamad, au tempérament franc et direct, est l’un des rares membres de l’UMNO à critiquer publiquement Tunku.

Son livre le Dilemme malais (1969) est interdit de diffusion en Malaisie pour racisme ; il y reproche au pouvoir de désavantager les « fils du sol « (essentiellement des Malais, qui forment 60 p. 100 de la population de la fédération) par rapport aux citoyens chinois (environ 25 p. 100 de la population).

Réintégré en 1972 au sein de l’UMNO, Mahathir Mohamad devient sénateur en 1973, mais abandonne son mandat l’année suivante pour se faire élire de nouveau député. Il est successivement ministre de l’Éducation, vice-Premier ministre (1976), ministre du Commerce et de l’Industrie (1978), et dirige plusieurs missions à l’étranger pour attirer les investisseurs. En 1975, il devient l’un des trois vice-présidents de l’UMNO, puis l’unique président, en 1981.

Il accède au poste de Premier ministre en 1981, à la suite du départ de Datuk Hussein Onn. Sous sa direction, la coalition du Front national, dont l’UMNO est la principale composante, remporte de larges victoires aux élections de 1982, 1986, 1990, 1995 et 1999.

Chantre du développement économique, qu’il définit dans son projet « Vision 2020 «, Mahathir Mohamad impulse une croissance économique très rapide à la Malaisie. Il parvient également à réduire le pouvoir et les privilèges des sultans et du souverain. À la tête d’un pays multiethnique, il parvient en outre à assurer la cohabitation raciale.

Il joue un rôle actif au sein de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Ansea), du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) et du Commonwealth. Il est un défenseur résolu et controversé du non-alignement, de la cause des pays en développement et des « valeurs spécifiques « de la culture asiatique, qu’il oppose aux valeurs occidentales. Ses charges contre l’Occident se doublent de propos contre les Juifs, qu’il accuse de « diriger le monde par procuration «.

Lors de la crise financière qui touche l’Asie du Sud-Est en 1997-1998, Mahathir Mohamad dénonce un complot international organisé par le Fonds monétaire international (FMI) et des spéculateurs étrangers et impose un contrôle des changes et une parité fixe pour le ringgit, la devise malaisienne. En septembre 1998, il limoge Anwar Ibrahim, vice-Premier ministre et dauphin désigné, pour s’être opposé à ces mesures, puis le fait arrêter sous l’accusation d’incitation à l’émeute et de sodomie.

Malgré la contestation dont font l’objet ses méthodes de gouvernement autoritaires, il sort victorieux des élections législatives anticipées de novembre 1999 et entame un cinquième mandat de Premier ministre.

Mahathir Mohamad prend sa retraite politique en octobre 2003. Son dauphin désigné, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Abdullah Ahmad Badawi, lui succède à la tête du gouvernement.