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Marat, Jean-Paul

Publié le 17/02/2013

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marat

 

1  PRÉSENTATION 

 

Marat, Jean-Paul (1743-1793), médecin, journaliste et homme politique français durant la Révolution.

 

2  ENGAGEMENT ET FRUSTRATION 

 

Né près de Neuchâtel (Suisse), Jean-Paul Marat est instruit par son père, médecin et calviniste espagnol qui a fui la Sardaigne pour la Suisse. À seize ans, il part suivre des études de médecine à Toulouse, Bordeaux et Paris, à l’issue desquelles il voyage en Europe avant de se fixer à Saint-Andrews (Écosse). Il y exerce jusqu’en 1776 et y rédige son premier ouvrage, les Chaînes de l’esclavage (1774).

 

Rentré en France comme médecin au service des gardes du comte d’Artois en 1776, Marat publie des ouvrages scientifiques influencés par le courant matérialiste. Mais s’il traite de physique et de physiologie, il se préoccupe surtout, dans un esprit prérévolutionnaire, de politique. Son Traité sur les principes de l’homme (1776), raillé par Voltaire, défend le peuple contre les élites.

 

Homme aux intentions radicales, Marat a peu d’amis et de soutiens. Rejeté par l’Académie des sciences qui désapprouve ses travaux, il n’en devient que plus extrémiste. De 1779 à 1789, il écrit une douzaine d’ouvrages, dont Plan de législation criminelle (1789) dans lequel il prône la liberté de conscience. Mais Marat demeure un personnage controversé et, à l’âge de quarante-cinq ans, celui qui dit plus tard de lui-même qu’il est « dévoré par l’amour de la gloire « (1793) est frustré de reconnaissance publique.

 

3  UNE REVANCHE À PRENDRE 

 

La Révolution permet à Marat d’exercer son talent autrement que dans la confidentialité. Il donne libre cours à son ambition en plaidant en faveur de l’égalité absolue des hommes. Dès l’été 1789, il prend position en faveur du peuple dans son journal, l’Ami du peuple, qui reçoit rapidement les faveurs du public. Très lu par les masses parisiennes, le périodique qualifie les modérés et les nantis de traîtres et présente la violence — populaire ou d’État — comme le principal outil de la Révolution, afin d’en terminer avec l’ordre ancien et d’assurer la fidélité des hommes de l’ordre nouveau à l’idéal révolutionnaire. 

 

Dès la prise de la Bastille (14 juillet 1789), Marat adopte en effet une position claire : selon lui, quelque cinq cents têtes coupées permettront de rompre avec le passé. Par la suite, il ne cesse de faire de la lutte contre les élites la clef de la pérennité du soulèvement du 14 juillet. Parmi maintes harangues, en 1791, il appelle à l’interdiction de vote des prélats, financiers et officiers du roi. De même, il critique l’Assemblée nationale et, en 1792, avoue espérer « une dictature suprême « permettant d’instaurer l’authentique Révolution. Émaillés d’appels au meurtre, ses discours permettent à ses ennemis de le dire fanatique, autoritaire, sanguinaire. Il est vrai que les positions de Marat nourrissent la vigilance face aux contre-révolutionnaires et alimentent également le climat de violence qui aboutit aux massacres des opposants en septembre 1792.

 

4  LE PIÈGE DE LA VIOLENCE 

 

Quoique critiqué pour son obsession de la conspiration et sa philosophie du terrorisme populaire, Marat jouit en 1792 d’une aura certaine. Élu représentant de Paris à la Convention nationale, il rejoint la Montagne, à l’extrême gauche de l’Assemblée. Il y préconise toujours des mesures dictatoriales, arguant que la Révolution ne sera pas acquise tant qu’on « ne [fera] pas tomber les têtes qui oppressent le peuple «.

 

Promu à la tête des Jacobins, il est attaqué par les Girondins (plus modérés) qui lui intentent un procès devant le tribunal révolutionnaire en l’accusant d’être à l’origine d’émeutes. Mais ce procès aboutit à un acquittement triomphal (avril 1793). Son combat contre les Girondins prend fin le 2 juin 1793, date à laquelle la Convention, sous la menace d’une insurrection parisienne que Marat a encouragée, les élimine. Cet événement conduit à la formation d’un gouvernement à majorité jacobine.

 

Mais Marat meurt avant d’en prendre connaissance. Le 13 juillet 1793, il est assassiné par une jeune Normande, Charlotte Corday. La République lui fait de grandioses funérailles, déposant momentanément son corps au Panthéon et lui consacre un Éloge funèbre de Jean-Paul Marat, daté du 26 brumaire an II : « Comme Jésus, Marat aima ardemment le peuple et n’aima que lui. Comme Jésus, Marat détesta les rois, les nobles, les prêtres, les riches, les fripons ; et comme Jésus, il ne cessa de combattre ces pestes de la société. « Il est plus tard inhumé à Sainte-Geneviève.

 

Exalté en héros tant que les Montagnards sont au pouvoir — avant que la réaction thermidorienne de 1795 ne s’attaque à son mythe lors de la dépanthéonisation des héros de la Révolution —, Marat est une grande figure du radicalisme révolutionnaire. Son intransigeance n’est pas sans préfigurer la Terreur de 1793-1794.

 

Le révolutionnaire a été immortalisé par le peintre David dans sa célèbre toile la Mort de Marat (1793).

 

 

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