Messmer, Pierre

Messmer, Pierre (1916-2007), homme politique français, Premier ministre de Georges Pompidou de 1972 à 1974.

Né à Vincennes (Val-de-Marne), Pierre Messmer est le fils d’un industriel d’origine alsacienne. Diplômé de l’École nationale de la France d’outre-mer et de l’École des langues orientales, docteur en droit (1939), il est appelé au service militaire en 1937 ; du fait de la guerre, il ne sera démobilisé qu’en 1945. Il refuse la capitulation française en 1940 dès le 17 juin, réussit à s’embarquer sur un cargo italien et à le dérouter vers l’Angleterre où il rejoint les Forces françaises libres (FFL) à Londres le 17 juillet. Avec la 13^e Demi-Brigade de la Légion étrangère, il participe aux campagnes d’Érythrée et de Syrie (1941), de Libye (1942-1943) et de Tunisie (1943), combattant notamment à Bir Hakeim et El-Alamein. Il débarque en Normandie en juin 1944 et entre à Paris au mois d’août. Devenu compagnon de la Libération, il prend part à la guerre d’Indochine à partir d’août 1945. Fait prisonnier par le Viêt-minh, il réussit à s’évader et à rejoindre les forces françaises à Hanoï.

Cadre de l’administration coloniale à partir de 1946 en Indochine, Pierre Messmer est successivement administrateur en chef de la France d’outre-mer (1950), gouverneur (Mauritanie, 1952-1954 et Côte d’Ivoire, 1954-1956) puis haut commissaire de la République en Afrique (Cameroun, 1956-1958 puis Afrique Équatoriale française [A-ÉF] et Afrique Occidentale française [A-OF] en 1958-1959). En 1956, il dirige le cabinet de Gaston Defferre, au moment où est promulguée la loi-cadre Defferre qui prépare l’émancipation progressive des territoires de l’Union française, ce qui en fait un acteur de la décolonisation. En février 1960, il est nommé ministre des Armées par le général de Gaulle. Il reste à ce poste pendant les dix ans de présence du général de Gaulle à la tête de l’État, jusqu’en avril 1969. Il doit faire face au putsch des généraux en 1961 et il est chargé de mener à bien la réforme de l’armée, dans le cadre de la mise en place d’une force de frappe nucléaire française.

Député gaulliste de la Moselle entre 1968 et 1988, maire de Sarrebourg de 1971 à 1989, ministre des départements et territoires d’outre-mer de Georges Pompidou en 1971, Pierre Messmer devient son Premier ministre de juillet 1972 à avril 1974. Il soutient la candidature de Jacques Chaban-Delmas à l’élection présidentielle, puis se retire et devient président du Conseil régional de Lorraine en 1978-1979. De 1986 à 1988, sous la première cohabitation, il préside le groupe RPR à l’Assemblée nationale.

Élu à l’Académie des sciences morales et politiques en 1988, dont il devient le secrétaire perpétuel (1995-1998), il est élu le 25 mars 1999 à l’Académie française au fauteuil de Maurice Schumann. Il a publié ses Mémoires, Après tant de batailles (1992), Les Blancs s’en vont. Récits de décolonisation (1998), La Patrouille perdue (2002) et Ma part de France (2003).