Mexique, guerre du

Mexique, guerre du, conflit qui a opposé, de 1861 à 1867, le Mexique à la France, soutenue par l’Espagne et la Grande-Bretagne, et qui s’est achevé par la déroute des armées françaises.

Au cours de l’année 1861, la France, l’Espagne et la Grande-Bretagne cherchent à obtenir le règlement des dettes contractées par la jeune République mexicaine — qui s’est dotée, en janvier 1861, d’un gouvernement libéral et fortement anticlérical avec Benito Pablo Juárez à sa tête. Le 31 octobre 1861, les gouvernements de Napoléon III, d’Isabelle II et de Victoria décident d’intervenir militairement au Mexique. Poussé dans cette entreprise par le duc de Morny, son demi-frère, l’Empereur français est en même temps désireux de rassurer les puissances catholiques européennes, effrayées par l’appui qu’apporte la France au Risorgimento (voir unification italienne).

Si l’Espagne d’Isabelle II rêve de revenir en force en Amérique, après ses succès au Maroc et à Saint-Domingue, le Mexique fait figure, aux yeux de Napoléon III, de « Terre promise « pour laquelle il nourrit d’ambitieux projets personnels. L’Empereur pense qu’il existe, sur le continent américain, un puissant courant catholique et clairement francophile, capable de faire contrepoids à l’Amérique anglo-saxonne embrassée depuis avril 1861 par la guerre de Sécession. Pour finir, l’Amérique latine, qui est devenue un sujet de débat au sein des cercles impériaux parisiens, a des représentants en France qui tentent de peser sur la politique de Napoléon III : des émigrés monarchistes, mexicains et hispano-américains, attisent le feu de l’intervention.

L’expédition hispano-franco-britannique se prépare en novembre et en décembre 1861. Les Espagnols arrivent le 17 décembre, bientôt suivis des Français et des Britanniques. Cette incursion suscite l’irritation des Nordistes, aux États-Unis, qui apportent à Benito Juárez un important soutien logistique.

Après un premier accord avec le président mexicain — qui ne résout pas le problème du remboursement des dettes —, les Britanniques et les Espagnols se retirent et le corps expéditionnaire français décide de poursuivre seul, vers l’intérieur du pays. Malgré l’échec de Puebla où les hommes du général français Lorencez sont battus par Juárez (5 mai 1862), les troupes françaises progressent grâce à de nouveaux renforts et font leur entrée dans Mexico entre le 7 et le 10 juin 1863.

Désormais exclusivement franco-mexicaine, la guerre prend alors une nouvelle tournure. Le 10 juillet 1863, Napoléon III fait proclamer empereur du Mexique Maximilien (le frère de l’empereur François-Joseph d’Autriche), associant ainsi, dans une démarche quasi coloniale, l’Autriche à la France. En juin 1864, Maximilien arrive au Mexique, accompagné d’un détachement français et se rend immédiatement compte de la complexité de la situation. Le gouvernement républicain de Juárez contrôle le nord du pays et les forces de résistance contre l’occupant demeurent très actives.

Confrontées à l’intensification de la guérilla, les forces françaises commencent à douter de la compétence de Maximilien. Par ailleurs, le général Bazaine, commandant les troupes françaises, sème le trouble en prenant des mesures contradictoires. Alors que « l’inspirateur « de cette politique expansionniste, le duc de Morny, meurt le 10 mars 1865, la fin de la guerre de Sécession nord-américaine (mai 1865) aggrave considérablement la situation des Franco-Autrichiens.

Bénéficiant d’une considérable assistance de la part des Nordistes vainqueurs, Benito Juárez accentue sa pression militaire contre les positions françaises. Le gouvernement nord-américain fait savoir à l’empereur que le maintien d’un corps expéditionnaire au Mexique serait jugé inamical. Enfin, au plan intérieur, les difficultés de Maximilien précipitent la rupture entre la France et l’Autriche.

Finalement, le contingent français quitte le Mexique entre août 1866 et février 1867. Maximilien, déchu le 15 mai 1867, est vaincu et fusillé sur les ordres de Juárez à Querétaro, le 19 juin.

La guerre franco-mexicaine constitue le premier échec de Napoléon III en matière militaire. Outre qu’elle confirme la suprématie des États-Unis sur le continent américain, elle contribue à déstabiliser le régime impérial français en Europe.