Mille, expédition des

Mille, expédition des, opération militaire menée par les troupes volontaires de Giuseppe Garibaldi qui a abouti à la conquête du royaume des Deux-Siciles, annexé au royaume de Piémont-Sardaigne. Cette opération, qui a duré de mai à novembre 1860, correspond à l’étape finale du processus de formation du royaume d’Italie.

Le 4 avril 1860 éclate à Palerme un soulèvement populaire organisé par des patriotes mazziniens (voir Mazzini, Giuseppe). L’échec des patriotes, qui se solde par la condamnation à mort de treize responsables, ne brise pas les espoirs du peuple alors que plusieurs foyers insurrectionnels se propagent dans la campagne sicilienne. À l’invitation des Siciliens — dont Francesco Crispi —, Garibaldi accepte de diriger vers l’île une expédition de volontaires, qui prennent bientôt le nom des Mille (ou Chemises rouges).

Le 6 mai 1860, deux navires, le Piemonte et le Lombardo, lèvent l’ancre près de Gênes, et font escale à Talamone pour se réapprovisionner en armes ; les Mille débarquent à Marsala le 11 mai. Agissant au nom de Victor-Emmanuel II, Garibaldi lance les opérations militaires qui conduisent à la victoire sur les troupes napolitaines de François II après la bataille de Calatafimi (15 mai), à la conquête de Palerme et, enfin, à la libération totale de la Sicile (bataille de Milazzo, 20 mai).

L’entreprise militaire de Garibaldi se poursuit avec la traversée du détroit de Messine (du 8 au 19 août), l’avancée dans une Calabre et une Basilicate insurgées, et l’entrée triomphale à Naples (7 septembre). La bataille du Volturno (1^er et 2 octobre) marque la défaite définitive des troupes de François II, lequel se réfugie à Capoue, puis à Gaète. L’annexion du royaume des Deux-Siciles au Piémont est votée par plébiscite, et Garibaldi attend l’arrivée de Victor-Emmanuel II et de l’armée sarde pour la passation des pouvoirs. On peut dater la fin de l’expédition des Mille à l’entrée du roi à Naples (7 novembre), tandis que Garibaldi, qui s’efface devant Victor-Emmanuel II, se retire sur l’île de Caprera le 9 novembre.

Si les volontaires garibaldiens n’ont jamais pu être dénombrés avec exactitude, on peut affirmer que les Chemises rouges ont été en majorité formées de Lombards (434, avec une forte représentation de Bergamasques), de Vénétiens (194), de Liguriens (156, presque tous Génois) et de Toscans (78, pour la plupart de Livourne). Quelque 45 Siciliens, de Palerme essentiellement, ont également participé à l’expédition. Peu de Piémontais ont pu être dénombrés, dans la mesure où les troupes qui ont déjà combattu auprès de Garibaldi lors de la deuxième guerre d’indépendance ont rejoint l’armée régulière. Des bandes d’insurgés siciliens et des volontaires en provenance du royaume de Sardaigne sont également venus grossir le nombre des Mille.