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Monroe, doctrine de

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Monroe, doctrine de, déclaration de politique extérieure des États-Unis sur les activités et les droits des puissances européennes dans l'hémisphère occidental. Cette doctrine fut présentée au Congrès des États-Unis par le président James Monroe à l'occasion de son septième discours annuel, le 2 décembre 1823. Elle devint aussi par la suite l'un des fondements de la politique américaine en Amérique latine. Simple déclaration de politique sans soutien législatif, elle fut tellement reprise, interprétée et utilisée qu'elle fut élevée au rang de principe (baptisé « doctrine de Monroe «) dès 1845 et resta vivace dans la politique extérieure américaine jusqu'à nos jours.

2   DÉCLARATION D'ORIGINE

Dans ses deux plus importantes allocutions, Monroe déclara que les puissances européennes ne pouvaient plus coloniser le continent américain et qu'elles ne devraient pas essayer de renverser les jeunes républiques latino-américaines indépendantes reconnues par les États-Unis (dès 1822). Les États-Unis craignaient en effet que l'Espagne et le Portugal ne veuillent, soutenus par la coalition monarchiste de la Sainte-Alliance, récupérer leurs anciennes colonies. Il ajouta que les États-Unis ne s'immisceraient pas dans les affaires des colonies européennes existantes aux Amériques, ni dans celles de l'Europe elle-même. Ce dernier point reprenait le discours d'adieu de George Washington en 1796, où il demandait instamment aux États-Unis de se tenir en dehors des complications diplomatiques.

En séparant ainsi l'Europe de l'Amérique, Monroe soulignait les divergences des intérêts entre l'Ancien et le Nouveau Monde, plus particulièrement ceux des États-Unis. Il sous-entendait aussi que seuls les États-Unis devraient poursuivre la colonisation de l'Amérique du Nord. Malgré la hardiesse de ses propos, Monroe n'avança aucun moyen de concrétiser ses idées.

3   DÉVELOPPEMENT AU XIXE SIÈCLE

Pour les États-Unis, la doctrine de Monroe reprit de l'importance dans les années 1840, lorsque le président James Polk y fit référence afin de justifier l'expansion des États-Unis. En 1845, il invoqua la doctrine contre les menaces britanniques qui pointaient en Californie et dans l'Oregon, ainsi que contre les mouvements franco-britanniques menés pour empêcher l'annexion du Texas par les États-Unis. En 1848, Polk avertit que toute intervention européenne dans la région du Yucatán au Mexique pourrait entraîner la prise de contrôle de la région par les États-Unis. Malgré la popularité croissante de la doctrine dans les années 1850, elle fut occultée par la guerre de Sécession au cours des années 1860. C'est pourquoi l'annexion par l'Espagne de la République dominicaine (1861) et l'intervention de la France au Mexique (1862-1867) ne reçurent aucune opposition de la part des États-Unis.

Dans les années 1870 et 1880, la doctrine prit une nouvelle signification. Les États-Unis commencèrent à l'interpréter à la fois comme une mesure interdisant le transfert de territoires américains entre puissances européennes, et octroyant aux États-Unis le contrôle exclusif de tout canal reliant les océans Atlantique et Pacifique en Amérique centrale. Cette dernière revendication fut reconnue par le Royaume-Uni lors du traité Hay-Pauncefote (1901). Les États-Unis continuèrent à modifier la portée de la doctrine lorsque le président Grover Cleveland fit pression sur le Royaume-Uni en 1895, qui finalement accepta de recourir à son arbitrage pour régler le conflit de frontières entre la Guyane britannique (aujourd'hui Guyana) et le Venezuela.

4   LA DOCTRINE DE MONROE AU XXE SIÈCLE

En 1904, le président Theodore Roosevelt soutint que les États-Unis pouvaient intervenir dans les pays d'Amérique latine quand ces derniers étaient coupables de mauvaise conduite intérieure ou extérieure. Le corollaire que Roosevelt apporta à la doctrine de Monroe justifia les interventions ultérieures des États-Unis dans les États des Caraïbes pendant les administrations des présidents William Taft et Woodrow Wilson.

Dans les années 1920 et surtout dans les années 1930, les États-Unis diminuèrent la portée de la doctrine en favorisant des actions concertées avec les autres républiques américaines. Ce panaméricanisme forcené continua pendant et après la Seconde Guerre mondiale avec la loi de Chapultepec (1945) et le traité de Rio (1947), qui déclaraient que si l'on s'attaquait à une nation américaine, on les attaquait toutes. La création de l'Organisation des États américains (1948) prévoyait d'atteindre les buts de la doctrine de Monroe par le biais du panaméricanisme. Par la suite cependant, la crainte du communisme en Amérique latine incita les États-Unis à mener des actions unilatérales contre le Guatemala (1954), Cuba (1961), la République dominicaine (1965), le Chili (1973), le Salvador et le Nicaragua (dans les années 1980), sans pour autant consulter leurs alliés d'Amérique latine.

5   EFFET

En tant qu'élément de politique étrangère, la doctrine de Monroe a eu un effet considérable et a obtenu un large soutien aux États-Unis, en partie parce qu'elle défendait ses intérêts. La doctrine a également servi à d'autres nations américaines, en ce sens qu'elle fit valoir leur droit à l'indépendance. Du fait que la doctrine, telle qu'elle était formulée à l'origine, ne faisait pas de nette distinction entre les intérêts des États-Unis et ceux de ses voisins, les États-Unis y ont souvent fait appel pour justifier leur intervention dans les affaires intérieures d'autres nations du continent américain. L'intervention des États-Unis a donné lieu à controverses au XXe siècle.

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