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motte féodale

Publié le 07/02/2013

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motte féodale, édifice de terre surplombé d’une construction fortifiée attestant le pouvoir des seigneurs nobles au Moyen Âge.

Le « château à motte « est toujours composé, d’une part, d’une éminence artificielle ou retaillée dans un surplomb naturel et, d’autre part, d’une tour en bois quadrangulaire, dite donjon. Des ajouts peuvent exister : enceinte circulaire autour de la motte isolant une « basse-cour « (cas très fréquent), fossés remplis d’eau entourant le donjon, et autres bâtiments fonctionnels.

Caractéristique du premier âge de la seigneurie féodale, celui des châtellenies indépendantes, la motte féodale apparaît à la fin du Xe siècle d’abord au nord de la France : en Flandre (le château des comtes de Guines fait l’objet d’une exceptionnelle description dans la Chronique de Lambert d’Ardres) ; en Normandie, dans les régions de plaines où les forêts et l’humidité des sols rendent possible l’entassement de la terre, la retaille des collines et la construction des bâtiments de bois.

Chronologiquement, la diffusion de la motte féodale correspond à l’« incastellamento « identifié dans le Latium ; pareille fortification des seigneuries a existé antérieurement en Catalogne et en Provence. Cette diffusion des châteaux à motte est attestée aujourd’hui par la photographie aérienne, laquelle, combinée aux fouilles classiques et à la toponymie, permet d’en reconstituer le maillage parfois très dense, comme en Champagne, parfois plus lâche, comme autour de Chartres.

Contrairement à la tradition romantique — et anachronique — qui veut que les châteaux à motte aient été édifiés à l’initiative de chevaliers soucieux d’offrir aux manants une protection contre les attaques des Sarrasins ou des Normands, ils sont le plus souvent le résultat d’une concession faite par un suzerain local ou national à un vassal. Pour leur construction, des chartes sont rédigées, telle celle par laquelle Odon de Broyes, seigneur de Soizy, publie l’autorisation de construire « au lieu-dit La Motte, une maison de bois avec une palissade, des fossés, une porte de pierre ou de bois mais appareillée «, que lui a octroyée Thibaud de Champagne (1239). Ce texte tardif révèle avec une grande clarté comment s’opère, dans le cadre de la féodalité, la progressive transformation des châteaux à motte en châteaux forts.

Le château à motte est habité par une garnison de guerriers, appelés milites castri, souvent chevaliers sans fief ou anciens alleutiers ayant troqué leurs libertés contre la protection du lien vassalique puis ayant transformé leur tenure libre en fief. À leur tête, un castellanus représente et défend les intérêts du comte ou de l’évêque. Cette garnison est souvent complétée par les chevaliers du voisinage. La garde constitue la plus lourde tâche de ces guerriers qui se répartissent le service avec précision : à Vendôme, les milites castri sont relayés par les hommes du comte et par les habitants du bourg une partie de l’année. D’autres habitants vivent dans le château (femmes, serviteurs divers, prêtre desservant la chapelle) et dans la basse-cour (artisans, paysans).

La motte féodale traduit la formation d’une élite nobiliaire nouvelle dont la fonction guerrière est subventionnée, non plus par l’activité guerrière, mais par le prélèvement opéré sur les paysans assujettis aux droits féodaux. L’abandon de nombreuses mottes au profit de châteaux forts en pierres maçonnées plus rares mais plus puissants marque, à partir de la fin du XIIe siècle, l’avènement des principautés féodales.

Voir aussi Château.

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