Museveni, Yoweri
Publié le 06/04/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Museveni, Yoweri (1944- ), homme politique ougandais, président de la république de l’Ouganda à partir de 1986.
2 | LE JEUNE MILITANT NATIONALISTE |
Né à Ntungamo (sud-ouest de l’Ouganda), Yoweri Kaguta Museveni est le fils d’un riche propriétaire terrien. Il appartient au groupe des Banyankolés. Il aurait reçu le nom de Museveni en hommage au septième bataillon de l’armée coloniale britannique « Abaseveni «, au sein duquel ont servi des milliers d’Ougandais pendant la Seconde Guerre mondiale. Élève à l’école de Ntare, il part étudier les sciences politiques et l’économie à l’université de Dar es-Salaam en Tanzanie de 1967 à 1970. Là, il rejoint les mouvements nationalistes radicaux et devient président du Front des étudiants africains révolutionnaires (USARF). Il côtoie aussi les membres du Front de libération du Mozambique (Frelimo), qui combat le pouvoir colonial portugais, et apprend auprès d’eux les techniques de la guérilla.
3 | LE GUÉRILLERO MARXISTE |
En 1970, Yoweri Museveni rentre en Ouganda et intègre l’administration du président Milton Obote comme membre des services secrets. Après le coup d’État d’Idi Amin Dada en 1971, il fuit en Tanzanie et prend la tête d’une guérilla soutenue par l’armée tanzanienne. Il revient en Ouganda en 1979 alors que l’intervention armée de la Tanzanie entraîne la chute du régime sanguinaire d’Idi Amin Dada et favorise le retour à un gouvernement civil. Si Yoweri Museveni et son parti, le Mouvement patriotique ougandais, jouissent d’une certaine popularité, c’est Milton Obote qui apparaît comme l’homme fort du pays et qui remporte les élections de 1980, à l’issue d’un scrutin marqué par des fraudes massives.
Yoweri Museveni se retire dans son fief de l’Ouest et fonde en 1981 l’Armée de résistance nationale (National Resistance Army, NRA). Après l’effondrement du régime Obote et la prise de Kampala par la NRA, il est porté au pouvoir en janvier 1986.
4 | LE « BON ÉLÈVE « DES ÉTATS-UNIS |
Yoweri Museveni s’attache à restaurer la paix dans un pays meurtri par la guerre civile et à faire redémarrer une économie moribonde. Il impose une union nationale pluriethnique au sein du gouvernement et sépare la religion du politique dans un pays traditionnellement marqué par une forte polarisation religieuse. Fort de son image de combattant de la paix, il tourne le dos au multipartisme, qu’il rend responsable des violences ayant ensanglanté le pays au cours des décennies précédentes, et prône les vertus d’un « système sans parti «. Il édifie un État-parti sur les fondations du Mouvement national de résistance (MNR) et met en pratique sa théorie sur la démocratie « de mouvement «. Sa conversion au libéralisme lui vaut le soutien des États-Unis et des bailleurs de fonds occidentaux. À la tête de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) de 1991 à 1992, il apparaît comme le représentant d’une nouvelle génération de dirigeants africains. Seul candidat lors de l’élection de 1996, il est élu avec 74 p.100 des suffrages.
5 | UN PRÉSIDENT SOUS PRESSION INTERNATIONALE |
Le milieu des années 1990 marque un tournant dans les stratégies politiques du leader ougandais, caractérisé par des visées expansionnistes à l’extérieur et, à l’intérieur, par une lente dérive du régime, avec une montée de la corruption. Après avoir soutenu le chef des rebelles rwandais, Paul Kagamé, Yoweri Museveni contribue activement à la déstabilisation de l’ancien Zaïre de Mobutu (devenu la République démocratique du Congo, RDC). Mais, condamné par la communauté internationale pour son intervention en RDC, et soucieux de mettre fin à une guerre coûteuse et impopulaire, il désengage progressivement ses troupes du territoire congolais à partir de 2001, et signe en septembre 2002 un accord de paix avec la RDC.
À l’intérieur, sa vulnérabilité grandit alors que se développe une opposition issue des rangs même du MNR. Il s’emploie à asseoir son régime sur l’armée, dont l’influence sur la politique demeure très forte, et sur sa famille, dont plusieurs membres occupent des postes-clé. Réélu en mars 2001 avec 69,3 p. 100 des voix, Yoweri Museveni subit des pressions accrues de la communauté internationale en faveur d’une démocratisation. S’il fait voter par référendum la réintroduction du multipartisme (juillet 2005), il fait parallèlement modifier la Constitution afin de pouvoir briguer un troisième mandat. À son actif, le président sortant peut faire valoir l’apaisement des tensions ethniques ainsi que les progrès économiques et ses efforts dans la lutte contre le sida et pour l’éducation. En revanche, il doit faire face à la poursuite de la rébellion menée par l’Armée de la résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army, LRA), qui ravage le nord du pays.
La campagne pour le scrutin présidentiel de février 2006 est marquée par un durcissement du régime, avec une démonstration de force répressive inédite et une campagne d’intimidation visant son principal adversaire et ancien proche, Kizza Besigye (Forum pour le changement démocratique, FCD). Cette dérive n’est pas sans entamer l’image de l’Ouganda sur la scène internationale et compromettre une aide étrangère indispensable à l’économie du pays. Avec pour slogan « Museveni, pas de changement «, le président ougandais met en avant le chaos qui pourrait surgir d’un changement de pouvoir. Au terme d’un scrutin placé sous haute surveillance internationale et entaché d’irrégularités mais sans fraudes massives, il est réélu avec près de 60 p. 100 des suffrages. Il s’engage notamment à pacifier totalement le pays et à se consacrer à son développement.