Nazca

Nazca, civilisation d’Amérique du Sud, dont l’apogée se situe entre le début et l’an 650 de notre ère.

Née entre les vallées fluviales d’Ica et de Nazca, dans le sud de la côte péruvienne, elle s’étend sur environ 30 400 km² entre le Pacifique et, à l’est, l’emplacement de l’actuelle ville andine d’Ayacucho. Elle succède à la culture précolombienne de Paracas, dont elle conserve de nombreuses traditions religieuses et culturelles.

L’économie de la civilisation nazca repose sur une agriculture intensive, favorisée par l’irrigation. Les habitants vivent également du poisson et des fruits de mer qu’ils pêchent dans le Pacifique. Pour pallier la rareté de l’eau douce dans cette région désertique du sud du Pérou, ils captent les nappes phréatiques à l’aide de puits profonds, appelés pukios et reliés entre eux par des tunnels. Ils vivent en général dans des agglomérations de petite taille, mais certains sites, tels que Ventilla, dans la vallée de Nazca, ont probablement constitué d’importants centres urbains. Le plus connu et le plus vaste, Cahuachi, qui s’étend sur 150 ha dans cette même vallée, est un ancien centre religieux, non habité, où les pèlerins affluaient de tout le royaume. Le centre de ce site abrite, sur 25 ha, de grands cimetières et plus de 40 tertres en forme de pyramides à degrés, buttes naturelles aménagées pour servir de bases à des bâtiments cultuels.

Si les chercheurs ont supposé naguère que les Nazcas vivaient dans un royaume centralisé, la plupart d’entre eux estiment aujourd’hui que celui-ci se compose en réalité d’un ensemble de territoires féodaux semi-indépendants, partageant la même culture et la même religion. La majorité des pratiques religieuses sont destinées à favoriser l’abondance des récoltes. Pendant les cérémonies, les Nazcas enterrent plusieurs têtes humaines, soigneusement apprêtées, d’ennemis tués au combat. Les participants absorbent des boissons hallucinogènes, tandis que des sorciers masqués jouent de la musique. L’art religieux de cette culture s’illustre par un panthéon d’êtres fantastiques, mi-hommes, mi-animaux symbolisant probablement de funestes créatures peuplant la terre, le ciel et les eaux.

La culture nazca est surtout connue pour ses magnifiques poteries polychromes, parfois décorées de motifs comportant jusqu’à quinze coloris. Des pièces aux formes diverses, telles que vases, jarres ou gargoulettes à deux goulots, sont décorées d’oiseaux, de poissons ou de plantes, représentés dans un style réaliste, ou de dessins complexes aux thèmes mythologiques ou religieux. L’artisanat raffiné des Nazcas a également produit des textiles, tissés et brodés, des ornements en plumes, et des objets en or ou en cuivre.

Des dessins gigantesques, tracés sur le sol d’un désert proche de la ville actuelle de Nazca, et appelés géoglyphes de la Pampa de Ingenio, suscitent de nos jours un profond intérêt de la part des spécialistes comme du grand public. C’est en écartant les cailloux les plus sombres pour mettre à nu le sable sous-jacent, de couleur plus claire, que les Nazcas faisaient apparaître ces traits, qui forment des figures géométriques ou zoomorphes. Des chercheurs ont affirmé que ces tracés démesurés constituent en quelque sorte des calendriers destinés aux astronomes de Nazca leur permettant d’observer des phénomènes comme les solstices. Mais la plupart considèrent aujourd’hui que les lignes droites servent sans doute à marquer des voies rituelles, reliant entre eux des lieux sacrés. Quant aux autres géoglyphes, qui figurent des oiseaux, des araignées ou des orques, il semble que leur taille permettait aux dieux, selon les Nazcas, de les observer depuis le ciel.