Ne Win

Ne Win (1911-2002), général et homme d'État birman.

Né à Paungdale, dans une famille de la classe moyenne birmane, Maung Shu Maung étudie à l'université de Rangoun, où il participe au mouvement nationaliste contre la colonisation britannique, aux côtés de U Aung San et de U Nu. Il figure, sous le nom de guerre de « Ne Win «, parmi les « trente camarades « recrutés par Aung San et envoyés au Japon afin d’y suivre une formation militaire (1940-1941).

En 1942, il soutient l’invasion japonaise de la Birmanie, puis il s’engage par la suite dans l’Armée nationale birmane que dirige Aung San afin de mettre fin à l’occupation japonaise. Quand la Birmanie obtient son indépendance en janvier 1948, quelques mois après l’assassinat de Aung San, il est nommé commandant en chef de l'armée. De 1949 à 1950, il exerce en outre la fonction de ministre de la Défense et de l’Intérieur dans le gouvernement de U Nu.

En 1958, à la faveur d'une crise gouvernementale, le général Ne Win prend la tête d’un gouvernement intérimaire chargé de rétablir l’ordre et de préparer des élections législatives. Bien que le scrutin qui se tient en 1960 confirme l’ancien Premier ministre U Nu à la tête du pays, un coup d’État militaire, mené sur fond d’insurrections ethniques, porte le général Ne Win au pouvoir en mars 1962. Le nouveau Premier ministre fonde et préside le Parti du programme socialiste birman (PPSB), et engage son pays dans une « voie birmane vers le socialisme «, aux effets économiques désastreux. En 1974, il fait promulguer une nouvelle Constitution, qui fait de la Birmanie une « République socialiste à parti unique « dirigée par un Conseil d'État, qu’il préside.

Cumulant tous les pouvoirs, le dictateur birman réprime dans le sang toute opposition politique et écrase les minorités ethniques et religieuses. Il met en place un régime autarcique, qui isole la Birmanie du reste du monde. Connu pour ses excès et ses excentricités, il est à l’origine de décisions arbitraires et inconséquentes, inspirées de l’astrologie et de la numérologie. En 1987, par exemple, il fait introduire de nouveaux billets correspondant à son chiffre porte-bonheur, entraînant la démonétisation d’environ 70 p. 100 de la monnaie birmane.

S’il a abandonné la présidence du Conseil d’État dès 1981, le général Ne Win, à la tête du PPSB, continue de « conseiller et de guider « le gouvernement et conserve de fait la réalité du pouvoir. À la suite d’un soulèvement populaire provoqué notamment par une banqueroute dont il est jugé responsable, il est contraint de démissionner de la présidence du parti unique au printemps 1988. Il laisse un pays ruiné économiquement et totalement coupé du monde.

En mars 2002, quelques mois seulement avant sa mort, l’ancien dictateur tombé en disgrâce est placé en résidence surveillée à la suite de la découverte d’un « complot « attribué à plusieurs membres de la « dynastie Ne Win « par la junte militaire au pouvoir.