Nord-Ouest, compagnie du

Nord-Ouest, compagnie du, compagnie chargée du négoce des fourrures, créée en 1783, pour faire concurrence à la Compagnie de la baie d'Hudson, et qui fusionna avec cette dernière en 1821.

Au XVIII^e siècle, la Compagnie de la baie d'Hudson avait pratiquement le monopole du commerce, très lucratif, des fourrures de castor en Amérique du Nord. Des négociants en fourrure installés à Montréal s'associèrent, en 1783, pour former la Compagnie du Nord-Ouest et mettre en place un réseau de postes de traite et d'approvisionnement. Ces postes étaient reliés par des convois réguliers de canoës qui acheminaient les produits, depuis Montréal jusqu'au quartier général, situé sur le lac Supérieur à Grand Portage (et, à partir de 1805, à Fort William) ; de là, ils étaient distribués par un vaste réseau de voies navigables jusqu'aux postes les plus éloignés. Ayant une meilleure connaissance du terrain que leurs rivaux de la Compagnie de la baie d'Hudson, les négociants, pour la plupart des Canadiens francophones appelés voyageurs, s'installaient souvent à demeure dans les tribus locales et s'y mariaient, créant un nouveau groupe éthnique appelé les Métis.

Toujours à la recherche de nouvelles zones à conquérir, la Compagnie du Nord-Ouest organisa les grandes explorations d'Alexander Mackenzie, qui atteignit l'océan Arctique en 1789 en descendant ce qui est devenu le Mackenzie, et qui effectua, en 1793, la première traversée terrestre du continent. L'espoir d'exploiter les abondantes ressources des forêts de la côte Pacifique décida la compagnie à continuer ses explorations. Simon Fraser fut envoyé en 1808 avec l'ordre de descendre la Columbia jusqu'à son embouchure. Arrivé à l'océan, il s'aperçut qu'il avait suivi un tout autre fleuve (maintenant appelé le Fraser). En 1811, le grand explorateur David Thompson réussit à trouver la Columbia et à la descendre jusqu'à son embouchure, ce qui permit à la compagnie de s'implanter en Orégon, nom qui désignait à l'époque toute la région de la côte Pacifique.

Cependant, dans cette région, elle entra en concurrence avec la Compagnie de la baie d'Hudson. Toutes deux se livrèrent une longue et parfois féroce guerre d'usure dans tout le Nord-Ouest, se confisquant continuellement les fourrures et les vivres l'une l'autre et recourant souvent à la violence. La lutte devint particulièrement intense après 1812, lorsque l'installation de colons de la Compagnie de la baie d'Hudson dans le bassin de la Rivière Rouge, au Manitoba, menaça de couper les routes commerciales de la Compagnie du Nord-Ouest. Les finances plus solides de la Compagnie de la baie d'Hudson, ses lignes de ravitaillement plus courtes et ses itinéraires commerciaux plus sûrs lui permirent de l'emporter. Les deux compagnies fusionnèrent en 1821 sous le nom et la charte de la Compagnie de la baie d'Hudson. La compagnie issue de cette fusion fut extrêmement puissante. Elle permit, en outre, aux Britanniques de revendiquer la côte Pacifique.