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Obasanjo, Olusegun

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Obasanjo, Olusegun, (1937- ), homme d’État nigérian, président du Nigeria (1999-2007).

Général de l’armée nigériane parvenu au pouvoir dans des circonstances dramatiques, puis écarté des rangs d’une armée omniprésente dans la vie politique locale, Olusegun Obasanjo a assuré une certaine stabilité au Nigeria et œuvré à la première transition d’un régime civil à un autre depuis l’indépendance du pays.

2   DU SÉMINAIRE À L’ARMÉE

Né dans le sud-ouest du Nigeria, Olusegun Obasanjo est originaire de la grande ville yoruba d’Abeokuta, capitale de l’État de l’Ogun et foyer traditionnel de contestation (c’est également la ville natale du chanteur Fela). Issu d’une famille chrétienne de confession baptiste, il entre très tôt au séminaire. Après avoir quitté les études religieuses pour l’enseignement, il rejoint les rangs de l’armée en 1958, deux ans avant l’indépendance du Nigeria. Formé à l’école britannique, il côtoie les autres futurs généraux, pour la plupart des musulmans du Nord, qui confisqueront le pouvoir et la rente pétrolière pendant un quart de siècle.

À la tête d’une unité d’élite pendant la guerre du Biafra, le général Obasanjo reçoit en 1970 la reddition des sécessionnistes biafrais. En 1975, après la chute du général Yakubu Gowon, il est nommé chef d’état-major. Il prend le pouvoir l’année suivante à la suite de l’assassinat du général Murtala Mohammed.

3   UN GÉNÉRAL PUTSCHISTE

Les trois années qu’Olusegun Obasanjo passe à la tête du pays sont marquées par la répression violente menée contre la contestation étudiante et par les atteintes à la liberté de la presse — « Gare aux journalistes «, fait-il placarder à l’entrée de sa propriété. Des petits propriétaires lui reprochent en outre le décret de 1978 relatif à l’exploitation du sol. Toutefois, l’opinion publique retient de lui le vote d’une Constitution fédérale inspirée de celle des États-Unis et, surtout, la remise du pouvoir à un gouvernement civil (dirigé par Shehu Shagari) dès 1979, à l’issue de la tenue d’élections libres. Cette démarche, inédite dans ce pays secoué par de nombreux coups d’État militaires, restera également une exception en Afrique.

L’ancien général putschiste se retire dans sa ferme, se présentant comme un « éleveur de poulets « écrivant ses mémoires (Ce que j’ordonne, ce que je ne veux pas), toujours prêt à dispenser des conseils au personnel politique. Sa contribution à plusieurs projets dans le cadre de l’Organisation des Nations unies (ONU) lui vaut une certaine renommée internationale.

4   UN PRÉSIDENT ÉLU DÉMOCRATIQUEMENT

Très critique à l’égard des militaires qui ont de nouveau pris les rênes du pouvoir, l’ancien général à la retraite paie chèrement sa popularité : accusé de complot, il est condamné à mort en 1995, sous la dictature du général Sani Abacha. Il obtient une commutation de peine à la faveur d’une campagne internationale. En 1998, à la suite de la mort de Sani Abacha, il est libéré de prison par le général Abubakar.

Olusegun Obasanjo revient démocratiquement au pouvoir en remportant l’élection présidentielle de février 1999. Élu sous la bannière du Parti démocratique du peuple (People’s Democratic Party, PDP), avec 63 p. 100 des suffrages, il bénéficie du soutien de l’armée — notamment de la confiance du général Ibrahim Babangida, à la tête du pays de 1985 à 1993 —, mais aussi d’une partie de l’électorat musulman. La communauté internationale le perçoit comme un démocrate capable d’assurer la stabilité du « géant de l’Afrique de l’Ouest «.

Pour le nouveau président nigérian, « la réconciliation nationale est un acte politique qui doit précéder l’aspect économique et social «. Outre son combat contre les divisions ethniques et religieuses qui déchirent le Nigeria, ses priorités sont la lutte contre la corruption et la neutralisation des ambitions politiques de l’armée (il procède pour cela à une vaste purge parmi les officiers supérieurs).

5   UNE RÉÉLECTION ENTACHÉE D’ACCUSATIONS DE FRAUDE

En 2003, au terme de son mandat, Olusegun Obasanjo laisse un bilan mitigé. Si l’unité nationale est préservée, le pays est régulièrement ébranlé par de sanglants affrontements communautaires et religieux. En outre, le pouvoir central n’est pas en mesure d’empêcher l’entrée en vigueur de la charia (la loi islamique) dans plusieurs États du Nord, à majorité musulmane, au mépris de la laïcité reconnue dans la Constitution de la fédération. Au nombre de ses actifs, Olusegun Obasanjo fait notamment valoir le respect des libertés fondamentales et le fort relèvement du niveau de vie des fonctionnaires. Il bénéficie en outre d’un certain prestige sur le plan international, lié à son rôle dans le règlement des conflits en Sierra Leone et au Liberia, ainsi que dans la création du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique).

Lors de l’élection présidentielle d’avril 2003, le président sortant est réélu dès le premier tour avec près de 62 p. 100 des suffrages, contre 32 p. 100 des voix pour son principal adversaire, le général Muhammadu Buhari, musulman du Nord publiquement favorable à l’application de la charia. « Farce électorale « pour l’opposition, cette réélection est entachée de graves irrégularités d’après les observateurs internationaux. Pour ce second mandat, le président nigérian donne la priorité à la poursuite de la lutte contre la corruption et aux réformes économiques. Le désengagement économique de l’État a cependant un coût social élevé, tandis que les problèmes d’insécurité et la faiblesse des infrastructures tendent à dissuader les investisseurs étrangers.

La fin de la présidence Obasanjo est marquée par une recrudescence des violences et un recul de la démocratie. Après avoir échoué en 2006 à obtenir du Parlement un amendement constitutionnel lui permettant de briguer un troisième mandat consécutif et, selon ses partisans, d’achever son programme de réformes, Olusegun Obasanjo orchestre sa succession en choisissant Umara Yar’Adua comme candidat du PDP (le parti du président) à l’élection présidentielle d’avril 2007. S’il est reconnu comme un homme intègre, ce gouverneur d’un État du Nord du pays est quasiment inconnu sur la scène politique nationale et sa personnalité effacée fait peser des soupçons sur la réelle volonté du président sortant de quitter le pouvoir. Après l’élection d’Umara Yar’Adua et la victoire du PDP aux élections législatives, Olusegun Obasanjo est contraint de reconnaître les violences et les fraudes ayant gravement entaché les scrutins qui viennent de se dérouler. Au crédit de son bilan, il met en avant la stabilité du pays et assure avoir rendu l’espoir aux Nigérians ; parvenu à éteindre la dette du pays, il est également devenu une figure incontournable de la diplomatie africaine. Ses détracteurs pointent l’instrumentalisation de la lutte anticorruption au préjudice des opposants du PDP, la détérioration de la sécurité dans la région pétrolière du delta du Niger, en proie à des violences incessantes, et l’aggravation des conditions de vie de la population.

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