Obote, Apollo Milton

Obote, Apollo Milton (1925-2005), homme d’État ougandais, président de l’Ouganda de 1966 à 1971 et de 1980 à 1985.

Né dans le nord de l’actuel Ouganda, alors sous protectorat britannique, fils d’un chef de l’ethnie lango, Apollo Milton Obote étudie à l’université de Makéré, où ont été formés de nombreux indépendantistes africains. Ayant gagné le Kenya en 1950, il prend part au mouvement politique anticolonialiste et fonde en 1960, avec Jomo Kenyatta, l’Union nationale africaine du Kenya (Kenyan African National Union, Kanu). Revenu en Ouganda en 1957, élu au Conseil législatif l’année suivante, il participe en 1959 à la création du Congrès du peuple ougandais (Uganda People’s Congress, UPC).

Lorsque le pays accède, en 1962, à l’indépendance au sein du Commonwealth, Apollo Milton Obote est nommé Premier ministre de l’État toujours présidé par le kabaka Mutesa II — le kabaka était à l’origine le souverain du royaume méridional de Buganda fondé par l’ethnie des Bagandas. Apollo Milton Obote, désireux de briser la domination économique et politique du Buganda, dépose Mutesa II en 1966, avec l’aide d’Idi Amin Dada, son chef d’état-major. Il abolit la monarchie et s’autoproclame président.

Apollo Milton Obote instaure un régime présidentiel fondé sur un parti unique qui se réfère au socialisme, tout en reposant sur un système policier usant de l’arbitraire et de la violence. En 1971, alors que le président Obote est absent du pays, Idi Amin Dada prend le pouvoir. Soutenu par les États-Unis et la Grande-Bretagne, il instaure à son tour un régime fondé sur la terreur.

Exilé en Tanzanie, Apollo Milton Obote revient en Ouganda en 1979 après la chute du despote. Élu à la tête de l’État en décembre 1980 à la suite de la victoire de l’UPC aux élections générales, il gouverne cependant lui aussi de manière dictatoriale et poursuit la politique répressive d’Idi Amin Dada à l’encontre des Bagandas, qui se regroupent au sein de l’Armée nationale de résistance (National Army Resistance, NRA), dirigée par Yoweri Museveni. La guérilla qui oppose le régime à la NRA et aux commandos restés fidèles à Idi Amin Dada aurait fait 300 000 morts durant le second mandat du président Obote.

Renversé par l’armée en 1985, le président déchu se réfugie en Zambie, où il vit en exil jusqu’à sa mort, tandis que Yoweri Museveni accède à la tête de l’Ouganda en 1986.