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Omeyyades, dynastie des

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Omeyyades, dynastie des ou Umayyades (en arabe Umawi), dynastie de califes arabes, qui a régné depuis Damas sur l’empire musulman (661-750), puis depuis Cordoue sur l’Espagne musulmane (756-1031).

Premiers successeurs des califes « bien guidés « (compagnons de Mahomet), les Omeyyades ont été de grands conquérants, fondateurs d’un empire musulman multiethnique. Chefs temporels plus que guides spirituels, ils ont centralisé leur pouvoir, développé l’administration califale, et été de remarquables bâtisseurs.

2   LES OMEYYADES DE DAMAS (661-750)

La dynastie des Omeyyades a été fondée par le gouverneur de Syrie Mu’awiya, descendant d’Omeyya (un membre de la tribu des Qoraychites, à laquelle appartenait aussi le prophète Mahomet).

2.1   Mu’awiya, fondateur de la dynastie

Après la mort du troisième calife Othman, assassiné en 656, Mu’awiya (proche parent du défunt) refuse de reconnaître comme quatrième calife Ali (cousin et gendre de Mahomet), le considérant responsable de cet assassinat. En 657, les partisans de Mu’awiya et ceux d’Ali s’affrontent et, au cours de la bataille de Siffin (une plaine du nord de la Syrie), s’accordent pour un arbitrage de la querelle successorale ; Ali et Mu’awiya se retrouvent alors tous deux simples candidats au califat. Un groupe de partisans d’Ali — connus plus tard sous le nom de kharijites —, furieux que celui-ci se soumette à ce qu’ils jugent être un affront, jurent d’assassiner les deux prétendants. Ils ne parviennent qu’à tuer Ali en 661. Si le fils d’Ali, Hassan, revendique à son tour le califat, il abdique quelques mois plus tard sous la pression des puissants partisans de Mu’awiya. C’est ainsi que Mu’awiya s’impose en 661 à la tête du califat, et devient le cinquième successeur de Mahomet. Après avoir transféré la capitale de Médine à Damas (aujourd’hui en Syrie), il proclame en 678 son fils Yazid héritier de sa charge, remettant par là même en cause le principe électif du califat.

En 680, lorsque meurt Mu’awiya, Yazid devient calife, malgré la désapprobation d’une partie de la communauté des croyants qui le tient pour responsable de la mort du deuxième fils d’Ali, Hussein, également prétendant à la succession. De fait, l’une des particularités des califes omeyyades — dont la souveraineté n’est pas reconnue par tous dans l’empire — est de devoir faire face à des révoltes politiques et religieuses au sein même de leur empire califal. Jusqu’à leur chute, ils ne cessent de multiplier les opérations militaires pour imposer leur pouvoir.

2.2   Les conquêtes omeyyades

Les Omeyyades agrandissent considérablement le territoire de l’empire musulman. S’ils échouent à plusieurs reprises aux portes de Constantinople (aujourd’hui Istanbul), capitale de l’Empire byzantin, ils conquièrent l’Afrique du Nord (660-709), la plaine de l’Indus (710-713) et la Transoxiane (709-711, aujourd’hui une région de l’Ouzbékistan). Puis, en 711, les troupes califales d’al-Walid Ier (705-715) franchissent le détroit de Gibraltar et prennent Cordoue, provoquant l’effondrement du royaume des Wisigoths d’Espagne. Les armées musulmanes marchent ensuite sur la France, où elles sont mises en échec aux portes de Poitiers, en 732, par les forces de Charles Martel.

En 750, les Omeyyades contrôlent un vaste territoire, qui s’étend du Maroc actuel et de la plus grande partie de l’Espagne, aux frontières de la Chine et de l’Inde du Nord.

2.3   La civilisation arabo-musulmane sous les Omeyyades

Sous le califat du cinquième omeyyade, Abd al-Malik (685-705), est mise en place une administration de plus en plus centralisée : la langue arabe remplace le grec et le persan dans les services de l’État ; les monnaies byzantines en cours sont remplacées par une monnaie d’or musulmane (le dinar), aux inscriptions coraniques ; le réseau routier est fortement développé. Pour sa part, le calife Hisham (724-743) mène une politique de développement agricole et économique, en favorisant les chantiers d’assainissement et d’adduction d’eau.

Grands bâtisseurs, les Omeyyades élèvent de nombreux monuments dans les villes de leur empire : pour exemple, le dôme du Rocher à Jérusalem, érigé sur l’initiative du calife Abd al-Malik ; ou, sous le califat d’al-Walid, la Grande Mosquée de Damas (édifiée sur les ruines de la basilique byzantine Saint-Jean-Baptiste) ainsi que la mosquée al-Aqsa de Jérusalem. De même, les Omeyyades font construire de nombreux palais et pavillons de chasse, dont des vestiges subsistent dans le désert de Syrie.

2.4   Les Omeyyades face à la communauté musulmane

L’institution d’un califat dynastique (donc héréditaire) cristallise une forte opposition aux Omeyyades, dès leur prise du pouvoir. En particulier, les partisans d’Ali soutiennent que seuls les descendants du Prophète peuvent prétendre à la direction de la communauté des croyants (umma) ; cette opposition née de la mise en place du califat omeyyade est à l’origine du schisme entre sunnites (pour lesquels le calife doit être un Arabe issu de la tribu de Mahomet, les Qoraychites) et chiites (qui n’acceptent pour prétendants légitimes au califat que les descendants d’Ali).

Il est également fait grief aux dirigeants omeyyades de se tourner davantage vers les valeurs temporelles que spirituelles, et de ne pas ouvrir la religion musulmane à tous, la réservant aux seuls Arabes. Ainsi, les mawali (nouveaux convertis non arabes, considérés comme des musulmans de seconde zone par le pouvoir) accusent les Omeyyades de laxisme religieux et d’indifférence envers leurs demandes de fraternité totale dans la communauté musulmane. En effet, les Omeyyades fondent un système fiscal qui repose en grande partie sur la taxation des non Arabes, même musulmans. Au sein de ce système économique, les conversions à l’islam ne sont donc pas encouragées, et cette « arabisation « de l’empire omeyyade au détriment des populations grecques, syriennes ou persanes contribue à affaiblir le califat, en l’isolant de ses soutiens traditionnels.

2.5   La chute des Omeyyades de Damas

La dynastie des Omeyyades est renversée par les Abbassides, à la suite d’une révolte qui éclate en 747 dans la province de Khurasan, dans le nord-est de la Perse (en Iran oriental). Ayant débuté par des dissensions entre factions de l’armée arabe, cette révolte est alimentée par le mécontentement des musulmans, arabes ou non, qui se sentent exclus du pouvoir et des richesses. En 750, la victoire finale des Abbassides à la bataille du Zab marque la chute définitive des Omeyyades ; le dernier calife s’enfuit en Égypte, où il est assassiné quelques mois plus tard. La dynastie des Abbassides instaure un nouveau califat et règne dès lors sur l’empire, depuis la nouvelle capitale Bagdad.

3   LES OMEYYADES DE CORDOUE (756-1031)

Après la chute du califat de Damas, Abd al-Rahman — l’un des membres de la famille des Omeyyades survivant du massacre dont elle a été l’objet en 750 — parvient à rejoindre al-Andalus (nom de l’Espagne musulmane), et s’empare de Cordoue en 756. Il se fait reconnaître souverain avec le titre d’amir (émir), fondant ainsi l’émirat de Cordoue. Cette lignée des Omeyyades dirige l’Espagne musulmane de 756 à 1031.

À partir de 929, Abd al-Rahman III s’affranchit de l’autorité politique et religieuse de Bagdad, en prenant le titre de calife. Au cours des xe et xie siècles, le califat de Cordoue devient le siège d’une culture raffinée, et s’érige en rival de l’émirat de Bagdad. Le règne des Omeyyades prend fin en 1031, le califat étant dès lors divisé en petites principautés, appelées royaumes de Taifas.

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