panslavisme
Publié le 11/02/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
panslavisme, mouvement politique et culturel, apparu au cours du XIXe siècle et visant à développer dans un premier temps l'identité slave, puis à lui donner un contenu politique en affirmant la solidarité internationale entre les nations et les peuples slaves.
2 | LES FONDEMENTS DU PANSLAVISME |
Le panslavisme apparaît vers 1830, d'abord chez des hommes de plume qui souhaitent faire revivre les langues slaves, dominées par l'allemand ou le hongrois. En 1824 est publié l'ouvrage Fille de Slava, écrit par le Slovaque Jan Kollar (1793-1852), qui devient le chantre de la solidarité slave.
Les « éveilleurs « tchèques, attachés au réveil de leur langue, participent également à ce courant : František Palacký, homme politique modéré et fondateur du Musée national en 1831, édite de nombreux ouvrages en tchèque ; Josef Dobrovský, savant grammairien, historien et critique littéraire, fonde la slavistique scientifique, tandis que Pavel Josef Safárik célèbre l'histoire slave dans son livre les Antiquités slaves (1837).
3 | LE CONGRÈS PANSLAVE DE PRAGUE |
Tous ces intellectuels préparent les esprits à l'émergence de la conscience slave, qui prend forme contre la conscience nationale allemande et le pangermanisme. En mai 1848, František Palacký et le Slovaque Ludovit Stúr lancent l'Appel aux Slaves. Ce texte réagit contre la diète du Saint Empire romain germanique réunie à Francfort en mars 1848, qui réclame à l'Empire autrichien les moyens de réussir l'unité allemande en intégrant dans la future Allemagne la Bohême, de langue tchèque.
Dénonçant cette situation de soumission des Slaves, l'Appel aux Slaves convoque un congrès panslave à Prague, pour mettre en évidence les intérêts communs à tous les Slaves. Il s'ouvre le 31 mai 1848 et réunit des représentants de la Bohême, de la Pologne, de la Croatie, de la Dalmatie, de la Silésie et de la Serbie, qui envisagent non seulement de protéger, d’organiser et de promouvoir la culture slave, mais aussi de lui donner un contenu politique. Le congrès s'achève cependant dans la violence : le 12 juin, le général autrichien Windischgrätz bombarde la ville et proclame l'état de siège. La révolution tchèque a vécu, mais l'idée du panslavisme lui survit.
4 | LA RUSSIE, CHAMPIONNE INTÉRESSÉE DU PANSLAVISME |
Le panslavisme est repris à partir des années 1860 par la Russie, qui s’implique dans le mouvement en le transformant : elle organise le deuxième congrès slave à Moscou en 1867. Seul État slave indépendant, la Russie entend devenir la protectrice de tous les Slaves vivant dans d'autres États, ce qui lui permet de légitimer ses desseins expansionnistes. Assignant pour mission à la Russie la libéralisation des peuples slaves opprimés de la péninsule des Balkans, Danilevski (la Russie et l’Europe, 1871) relaie, comme plusieurs intellectuels russes — les « slavophiles «, avec pour chef de file Khomiakov —, cette politique expansionniste de l’empire tsariste.
Cette dernière apparaît clairement lorsque Alexandre II déclare la guerre à la Turquie, le 24 avril 1877, avec pour objectif d’en « libérer « les Slaves assujettis. La guerre russo-turque débouche sur la signature du traité de San Stefano, le 3 mars 1878, lequel consacre l’indépendance de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro, et crée une vaste principauté bulgare. L'influence russe s'exerce alors sensiblement dans ces territoires. Plus tard, le soutien russe aux Serbes, en lutte contre l'Autriche-Hongrie, est l’une des causes de la Première Guerre mondiale.
5 | UN RENOUVEAU RÉCENT |
À la suite de la Révolution russe de 1917, le panslavisme décline dans les pays de l’Est. Néanmoins, un comité panslave est créé par Staline dès l’attaque allemande contre l’URSS en 1941 : la propagande soviétique renoue alors avec les références russes.
Si la constitution du bloc de l’Est dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale ne peut pas être considérée comme la consécration du panslavisme, en raison de la longue rivalité qui oppose l'URSS à la Yougoslavie de Tito, le panslavisme est de nouveau invoqué pour justifier la sollicitude de la Russie pour la Serbie de Slobodan Milošević dans les années quatre-vingt dix, alors que se déroulent l'épuration ethnique en Bosnie-Herzégovine et la répression contre les Albanais du Kosovo.