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papauté en Avignon

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

papauté en Avignon, nom donné à la période durant laquelle le pape de l’Église catholique romaine et la Curie ont résidé en Avignon (1309-1376). Lors du Grand Schisme d’Occident (1378-1417), Avignon est ensuite devenue le siège de deux antipapes.

En référence aux soixante-dix années que les juifs ont passées en captivité à Babylone, les Italiens ont appelé cet épisode la « seconde captivité de Babylone «. Les papes qui se sont succédé en Avignon sont Clément V (1305-1314), Jean XXII (1316-1334), Benoît XII (1334-1342), Clément VI (1342-1352), Innocent VI (1352-1362), Urbain V (1362-1370) et Grégoire XI (1370-1378, qui quitte Avignon pour Rome en 1376), ainsi que les antipapes Clément VII (1378-1394) et Benoît XIII (1394-1423, réfugié en Aragon à partir de 1417).

2   L’INSTALLATION DE LA PAPAUTÉ EN AVIGNON

Après le pontificat de Boniface VIII, marqué par un conflit entre le pape et Philippe IV le Bel (voir attentat d’Anagni), un pape d’origine française est élu en 1305 : Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, devenu Clément V. L’installation du pape en Avignon est le résultat des troubles qui sévissent en Italie (où les factions rivales ont régulièrement compromis la sécurité des papes) et de deux préoccupations de Clément V : le rapprochement franco-anglais, prélude indispensable pour reprendre la croisade, et l’achèvement de l’affaire des Templiers pour laquelle un concile doit se réunir à Vienne en 1312.

Le 9 mars 1309, Clément V s’installe, en principe provisoirement, dans le couvent des dominicains d’Avignon ; mais, la persistance des tensions en Italie et l’affaiblissement physique du pape empêchent son retour à Rome. Clément V meurt en 1314. Le conclave réuni pour élire son successeur dure deux ans et aboutit à l’élection d’un homme âgé de soixante-douze ans, Jacques Duèse, en lequel les cardinaux voient un pape de transition. En fait, le pontificat de Jean XXII s’achève en 1334.

3   LA FORTUNE D’AVIGNON

Au cours de son pontificat, Jean XXII cherche à transformer Avignon pour l’adapter à sa nouvelle fonction : le retour à Rome est en effet rendu difficile par l’agitation du pays où les partisans de l’empereur Louis IV de Bavière sont puissants. Ces transformations, poursuivies ultérieurement, font de la ville encore modeste du début du xive siècle une puissante cité peuplée de 30 000 âmes en 1376. Jean XXII s’installe dans le palais épiscopal qu’il fait embellir ; son successeur, Benoît XII, fait construire par l’architecte Pierre Poisson le palais des Papes permettant d’abriter toute l’administration de la Curie (cinq cents membres), avec la soldatesque et la domesticité qui y sont rattachées. Jean de Louvres double pour Clément VI la superficie du bâtiment, tandis que la décoration intérieure est confiée à des artistes venus d’Italie comme Matteo Giovannetti : Avignon semble alors être la résidence attitrée des papes, et de très nombreux palais sont édifiés pour héberger la cour du Saint-Siège.

Ces grands travaux vont de pair avec une réforme profonde des institutions pontificales. Clément V puis Jean XXII mettent en place un système fiscal assurant des revenus importants et réguliers au Saint-Siège. Jean XXII restaure une partie de la puissance pontificale face aux pouvoirs politiques nationaux, en reprenant en main la nomination aux principaux bénéfices ecclésiastiques (évêchés). Les papes d’Avignon jouissent d’une stabilité jusqu’alors inconnue de la Curie. Malgré la peste noire de 1348 (la moitié de la population aurait péri de l’épidémie), la prospérité avignonnaise est éclatante au milieu du xive siècle.

Pourtant, Benoît XII comme Clément VI échouent dans la reconquête de l’Italie et dans leur volonté de faire revenir la papauté à Rome — comme dans leurs tentatives de médiation pendant la guerre de Cent Ans. En 1348, Clément VI achète Avignon à Jeanne Ire de Naples, comtesse de Provence, pour 80 000 florins d’or. Innocent VI profite de la présence à ses côtés du cardinal et stratège Albornoz pour pacifier les États italiens de l’Église. Son successeur, Urbain V, convaincu que le siège du pape est à Rome, demeure pourtant la majeure partie de son règne en Avignon, afin de poursuivre les efforts de médiation de ses prédécesseurs dans la guerre de Cent Ans ; il entend cependant retourner à Rome, mais son voyage de 1367 est un échec et il revient en Avignon pour y mourir. En revanche, Grégoire XI organise effectivement la translation de la cour pontificale d’Avignon, qu’il quitte en 1376. Cependant, quand il meurt en 1378, une partie importante de l’administration pontificale est encore avignonnaise.

4   LES PAPES AVIGNONNAIS LORS DU GRAND SCHISME D’OCCIDENT (1378-1417)

À la mort de Grégoire XI, les troubles qui agitent Rome amènent le collège des cardinaux à élire unanimement un Italien, Urbain VI. La régularité de cette élection est mise en doute, et un nouveau vote désigne Clément VII, concurremment à Urbain VI, lequel, établi à Rome, ne démissionne pas. Clément VII (antipape) s’installe alors en Avignon. Les souverains de la chrétienté soutiennent l’un ou l’autre des deux papes.

La mort d’Urbain VI ne résout pas le conflit, les cardinaux ne reconnaissant pas le pape d’Avignon. Benoît XIII, élu en 1394, est le dernier (anti)pape à résider en Avignon. Il est déposé par le concile de Constance, en 1417 — concile qui met fin au Grand Schisme — mais refuse de démissionner et se réfugie en Aragon.

À la fin du xive siècle, une partie importante des activités de l’administration pontificale a encore son siège en Avignon ; les progressives défections au profit des papes romains ramènent peu à peu Avignon au rang de simple possession du Saint-Siège, tandis que Rome retrouve l’ensemble de ses compétences de capitale de la chrétienté catholique.

5   BILAN DE LA PAPAUTÉ EN AVIGNON

Les papes en Avignon ont mis en place une administration et une fiscalité efficaces qui ont fait de la papauté un véritable État organisé. Les constitutions des papes Jean XXII et Clément VI ont finalisé le corpus juris canonici, fondement de la législation de l’Église catholique jusqu’en 1917. La papauté en Avignon a également été une cour où les souverains pontifes ont exprimé leur goût du luxe et leur intérêt pour la culture, en accueillant de nombreux savants, poètes, écrivains, artistes, et en consacrant une partie de leurs revenus à la construction de palais et au développement des arts picturaux et musicaux.

Ne se sentant pas détachés de la puissance temporelle, les papes avignonnais ont mené une politique de chefs d’État aux dépens de la réforme spirituelle de l’Église. L’autoritarisme centralisateur qui s’est développé depuis, le poids de la fiscalité pontificale, le style de vie fastueux (très exagéré au demeurant par les polémistes italiens) des papes parfois peu en accord avec leur ministère, et leurs revendications de puissance temporelle exprimées dans la reconquête de l’Italie ont provoqué une crise dans la chrétienté. Cette crise politique et morale s’est aggravée d’une crise théologique : le débat lancé par les franciscains sur la pauvreté du clergé a renforcé la thèse, énoncée par Marsile de Padoue et Guillaume d’Occam, de la « captivité babylonienne «. Le talent de ces polémistes a contribué de façon décisive à la victoire des papes romains. Le Grand Schisme d’Occident, né de la puissance du Sacré Collège des cardinaux et de la confiscation par les États nationaux de l’enjeu de l’élection pontificale, a accentué le sentiment de malaise des chrétiens face à une Église déconsidérée : ainsi, le rôle qu’a joué la papauté avignonnaise dans les crises qu’a connues, à partir du xve siècle, la chrétienté catholique fait-il aujourd’hui encore l’objet de débats historiques importants.

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