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patriotes, rébellion des

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

patriotes, rébellion des, série d’insurrections survenues au Canada contre le pouvoir colonial britannique (1837-1838). La crise, sous-tendue par des aspirations indépendantistes, a contribué à un durcissement du régime colonial.

2   LA CRISE DU BAS-CANADA

À partir des années 1820, les Canadiens francophones du Bas-Canada (actuelle province de Québec) réclament plusieurs mesures réformatrices et notamment la création d’un gouvernement représentatif et responsable. Le gouvernement en place se heurte en outre à l’opposition des patriotes, parti dirigé par Louis Joseph Papineau et vecteur essentiel des aspirations nationalistes et démocratiques des francophones à l’assemblée. En 1834, les patriotes expriment clairement leur désir de réforme dans une liste de revendications adressées au gouvernement britannique, revendications connues sous le nom de « 92 Résolutions « : ils prônent que le conseil législatif soit désormais élu, mais aussi que les membres du conseil exécutif soient désignés par l’assemblée ; par ailleurs, en s’attachant à contrer la politique menée par l’oligarchie régnante, les patriotes paralysent le gouvernement régional.

Dans les premiers mois de 1837, le gouvernement britannique entreprend de briser ce contre-pouvoir. Lord John Russell, ministre britannique, refuse catégoriquement d’étudier les revendications en faveur d’une réforme des conseils législatif et exécutif. Par ailleurs, Russel énonce, dans dix résolutions, des principes hégémoniques qui doivent également prendre effet dans le Haut-Canada anglophone (actuel Ontario).

En réaction, une vague de protestations déferle sur le Bas-Canada (printemps-été 1837) : à la périphérie de Montréal, des paysans forment des milices locales et prennent à partie magistrats et grands propriétaires terriens. Aussi, en novembre, le gouverneur lance-t-il une offensive contre les fiefs établis par les patriotes dans ces zones rurales. Les patriotes réussissent à repousser les « habits rouges « lors de la bataille de Saint-Denis (23 novembre), mais sont bientôt mis en déroute à Saint-Charles (25 novembre) et à Saint-Eustache (14 décembre).

3   L’ENTRÉE EN LICE DU HAUT-CANADA

Dans le Haut-Canada, le régime colonial a reçu l’aval d’une plus grande partie de la population et bénéficie notamment du soutien des immigrants britanniques récents. Néanmoins, l’animosité envers l’oligarchie des fonctionnaires non élus est grande. Journaliste et ancien maire de Toronto, William Lyon Mackenzie s’attache en outre à exacerber le sentiment d’hostilité vis-à-vis du gouvernement et, lorsque la rébellion éclate dans le Bas-Canada, il offre son aide aux patriotes. Dans les campagnes situées au nord de Toronto, de nombreux mécontents se rassemblent et cherchent à marcher sur la capitale, mais ces derniers tardent à agir, laissant au gouvernement le temps de mobiliser une milice locale : les rebelles sont mis en déroute et, à la mi-décembre 1837, la révolte est matée dans les deux provinces. Désormais soumis à la loi martiale, le Bas-Canada est alors occupé par les troupes britanniques.

À l’instar de Mackenzie (qui établit un camp sur l’île Navy, au beau milieu du fleuve Niagara), de nombreux rebelles trouvent refuge dans le nord des États-Unis où, forts du soutien d’alliés locaux, ils fondent des confréries secrètes (Hunters’ Lodges) dans le but de ranimer la flamme de la rébellion. Soucieux de ne pas entacher ses relations commerciales avec la Grande-Bretagne, le gouvernement américain fait procéder à des patrouilles sur la frontière afin d’empêcher les incursions de rebelles. En 1838 néanmoins, les confréries réussissent à mener plusieurs raids transfrontaliers et, bien qu’éphémère, un nouveau soulèvement a lieu dans le Bas-Canada (novembre). La répression britannique est alors brutale : emprisonnements, déportations et pendaisons.

4   CONSÉQUENCES DE LA RÉBELLION

Au lendemain de la rébellion, l’attitude du pouvoir colonial se durcit ; en mai 1838, le comte de Durham est nommé gouverneur général mais doit démissionner quatre mois plus tard pour avoir suscité le mécontentement du gouvernement britannique en déportant, sans y avoir été invité, plusieurs rebelles aux Bermudes. À son retour en Grande-Bretagne, il rédige un rapport commandant l’instauration d’un gouvernement responsable et la fusion des deux Canada, afin d’assimiler les Canadiens francophones. Le Premier ministre britannique, lord Melbourne, ne retient que l’idée d’une unification des deux territoires, ce qui est entériné par l’Acte d’Union de 1840. Cet acte engendre la création d’une seule province pour laquelle les habitants de l’ancien Haut-Canada et ceux de l’ancien Bas-Canada reçoivent un nombre identique de sièges au sein d’une assemblée unique. La visée ouvertement assimilationniste de l’acte révolte les Canadiens francophones, qui se montrent plus résolus à préserver à la fois leur identité et leur langue.

Le système politique institué en application de l’Acte d’Union est, dans une large mesure, soumis au bon vouloir du gouverneur général. Charles Bagot, l’un des premiers à exercer cette charge, s’attache à promouvoir les intérêts des Canadiens francophones en nommant nombre d’entre eux aux hautes fonctions et en leur assurant une représentation au conseil exécutif : il permet ainsi l’émergence d’un véritable gouvernement représentatif. À l’inverse, son successeur, Charles Metcalfe, encourage ouvertement les électeurs à soutenir les candidats qui contribueraient à affermir le pouvoir de la majorité britannique. Son successeur, James Bruce, alias lord Elgin, prend quant à lui conscience que la communauté francophone peut se révéler un atout important face aux velléités d’annexion des États-Unis. Lors de l’assemblée de 1849, il exhorte les différents groupes à s’engager sur la voie d’une politique de concessions et de compromis qui permet d’aboutir à une paix de facto demeurée en vigueur jusqu’en 1867, date à laquelle le dominion du Canada est institué.

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