Piazza Armerina

Piazza Armerina, ville de Sicile, située dans la province d’Enna, qui doit sa notoriété à l’antique villa del Casale.

Juchée sur la ligne de crête de trois collines verdoyantes contiguës, Piazza Armerina a un passé historique mémorable. C’est là en effet qu’en 1296, Frédéric III d'Aragon convoque le Parlement qui décide de la guerre contre son frère Charles d’Anjou. Ce passé est remémoré chaque année au mois d’août au cours d’une grande fête populaire, dite « palio des Normands «. Devenu aujourd’hui un important centre agricole, Piazza Armerina se consacre principalement à la viticulture et à la production d’huile d’olive.

Dans la partie haute du centre historique s’élèvent de nombreux édifices de la Renaissance et de la période baroque, dont le Dôme, une des plus impressionnantes églises baroques de Sicile, construite en 1604. Elle abrite dans la nef un remarquable crucifix en bois (1485) de style byzantin, d’une hauteur de 6 m, couramment attribué à Pietro Ruzzolone.

Les vestiges de l’antique villa del Casale s’élèvent à trois kilomètres de la zone d’habitation actuelle, dans la direction sud-ouest, au cœur d’une grande vallée fertile, le long du fleuve Gela. Cette villa patricienne est édifiée au Bas-Empire (première moitié du IV^e siècle apr. J.-C.), sur un site déjà occupé à l’époque préhistorique dans un latifundium (domaine rural) qui avait pour nom Philosophiana. Tour à tour assaillie par les Sarrasins et les Normands, la villa est ensevelie sous la boue en 1161 à la suite d’un glissement de terrain. Ce cataclysme a notamment contribué à ce que la villa soit préservée des dommages du temps et du pillage des hommes.

Redécouverte en 1850, la villa del Casale a commencé à être explorée en 1929. Les fouilles archéologiques ont mis au jour plus de quarante pièces, disposées à flanc de colline, qui constituent le plus important témoignage de la civilisation romaine en Sicile. La villa est organisée sur quatre niveaux en quatre grands secteurs : à l’entrée, le quartier des thermes pourvu d’un gymnase, de latrines, d’un caldarium (salle chaude) contenant alveus (bain chaud), laconicum (bain de vapeur), tepidarium (bain tiède) et frigidarium circulaire (bain froid) ; sur la terrasse centrale, au deuxième niveau, les pièces nobles de la villa : le péristyle elliptique (xystus), les salles de représentation et les chambres d’hôtes autour du péristyle ; sur la troisième terrasse, la salle de réception trilobée à trois absides (ou triclinium) ; et enfin, située au plus haut niveau, la salle basilicale (pièce royale) ouvrant sur le Couloir de la grande chasse (porticus ampla) et les appartements privés (cubicula).

L’intérêt principal de la villa, outre son extraordinaire état de conservation, vient de ses pavements de mosaïques. Ce chef-d’œuvre des ateliers de mosaïstes probablement africains — couvrant une superficie de quelque 3 500 m² — est unanimement considéré comme l’un des plus importants et des plus beaux du monde romain, tant sur le plan technique que stylistique ou figuratif. Les plus belles mosaïques sont celles de la scène de chasse dans la « Salle de la petite chasse « (diaeta), mais surtout celles du « Couloir de la grande chasse «, d’une longueur de 59,63 m sur une largeur de 3 m. Les pavements les plus insolites sont ceux qui ornent la « Salle des dix jeunes filles « (cubiculum), où un groupe de jeunes gymnastes s’exerce en maillot de bain deux-pièces sur le bord d’une piscine, les célèbres « jeunes filles en bikini «. Les compositions qui ornent la salle de réception s’inspirent quant à elles de la mythologie gréco-romaine (travaux d’Hercule, métamorphoses de Daphné et de Cyparissus, gigantomachie), celles de la chambre du maître comportant une scène érotique dans laquelle s’enlacent deux amants à demi dénudés.

En 1997, la villa del Casale a été inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.

Population (2007) : 20 696 habitants.