pierre, âge de

pierre, âge de, aire culturelle correspondant pratiquement à l’époque géologique appelée quaternaire.

Depuis son apparition il y a quelque 2 millions d’années, le genre Homo, c’est-à-dire l’homme, s’est servi essentiellement de pierres. Il en a amélioré la taille en fonction de ses besoins, alors qu’évoluait sa capacité d’abstraction. Cette durée a couvert la presque totalité de l’histoire de l’humanité, au cours de laquelle Homo a vécu de chasse, de pêche et de cueillette.

L’âge de pierre a été divisé en plusieurs périodes couvrant des unités culturelles successives élaborées selon des méthodes de datation et faisant appel à des stratigraphies limitées par des chronologies très strictes. Pour leur établissement, on a également fait appel à la géologie, à la climatologie et à la paléontologie. Il ne faut toutefois pas négliger le caractère régional des chronologies, l’étalement des transitions entre les périodes, et, parfois, l’imbrication des cultures.

Cette périodisation a abouti à la détermination, déjà ancienne, d’un âge de la pierre taillée et d’un âge de la pierre polie avec des subdivisions : paléolithique inférieur, moyen, supérieur, épipaléolithique ou mésolithique, néolithique.

Le paléolithique inférieur voit apparaître Homo habilis en Afrique orientale (de 2 à 1,6 millions d’années). Son outil caractéristique est le galet aménagé dont on a enlevé un éclat en le frappant avec un autre galet pour obtenir un ou plusieurs tranchants.

Le véritable tailleur de pierre est Homo erectus (de 1,6 million à 300 000 ans environ), dont l’outil est le hachereau et le biface. Cette pierre en forme d’amande, taillée sur ses deux faces, a été l’objet d’une lente évolution et correspond à un étage appelé acheuléen. La précision dans l’enlèvement des éclats pour obtenir un objet prédéterminé est allée de pair avec l’augmentation de sa boîte crânienne (1 250 cm³ contre 800 cm³ pour Homo habilis), et sa sortie d’Afrique pour coloniser l’Asie et l’Europe.

Au paléolithique moyen (de - 300 000 à - 35 000 ans), deux nouvelles espèces du genre Homo apparaissent : Homo sapiens et Homo neanderthalensis, l’homme de Neandertal.

L’outillage est caractérisé par le débitage de la pierre pour obtenir des éclats utilisés ensuite comme outils une fois retouchés. La technique employée, dite « Levallois « (du nom du site éponyme dans la proche banlieue parisienne), consiste à prédéterminer sur la pierre (le nucléus) la forme de l’éclat désiré. L’industrie associée à l’homme de Neandertal est le moustérien (les préhistoriens parlent de « complexe industriel «), caractérisé par de nombreux outils en silex retouchés et diffusés dans toute l’Europe (- 150 000 ans environ).

Le paléolithique supérieur (de - 100 000 à - 10 000 ans environ) marque la colonisation de la Terre par Homo sapiens, c’est-à-dire l’homme moderne, apparu hors d’Europe. Il invente l’art (grottes Chauvet, Lascaux, Altamira, figurines féminines sculptées dans l’ivoire de mammouth) et fabrique un outillage de plus en plus économe en matière première, mais plus sophistiqué, plus diversifié et plus efficace, avec des lames et des lamelles, et de minuscules pièces taillées appelées microburins. Certaines conditions de conservation permettent de constater qu’il utilisait aussi l’os, le bois de cervidé, l’ivoire pour fabriquer des sagaies, des poinçons, des aiguilles et des harpons. Le paléolithique supérieur est divisé en de nombreux étages (périgordien, aurignacien, magdalénien) et sous-étages (châtelperronien, gravettien).

Le mésolithique, qui sert à désigner l’étape intermédiaire entre le paléolithique supérieur et le néolithique, est parfois appelé épipaléolithique (Afrique du Nord), mais sa chronologie est fluctuante.

Le néolithique marque un changement fondamental dans l’usage et la taille de la pierre. Si, au sens strict, il signifie « âge de la pierre récente « (terme moins employé), il met en évidence l’écartement progressif de la pierre au profit de la céramique et d’un nouveau genre de vie fondé sur la domestication des plantes et des animaux, et l’abandon d’une activité de chasseur-collecteur. L’usage du terme « pierre polie « n’implique pas l’apparition d’un nouvel âge de pierre, mais l’utilisation de pierres polies par une utilisation intensive comme meule ou broyeur de céréales. Le terme avait aussi été employé pour caractériser des haches mésolithiques, polies volontairement pour leur donner plus de résistance.