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PROGRAMME SCIENTIFIQUE

Publié le 17/01/2022

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scientifique
Conception développée par I. Lakatos selon laquelle une théorie scientifique se développe toujours à l'intérieur d'un programme. Différentes théories scientifiques peuvent se développer sur la base d'un même programme. Un programme correspond à une certaine vision du monde, et exprime souvent une pensée philosophique qui se prolonge des siècles durant, peut s'interrompre puis réapparaître. La mise en oeuvre de ce programme s'accompagne ou non de la constitution d'écoles scientifiques. Un programme s'articule autour de paradigmes. On peut se demander si les programmes scientifiques ne représentent pas des archétypes cognitifs fondamentaux L'antiquité n'a connu que trois programmes scientifiques : Un programme mathématique mis en place par les Pythagoriciens et poli par Platon, Deux programmes physiques : Le programme atomiste (Démocrite) Le programme continualiste (Aristote) qui dominera le Moyen Age La science moderne des XVII° et XVIII° siècles connaîtra quatre programmes qui s'accordaient sur le point fondamental de considérer que tous les phénomènes de la nature sont complètement soumis aux lois de la mécanique. Le programme de Descartes assume l'héritage de Platon et de Galilée en instaurant le primat des mathématiques ( la géométrie disait on alors). Dans ce but il identifie la matière et l'espace, la substance et l'étendue. Le programme atomiste ressurgit au XVII° siècle en particulier de par les efforts de Gassendi pour faire connaître l'oeuvre d'Epicure. Le programme de Newton où domine la méthode expérimentale affirmant une philosophie réaliste et substantialiste. Le programme de Leibniz beaucoup plus spéculatif en promouvant un idéal scientifique que vont partager les physiciens théoriciens des XIX° et XX° siècles sous forme d'une physique des principes. 257 L'oeuvre de Kant est une tentative de conciliation de ces programmes scientifiques, qui tente de dépasser l'opposition entre rationalisme et empirisme, dans une démarche dite transcendentale, fondée sur la notion de connaissance à priori. Le XIX ° siècle développe ces programmes et en prépare de nouveaux qui s'épanouiront au XX° siècle , avec en particulier l'apparition de la thermodynamique et de la physique statististique et le développement de l'électromagnétisme autour de la notion de champ. Mais la problématique de l'espace, du vide et de l'éther va provoquer le déclin du mécanisme matérialiste et du réalisme et susciter l'apparition d'un symbolisme de plus en plus abstrait qui dominera le siècle suivant. Le XX° siècle connaît cinq programmes scientifiques de base. Le programme atomistique et probabiliste qui se développe dans le cadre de la théorie des processus stochastiques et de la physique statistique. Entre l'atomisme et le hasard il y a toutes les marques d'une longue histoire commune, qui se renouvelle du fait du caractère novateur et fécond de l'emploi par Einstein des fluctuations comme révélateurs de structures granulaires. Structure atomique de la matière puis structure granulaire de la lumière. Le programme mécanique qui après avoir semblé stagner a explosé à travers la théorie des systèmes dynamiques et la physique non linéaire. Développant les outils permettant l'étude des mouvements complexes, et de la complexité en général, ce programme est le témoin d'un glissement d'intérêt du mouvement vers les formes, en particulier à partir des théories de l'auto organisation. Les programmes atomistique et mécanique s'entrecroisent fortement selon une tradition qui ne faiblit pas. Mais il y a encore bien du travail dans la perspective d'unification de ces deux programmes. En particulier la jonction entre probabilité et dynamique non linéaire pose bien des problèmes même pour les systèmes à nombre fini de degrés de liberté. Les difficultés dans l'application universelle de ces programmes donnent naissance à deux nouveaux programmes. Le programme géométrique issu de l'électromagnétisme et mûri par la relativité envahit toute la science du microcosme au macrocosme. Le paradigme central en est la concept de champ. S'appuyant sur la géométrisation de la mécanique hamiltonienne il développe une géométrisation de la physique. Le programme structuraliste, algébrico logique qui s'incarne dans la mécanique quantique et porte au pinacle le paradigme de la linéarité. En marge de tous ces programmes la deuxième moitié du siècle met en place un programme aux prétentions englobantes et ontologiques très larges. Le programme informationnel, qui proclame la nécessité de l'inscription matérielle de l'information, tout en promouvant l'information au stade d'une ontologie universelle, selon la formule lapidaire de J.A. Wheeler : « It from bit ». Ce programme s'inscrit largement dans l'idéologie régnante de la société informatisée.

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