Devoir de Philosophie

Provinces-Unies

Publié le 09/02/2013

Extrait du document

1   PRÉSENTATION

Provinces-Unies, État fédéral européen créé en 1579 et qui fut intégré aux Pays-Bas en 1815 à la suite du congrès de Vienne.

2   UN ÉTAT NÉ DE LA RÉBELLION

Les Provinces-Unies naquirent des affrontements religieux du XVIe siècle. À la mort de Charles Quint, le cercle de Bourgogne du Saint Empire romain germanique, dont faisaient partie dix-sept provinces des Pays-Bas espagnols, avait été confié à Philippe II d’Espagne. Ces provinces constituaient une zone de très grande prospérité (Hollande et Flandres en particulier), liée à la fois au commerce colonial et à la spéculation. Selon les termes de la paix d’Augsbourg de 1555, ces provinces devaient adopter la foi de leur prince : Philippe II entendait donc imposer le catholicisme. Or, de La Haye à Anvers, le protestantisme avait largement gagné les populations.

Philippe II, désireux de réduire le protestantisme, dépêcha successivement Marguerite de Parme, le duc d’Albe puis Alexandre Farnèse aux Pays-Bas. Après plusieurs années, la domination catholique fut acquise sur le Sud, mais la résistance des sept provinces du Nord apparaissait irréductible. Sous la conduite de Guillaume Ier d’Orange-Nassau, les « gueux de mer « parvinrent à repousser les troupes espagnoles et constituèrent, par l’Union d’Utrecht, les Provinces-Unies (1579). Cette Union, désormais composée de sept républiques unies dans les « États généraux « présidés par la Hollande et gouvernés par un « grand pensionnaire «, déclara son indépendance en 1581.

Il fallut attendre les traités qui mirent fin à la guerre de Trente Ans (traité de La Haye, 1648) pour que l’Espagne reconnût le nouvel État. Dans une seconde phase, en effet, le conflit se poursuivit, marqué par l’assassinat de Guillaume d’Orange-Nassau (1584) et par la prise d’Anvers dont le sac épouvanta les contemporains (1585). Mais l’appui apporté aux Provinces-Unies par l’Angleterre puis par la France, et les défaites maritimes et terrestres (Maurice de Nassau fut un remarquable tacticien) forcèrent l’Espagne en 1609 à accepter une trève de douze ans.

Les dissensions internes (assassinat du grand pensionnaire Oldenbarnevelt en 1619) entraînèrent l’Espagne à relancer le conflit, d’autant que, dans la guerre de Trente Ans, les Provinces avaient apporté leur soutien aux protestants. L’effondrement espagnol à partir de 1643 permit aux négociateurs des traités de Westphalie d’imposer la reconnaissance définitive des Provinces-Unies.

3   « SIÈCLE D’OR « DES PROVINCES-UNIES

Sur les plans économique et culturel, le XVIIe siècle fut l’apogée des Provinces-Unies. Cette prospérité se traduisit par un remarquable développement de la peinture, de Rembrandt à Vermeer, de Frans Hals à Ruysdael. La philosophie connut un grand essor, illustré particulièrement par Baruch Spinoza et Hugo Grotius ; les sciences de la nature et de l’Homme trouvèrent également dans la Hollande du XVIIe siècle une terre propice. Les imprimeries d’Amsterdam accueillirent les auteurs de toute l’Europe. Les communautés des villes exhibaient fièrement leur richesse dans des portraits de groupe dont la Ronde de nuit de Rembrandt est le plus célèbre exemple. La peinture témoigna aussi de l’intérêt porté aux sciences comme le montrent le Géographe de Vermeer ou la Leçon d’anatomie de Rembrandt. Les villes s’embellirent de places régulièrement bordées de palais aux corniches ouvragées.

Cette prospérité avait pour origine d’une part le développement extraordinaire du commerce colonial, avec l’Afrique du Sud, une partie des Antilles et les Indes Orientales essentiellement, où les Hollandais occupaient l’archipel indonésien riche en épices rares (girofle, muscade), en bois, pierres et métaux précieux. Deux Compagnies (voir Compagnie des Indes orientales ; Compagnie hollandaise des Indes occidentales) contrôlaient les échanges coloniaux, inaugurant le mercantilisme. Ce système, relayé par une puissante banque d’État, devait servir de modèle à Colbert.

4   LENT DÉCLIN DES PROVINCES-UNIES

Le « Siècle d’or « s’étendit à peu près jusqu’à la guerre de Hollande. L’invasion française de 1672 accéléra un processus de déclin qu’avaient entamé deux guerres successives menées par la Hollande contre l’Angleterre, nouvelle puissance maritime et bientôt, malgré le talent de l’amiral Ruyter, supérieure à toutes les autres. De plus, la France reçut, contre les Provinces-Unies, l’appui anglais. Toute cette période fut enfin marquée par une recrudescence des tensions internes dont l’assassinat du pensionnaire Jan De Witt lors de l’invasion française de 1672 fut l’apogée.

Cet assassinat fit, après les traités de Nimègue, entrer la Hollande dans l’orbite de la diplomatie anglaise. Le rôle politique des Provinces-Unies s’estompa et elles se virent contraintes, sur le plan colonial, à accepter les progrès britanniques, cédant, par exemple, la Nouvelle-Amsterdam, qui devint New York.

Les Provinces-Unies surent pourtant préserver, dans l’Europe du XVIIIe siècle, deux fonctions importantes : une fonction économique, Amsterdam étant alors l’une des places financières les plus actives du monde, et une fonction culturelle, la même ville accueillant, de Jean-Jacques Rousseau à Jean-Paul Marat, les écrits de tous ceux qui n’avaient pu trouver de protection dans l’Europe des princes éclairés.

Cette tolérance faisait des Provinces-Unies une sorte de modèle politique fascinant qui retint l’attention de Montesquieu ; elles étaient, de plus, l’une des très rares républiques d’une Europe encore presque entièrement monarchique ou impériale. La tolérance était le complément de cette singularité : favorisée par le rôle financier d’Amsterdam, elle permettait à toutes les religions de se côtoyer. Amsterdam devint ainsi la capitale mondiale de la contestation politique au siècle des Lumières.

Pourtant, la richesse du pays, la faiblesse de ses défenses militaires (la plus sûre étant le Zuydersee) et le maintien au pouvoir d’une oligarchie permirent aux révolutionnaires français de 1792, puis de 1795, d’envahir les Provinces-Unies avec succès. En 1794, le gel du Zuydersee permit aux Français de prendre sans presque coup férir la flotte hollandaise. Les Provinces-Unies cessèrent alors d’exister : les Français les transformèrent d’abord en une République batave, puis en un royaume des Pays-Bas confié à Louis Bonaparte, frère de Napoléon Ier (1806), puis les annexèrent purement et simplement, en 1810, à la France des cent trente départements. Lors du congrès de Vienne en 1815, les puissances alliées créèrent en lieu et place des Provinces-Unies un royaume confié à Guillaume Ier, fils du stathouder qui avait éliminé Jan De Witt : avec la naissance de ce nouveau royaume des Pays-Bas s’arrête l’histoire des Provinces-Unies.

Celles-ci, par l’héroïsme effectif des « gueux « qui avaient repoussé la grande Espagne, par l’immense œuvre des artistes du Siècle d’or, par le dynamisme colonial et financier jamais démenti qu’elles avaient manifesté, demeurèrent dans l’histoire comme l’un des États les plus éclatants de la période moderne.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles