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Reformes libérales et développement de l’enseignement et de la formation en Algérie : réalité et perspectives

Publié le 01/11/2012

Extrait du document

Introduction Le développement rapide qu’a connu le secteur éducatif en Algérie depuis son indépendance acquise en 1962 a obéi à une double motivation économique et sociale. - d’un côté, l’objectif de généralisation de l’enseignement primaire a visé à satisfaire la demande sociale d’éducation en tant que droit fondamental. - d’un autre côté, la formation des cadres et de techniciens compétents a été retenue comme une option prioritaire dans le but de répondre aux besoins de l’économie en main d’œuvre qualifiée. C’est ainsi que l’effectif global scolarisé a connu une croissance soutenue, prés de 90% des enfants Algériens garçons et filles sont scolarisés à l’heure actuelle. Pour obtenir ce résultat quantitatif impressionnant au regard de la situation du départ (moins de 10% des enfants Algériens étaient scolarisés en 1962) et de la très forte croissance démographique qui a caractérisé le pays jusqu’à cette dernière décennie, l’Etat Algérien a du consacrer une part importante de ses ressources au secteur éducatif (11% environ du PIB dans les années 1970). Mais alors que le contexte économique des années 1970 a permis à l’Etat de supporter financièrement cette expansion du système d’enseignement et de formation, la crise qui a éclaté à partir de 1986 suite à la chute brutale du prix des hydrocarbures avec son cortège de conséquences (effondrement des ressources
financières, crise de l’endettement extérieur, chute de l’investissement, croissance du taux de chômage…) a profondément modifié la situation notamment parce qu’elle a conduit les autorités Algériennes à engager des réformes visant à la libération de l’économie et du retrait de l’Etat… avec les conséquences sur le système éducatif qu’on tentera de cerner dans cette modeste intervention. I – Le processus des reformes libérales en Algérie L’adoption des reformes visant à la libéralisation de l’économie nationale a débuté en Algérie à partir du début des années 1980 avec l’amorce d’un large mouvement de restructuration économique et social. Mais c’est cependant la crise économique et financière intervenue en 1986 provoquant une diminution des entrées publiques de ressources de l’ordre de 50%   selon certaines estimations ( ; qui précipita franchement l’adoption de mesures de politiques économiques libérales devant aboutir au désengagement de l’Etat de la sphère économique ; de sortir du cadre de l’économie administrée et de s’orienter vers la construction d’une économie de marché. C’est donc à partir de 1986 que l’option pour des réformes libérales s’est franchement décidée au sein du pouvoir politique encore détenu à l’époque par le bureau politique du parti unique FLN. A la différence des précédentes tentatives de réformes ; celles-ci semblent s’articuler autour d’une démarche qui se veut cohérente avec la philosophie qui la sous-tend. Cette nouvelle doctrine propose en effet des changements structurels et institutionnels fondamentaux.       L’adoption des réformes de 1988 (réforme du code des investissements, démonopolisation, libéralisation des prix…)   et l’entrée en application, du premier accord Stand By (31/05/1989) suite à l’étranglement financier dû à la crise
de l’endettement extérieur, annoncent clairement un désengagement de l’Etat qui devra désormais « se réserver à l’activité de régulation «   De cette date à nos jours, on peut distinguer avec le CNES( succinctement trois sous-périodes dans la conduite notamment de la politique budgétaire qui est au centre de notre problématique (sans considérer la période actuelle 2000/2003 marqué par le retour de l’Etat vers un certain interventionnisme dans la pure tradition keynésienne (adoption d’un plan de relance économique (2000/2003) financé à concurrence de plus de 05 milliards de dollars par les ressources publiques ) - La première période couvre les années 1989, 1990 et 1991. Elle est marquée par une certaine orthodoxie dans l’application des réformes inspirées par la philosophie du F.M.I. qui semble alors fortement partagée. - La deuxième période est plutôt marquée par des hésitations qui ont été sans doute dictées selon le CNES par un climat social et politique très difficile. Au cours de cette période une hausse des salaires fut en effet décidée en dépit des prescriptions en matière d’orthodoxie budgétaire. - La dernière période débute avec la signature d’un troisième accord « Stand By « suite à une pause.   Elle débouche directement sur un second accord dit élargi de trois ans. En négociant ce dernier les autorités algériennes acceptent le principe d’un ajustement structurel proprement dit c’est à dire un ensemble de critères de réalisation qui vont au-delà de la simple stabilisation macro-économique et financière. Cette période sera marquée au plan budgétaire par un retour marqué aux restrictions budgétaires.       Le Sand By d’avril 1994 et l’accord de facilité de financement élargie (FFE) 1995-1998 (un programme d’ajustement structurel en fait) visaient explicitement
un excédent des finances publiques. Les effets en matière de budget concernent en principe les ressources et les dépenses. L’amélioration des premières n’est possible que grâce à l’élargissement de la TVA, l’augmentation des impôts, la lutte contre l’évasion fiscale (qui en Algérie est extrêmement importante au vu de l’ampleur prise par les activités informelles)   ainsi que le développement des emprunts sur le marché financier aux fins d’éviter les financements inflationnistes. Or il est avéré qu’il est difficile d’augmenter la pression fiscale dans une phase de récession, comme il est admis chez les libéraux que l’objectif de la relance économique ne s’accommode pas d’une hausse des impôts. Si l’on ajoute à l’incapacité de l’administration Algérienne d’améliorer le rendement fiscal en général alors il devenait évident pour les concepteurs des réformes que l’effort dans les cours et moyen termes concernera essentiellement le chapitre des dépenses. Cet effort doit toucher aussi bien les dépenses courantes (fonctionnement) que celles relatives à l’équipement   (investissements). La   contraction des premières concerne essentiellement les traitements et salaires, principale composante des dépenses courantes. Il est recherché à travers la modération salariale, une maîtrise des effectifs et un gel des salaires de la fonction publique et des entreprises publiques tout en sachant que la libéralisation des prix est un objectif majeur de l’ajustement structural(.Quel a été l’impact de ces mesures   restrictives sur le système éducatif ? C’est ce que nous tenterons de voir apres avoir apprecié l’ampleur des restrictions budgetaires qu’a subit le secteur de l’education nationale II – L’évolution des ressources allouées au secteur éducatif Même si l’ensemble des secteurs publics
a été affecté par la réduction des dépenses budgétaires liée à l’obligation des réformes libérales notamment les mesures du P.A.S. en Algérie ; Il semblerait que c’est le secteur de l’éducation qui a subi avec le plus d’acuité ce phénomène dont les conséquences néfastes prévisibles au plan du développement économique et social se manifestent avec un certain décalage dans le temps. 1. Dépenses d’éducation en pourcentage du P.I.B       La part des ressources financières totales qui doit être consacrée à l’éducation et à la formation des jeunes générations représente un des choix fondamentaux que fait une nation. Les dépenses d’éducation et de formation constituent en effet un investissement durable… et contribue incontestablement à réduire les inégalités sociales.       Le tableau suivant montre que la part du P.I.B. consacrée à l’éducation en Algérie a sensiblement régressé et de manière constante depuis l’avènement des réformes. Après avoir représenté plus de 11% du P.I.B. dans les années 1970 (ce qui classait l’Algérie parmi le groupe de tête dans le monde pour les dépenses consacrées au système éducatif) elle s’est progressivement réduite jusqu’à atteindre 5,7% en 1993 avant de perdre 0,8 points en 1996 (4,9%) et 0,4 points en 1999 (4,5%), soit une régression cumulée de 1,2 points entre 1993 et 1999. Cette régression a beaucoup touché le niveau primaire et moyen (enseignement fondamental obligatoire) où les dépenses de fonctionnement mesurées en pourcentage du P.I.B. ont perdu 0,7 points   entre 1993 et 1999 que l’enseignement secondaire où elles ont régressé de 0,2 points sur la même période. A titre de comparaison « dans presque tous les pays de l’O.C.D.E., les dépenses d’éducation ont progressé plus vite que les richesses nationales « Dans ces pays, entre 6,2 et
13,5% des dépenses publiques totales sont affectées à l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non tertiaire «( Tableau 1   Evolution des dépenses d’éducation par niveau d’enseignement en pourcentage du P.I.B.                                                                         1993                       1996                   1999                 Dépenses globales d’éducation                                           5,7                       4,9                     4,5                 Dépenses de fonctionnement en pourcentage du P.I.B.                     4,7                       4,1                     3,8                 Enseignement fondamental                                                                                                                                                                                             3,6                       3,2                     2,9                 -     Enseignement secondaire                                                                                                                                                                                         1,1                       0,9                     0,9                 Source : Ministère de l’Education Nationale – données statistiques n° 37   Alger 1999 2.2 – Evolution du budget de l’éducation par rapport au budget de l’Etat L’examen du niveau des dépenses publiques qu’alloue l’Etat au secteur éducatif constitue un révélateur de l’importance qu’il attribue à l’éducation et à la formation des jeunes générations. En Algérie il semblerait donc qu’un changement de philosophie s’est opéré dans la mesure où l’éducation, nonobstant la crise des ressources, ne jouit manifestement plus de la priorité
absolue qui était la sienne. En 1999 la part de l’éducation dans le budget de l’Etat a représenté 13,5%. Malgré son importance toute relative ; cette part a nettement régressée par rapport aux années précédentes. Elle enregistre en effet une régression de 2,8 points par rapport à l’exercice de 1996. La part des crédits réservés au fonctionnement de l’éducation nationale représente quant à elle 15,7% du budget de fonctionnement de l’Etat alors que 7,4% de son budget d’investissement sont affecté à l’investissement dans le secteur éducatif. Il faut relever ici, que si les crédits de fonctionnement ont subit une nette érosion entre 1996 et 1999 surtout, en reculant de 8,1 points ; 23,8% contre 15,7%, ceux alloués à l’investissement ont par contre connu une augmentation de 2,2 points passant de 5,2% en 1996 à 7,4% en 1999 (sans doute cela est dû aux crédits alloués à la reconstruction des écoles incendiés par les terroristes). La part réservée donc au fonctionnement des établissements d’enseignement fondamental et secondaire dans le budget de fonctionnement de l’Etat a enregistré une importante régression en1999 par rapport aux exercices de 1993 et 1996 où elle était de 18,3% et de 22,7% respectivement. Cette régression s’est automatiquement répercutée sur les ressources allouées à l’enseignement fondamental (obligatoire) : 11,5% en 1999 contre 17,4%   en 1996 et à l’enseignement secondaire 3,5% contre 5,3% pour les mêmes périodes. Tableau 2 – Evolution du budget de l’Education Nationale Par rapport au budget de l’Etat                                                                                 1993                 1996                 1999                                                                                                                      
                                    Part de l’Education dans le budget de l’Etat                                     16,4                 16,3                 13,5                 Budget de fonctionnement                                                         18,7                 23,8                 15,7                 Budget d’investissement                                                           9,8                 5,2                 7,4                 Source : Ministère de l’Education Nationale   données statistiques   N° 37   Alger   1999 Cette évolution négative des crédits budgétaires est d’autant plus néfaste pour le secteur de l’Education que les effectifs d’élèves augmentent sensiblement d’une année sur l’autre (2% en 1998 avec 740 000 élèves nouveaux) avec certes d’importantes déperditions qui atténuent quelque peu la pression induite par la demande sans cesse croissante de l’Education(. 2.3 – Dépenses unitaire en pourcentage du P.I.B. / habitant La qualité de l’enseignement offert aux élèves engagés dans un   processus d’enseignement implique nécessairement le recours à un personnel qualifié et à des moyens d’enseignements modernes et performants dans un environnement adapté, ce qui se traduit en général par des coûts unitaires plus élevés. Comment ces coûts ont-ils évolués depuis l’avènement des réformes   en Algérie ? Le tableau suivant montre une régression constante des dépenses annuelles   par élève mesurée en proportion du P.I.B. par habitant au niveau de l’enseignement fondamental (primaire et moyen) comme au niveau de l’enseignement secondaire. La régression est toutefois plus marquée dans l’enseignement secondaire où les dépenses unitaires en pourcentage du P.I.B. par habitant ont perdu 7,8 points entre 1993 et 1999 comparativement
à l’enseignement fondamental où l’on   enregistre qu’une régression de 2,5 points. Il faut cependant signaler que les deux niveaux d’enseignement impliquent des effectifs différents du point de vue nombre tant il est vrai que si l’un est obligatoire, le second n’implique annuellement que près de la moitié des sortants de l’enseignement fondamental et globalement à peine 12% des effectifs du système éducatif. Les coûts unitaires permettent également de constater que plus la base des populations concernées par les l’enseignement à un niveau donné se réduit, plus les coûts s’accroissent. C’est ainsi que les coûts unitaires dans l’enseignement secondaire sont 22 fois supérieur à ceux observés dans l’enseignement fondamental. Tableau 3 – Dépenses unitaires par niveau d’enseignement en pourcentage du P.I.B. / habitant                                                                                 1993                 1996                 1999                                                                                                                                                             Enseignement fondamental                                                                                                                     - Dépenses unitaires en D.A courant                                               7086                 12294               14037               - Dépenses unitaires en pourcentage du PIB /hab.                                 16                   14,3                 13,5                                                                                                                                                             Enseignement secondaire                                                  
                                                                    - Dépenses unitaires en D.A courant                                               16811               27677               31388               - Dépenses unitaires en pourcentage du PIB /hab.                                 38                   32,2                 30,2                 Source : Ministère de l’Education Nationale – données statistiques n° 37   - Alger 1999 2.4 – Coût de l’enseignement et ressources financières Les dépenses d’éducation comprennent généralement les dépenses de fonctionnement et les dépenses d’investissement ou dépenses en capital. Connaître la façon dont ces dépenses sont réparties entre les diverses catégories fonctionnelles contribuent à expliquer et à comprendre nombre de phénomènes éducatif. Comment ont été allouées ces dépenses et à quel niveau, c’est ce que nous tentons de savoir. Dans la nomenclature budgétaire de   l’éducation nationale en Algérie, les dépenses de fonctionnement comprennent trois grandes catégories fonctionnelles.         - La rémunération des personnels         - Les dépenses à caractère social, culturel et sportif         - Autres dépenses de fonctionnement       Les dépenses d’investissement ou dépenses en capital sont constituées par les dépenses afférentes aux constructions des établissements, à leur équipement, à leur rénovation ou au grosses réparations.       Pour l’exercice 1999, les dépenses de fonctionnement allouées aux enseignements fondamental et secondaire se sont répartit comme suite         - Rémunération du personnel : 96,2 %         - Dépenses à caractère social, culturel et sportif : 0,5 %         - Autres dépenses de fonctionnement : 3,2 %       Cette répartition   des dépenses a évolué de manière différente
depuis 1993.       Ainsi les dépenses consacrées à la rémunération des personnels ont connues une certaine stabilité depuis 1993 où elles étaient de l’ordre de 96 % sans dépasser les 96,2 % de 1999. Les dépenses à caractère social, culturel et sportif ont par contre diminuées de près de 50 % passant de 1% (0,9 %) en 1993 à 0,5% en 1999, ce qui laisse environ 3,2 % au fonctionnement général des établissements en 1999. La part des dépenses consacrées à l’investissement dans le budget de l’éducation nationale est quant à elle en régression constante durant la période considérée. Cette part a en effet régressé de 3,7 points entre 1993 et 1999 passant de 15,8 % à 12,1 % Tableau 4 – Répartition des crédits de fonctionnement par catégories fonctionnelles                                                                               1993                 1996                 1999                                                                                                                                                               - Dépenses de personnel                                                       96                   96,1                 96,2                   - Dépenses à caractère social, culturel et sportif                             0,9                 0,6                 0,5                     - Autres dépenses de fonctionnement                                           3,1                 3,3                 3,2                     Source : Ministère de l’Education Nationale : Données statistique n° 37 – Alger 1999 Tableau 5 – Evolution du budget de L’Education nationale                                                                               1993                 1996                 1999          
                                                                                                                                                    Budget de fonctionnement                                                       84,2                 87,2                 87,9                   Budget d’investissement                                                       14,8                 12,8                 12,1                   Source : Ministère de l’Education Nationale : Données statistique n° 37 – Alger 1999 III – L’impact des réformes sur le rendement du système éducatif La régression des dépenses allouées au secteur de l’éducation et de la formation qui est l’expression incontestable de l’austérité préconisée dans le domaine social par le programme d’ajustement structurel n’a pas manqué d’avoir des conséquences négatives sur l’ensemble des indicateurs éducatifs. 3.1 – Le fléchissement des taux réels de scolarisation Le taux de scolarisation en Algérie compte certes parmi les plus importants en Afrique et au delà parmi les pays en voie de développement.( Il s’établit à l’heure actuelle a près de 90% ce qui n’est pas le cas de beaucoup de pays de même niveau de développement. Cette performance est à relativiser cependant comte tenu du rendement du système comme on le verra plus loin. On remarque cependant que depuis l’avènement des réformes ; ce taux c’est à dire le rapport entre le nombre d’élèves inscrits âgés de 6 à 15 ans et le nombre total des enfants de cette tranche d’âge, connaît un certain fléchissement comme on peut l’observer sur le tableau suivant : Taux réel de scolarisation Année                       1996/1997                   1997/1998                   1998/1999                   1999/2000              
    Garçons                     94,98                       91,12                       90,46                       89,02                       Filles                       83,48                       84,12                       84,31                       83,87                       Ensemble                     87,42                       81,69                       87,45                       86,50                       Source : ons (www.ons.dz) Cette « stabilité « des taux de scolarisation serait selon le CNES( davantage liée à l’équivalence entre les déperditions scolaires et les nouveaux inscrits qu’à une réduction du nombre de ces derniers tout en   notant que la hausse des frais de scolarité (particulièrement pour les fournitures scolaires) dont l’indice en 1996 (550,8) est à comparer avec celui de la consommation à la même date passerait incontestablement à la réduction de l’accès aux enfants des familles nombreuses et dont les revenus sont peu élevés. Les petites filles seraient les premières à être pénalisées par cette situation surtout en milieu rural (cela n’étant toutefois   pas confirmé) Evolution des indices des frais de scolarité et du coût des fournitures scolaires (1993-1997) base 100 : 1989                                         1993                       1994                       1995                   1996                                                                                                                                                                   Frais de scolarité                       181,1                     195,9                     227,7                   253,8                                                                                                            
                                                    Fournitures scolaires                   244,6                     301,3                     438,0                   550,8                     Source : CENEAP : « Enquête ménage « Alger(1998) .Vol.3 p.21 L’augmentation des frais de scolarité donne irrémédiablement lieu à un phénomène d’exclusion qui se manifeste par une hausse du taux de défaillance scolaire (spécialement chez les enfants des classes sociales défavorisées) et par une forte déperdition scolaire qui, à terme rétroagissent de manière négative sur le rythme et la qualité du développement économique et social.( 3.2 – Le ralentissement de la baisse de l’analphabétisme Le taux d’analphabétisme a certes continué à baissé durant toute la décennie 1990 mais de façon nettement plus lente que les décennies précédentes, ce qui est une conséquence logique de la baisse des taux de scolarisation évoquée plus haut. Rappelons que l’analphabétisme touchait en 1996 (premier recensement (RPGH) en Algérie après l’indépendance) les ¾ de la population âgée de 10 ans et plus. Une dizaine d’années plus tard   il est de l’ordre de 61% et en 1987 (3ème   RPGH) il est évalué à 43,6% ce qui représentait à l’époque une population de quelque 6,8 millions de personnes. La régression de l’analphabétisme a été donc très sensible puisqu’à cette date. Il a été estimé en 1997 (4ème RPGH) à 38,4%. L’évolution positive de la baisse du taux d’analphabétisme a été atténuée incontestablement par l’importance numérique des déperditions scolaires ainsi que du ralentissement si ce n’est la régression du taux de scolarisation observé durant la décennie 1990. Les déperditions scolaires en particulier, les déperditions   précoces sont en effet à l’origine d’un analphabétisme dit « de
retour «.( Cette forme d’analphabétisme est   liée à l’oubli des connaissances de base censées avoir été acquises au cours de la scolarité obligatoire. Un abandon de la scolarité au bout des 3 ou 4 premières années, c’est à dire avant que ne soient rendues irréversibles les connaissances permettant de savoir lire, écrire et compter, entraîne l’illettrisme selon les spécialistes. En définitive, le nombre d’analphabètes quant à lui ne cesse d’augmenter. Il est présentement évalué à plus de 7 millions de personnes. 3.3 – L’impact des réformes sur le rendement du système éducatif. Même s’il est difficile de mesurer la qualité de l’enseignement, l’examen des facteurs influant généralement sur la qualité mettent en évidence des indices de baisse de qualité. Dans ce sens beaucoup de travaux de l’UNESCO relèvent les constats suivants partagés en outre par nombres d’institutions d’évaluation ( CNES…)( - L’accroissement des effectifs entretenu par la pression de la demande a entraîné une surcharge des classes et du travail des enseignants. Le nombre d’élèves par enseignant s’est accru pour l’ensemble des paliers du système éducatif comme on peut le remarquer sur le tableau suivant. Tableau 6 – Evaluation du nombre d’élèves par enseignant Durant la période 1993 / 1994   -   1998 / 1999                   Niveau I (Primaire)                       Niveau 11 (Moyen)                         Enseignement secondaire et technique     Année scolaire                                                                                                                                                   Nombre                           Nombre                                           (1)/(2)                         d’élèves                         d’enseig          
                                                              (1)                               (2)                                                         1994-1995           4 548.827                         542.034                                         11,92       1995-1996           4 617.728                         516.440                                         11,18       1996-1997           4 674.947                         547.942                                         11,72       1997-1998           4 719.137                         561.318                                         11,89       1998-1999           4 778.870                         577.858                                         12,09                         Source : construit sur la base des donnees du Ministere de l’Education Nationale                                   Donnees statistique n°37 Alger 1999             - La baisse du revenu réel des enseignants a démotivé bien des enseignants, ce qui a entretenu un absentéisme relativement élevé et une recherche de source de revenu complémentaire.. - La faiblesse des dépenses par élèves a eu pour conséquence la stagnation sinon le recul de la proportion d’élèves bénéficiant de la cantine scolaire ; des bourses de demi-pensionnaires et d’internat comme on peut l’observer sur les tableaux. - La pénurie de matériel pédagogique du fait des crédits disponibles pour leur achat…       - La dégradation ou suppression des infrastructures d’appui (formation continue des maîtres, entretien du mobilier, de matériel, de locaux, hygiène scolaire…) -…. Cette situation s’exprime dans les indices de rendement internes et externes du système éducatif qui se sont nettement détériorés. 3.4 – Le rendement interne
du système éducatif Si on appréhende cette question de rendement à travers le phénomène de déperdition, on constate qu’effectivement les résultats sont catastrophiques. Certes le phénomène de déperdition scolaire ne constitue pas un problème spécifique, c’est un problème universel, cependant son ampleur en Algérie est inquiétante. En Algérie donc, la déperdition scolaire, c’est à dire tous les abandons, les exclus et les élèves qui échouent aux examens de fin de cycle est importante. Elle se manifeste par un taux de redoublement anormalement élevé en fin de cycle :       - 18 % en 6ème   année fondamentale       - 13 % en 9ème année fondamentale       - 43 % en 3ème année secondaire       A ces redoublements s’ajoutent les abandons en cours de scolarité qui constituent un phénomène qui s’étend en raison de l’élévation des coûts de scolarisation, la dégradation du pouvoir d’achat de famille   . Chaque année on enregistre une sortie de plus de 500 000   élèves   sans diplôme   ni qualification,   dont   près de 150 000   en   9ème   année fondamentale (soit 35 %)   et 120 000 en 3ème année secondaire (soit 80 %) (11)   Globalement, du fondamental au supérieur, le taux de déperdition a été évalué à près de 95 %. Ces chiffres à eux seuls montrent l’extrême faiblesse du rendement du système éducatif Algérien, ce qui est corroboré par le taux élevé d’échecs aux différents examens. En moyenne sur la décennie passée on note :       - Admission au B.E.F. : 39 %       - Admission au Baccalauréat : 25 % 3.5 – Le rendement externe du système éducatif.       Le rendement externe du système éducatif est appréhendé habituellement par le niveau d’insertion   ou de placement des diplômés dans la vie active. Ce niveau d’insertion permet aussi d’évaluer la qualité de la relation interactive
et de ses déterminants entre la formation et l’emploi. (12)       Jusqu’à la moitié des années 1980, le problème ne se posait pratiquement pas en Algérie. L’économie nationale était en pleine croissance grâce aux investissements massifs qui étaient réalisés dans le cadre des plans de développements et conséquemment le rythme de création d’emploi permettait d’absorber la quasi-totalité des sortants du système de formation. Les entreprises et les organismes publics formaient pour leurs propres besoins des effectifs dont le recrutement était programmé. Cette situation s’est totalement inversée à partir de la seconde moitié des années 1980 suite à la crise économique et financière grave engendrée comme on l’a évoqué précédemment   par l’effondrement des pris des hydrocarbures qui a considérablement rétréci le volume des investissements et conséquemment le rythme de création d’emploi face à une demande en constante progression en raison de la croissance de la population d’âge actif toujours aussi soutenue. A cela s’est ajoutés la perte d’un nombre considérable d’emplois dus aux compressions des effectifs qui ont commencé à être pratiqué par les entreprises publiques (grandes pourvoyeuses d’emplois) dans le cadre des assainissements dictés par les réformes.       C’est alors qu’est apparu pour la première fois le problème de l’insertion des diplômés ; le phénomène inconnu jusqu’alors dans le pays, du chômage des instruits. L’ampleur de ce phénomène a été appréhendée par diverses études entre autres les enquêtes réalisées par le CERPEQ (Centre d’Etudes et de Recherche sur les Professions et les Qualifications)(13) qui ont porté sur le cas des diplômés du secteur de la formation professionnelle. Ces enquêtes réalisées entre 1992 et 19987 ont mis en évidence deux enseignements
majeurs qui allaient être confirmé par la suite : Il s’agit :       - De la faiblesse du taux d’insertion des diplômés       -   Le caractère relatif du niveau de formation       Sselon la dernière enquête réalisée   en 1998 :       -   Les diplômés ayant trouvé un emploi représentaient seulement 10,5 %. Le nombre des diplômés en situation de chômage était de l’ordre de 76,5 %. Ainsi,   il apparaît clairement que le niveau de formation ne constitue plus comme par le passé un atout pour l’insertion.   Conclusion : Pour conclure ce modeste exposé sur les réformes économiques libérales et leur impact sur le système éducatif en Algérie, lequel exposé est loin d’être exhaustif, nous pouvons affirmer que le système éducatif Algerien est confronté à de graves difficultés depuis qu’il a subit de plein fouet les effets des restrictions budgétaires décidées dans le cadre des réformes visant à l’instauration d’une économie de marché. Les tendances qu’on a tenté d’éclaircir montrent en effet que le système éducatif se trouve confronté à des contraintes majeures entravant la poursuite des efforts antécédents en faveur de la généralisation de l’éducation. Ces tendances ont depuis longtemps déjà assombri les perspectives de développement de l’éducation dans le pays (le défunt président M. BOUDIAF n’a-t-il pas parlé d’école sinistrée) et ont mis le système éducatif face à des défis majeurs difficilement gérable si l’Etat ne s’implique pas et n’engage pas de nouvelles réformes profondes visant à résoudre structurellement les problèmes pour retrouver les conditions et les voies de la reprise de l’essor de l’éducation. Devant l’échec social mais aussi économique de l’approche monétaire de régulation de l’économie écartant l’instrument budgétaire comme moyen de relance des activités
(approche fondant les mesures inspirant le P.A.S.) qui non seulement n’a pas permis la relance de la croissance mais a profondément aggravé les inégalités et considérablement accru la pauvreté ( 40 % environ de la population Algérienne vit sous le seuil de pauvreté tel que défini par la Banque Mondiale), on est arrivé à reconsidérer le rôle de l’Etat et de la dépense publique. L’Algérie a ansi adopté en 2000 un plan de relance économique dans la pure tradition Keynésienne. Toujours est-il que la réforme qui est envisagée pour le secteur éducatif semble mettre l’accent surtout sur les aspects pédagogiques sans éclairer les perspectives de prise en charge financières. Bibliographie ( CNES : « Rapport préliminaire sur les effets économiques et sociaux de l’Ajustement Structurel en Algérie «   Alger Novembre 1998 ( CNES :   op. cité ( K.BOUTALEB : « La nature et l’efficience de politique d’ajustement structurel du FMI « RSJEP   N°3   Alger 1994 ( OCDE : « Rapport sur l’éducation : les indicateurs de l’OCDE «   Paris 2000 ( CNES : « Rapport sure le développement humain « Alger Novembre 2002 ( UNESCO : « Rapport mondial sur l’éducation « 1991 ( Banque Mondiale : « L’éducation au Moyen Orient et en Afrique du Nord « 1998 ( CNES : « Rapport sur le développement humain « op. cité ( K.KATEB : « Ecole, enfance et société en Algérie « INED, Paris 2001 ( Conseil supérieur de l’Education (CSE) : « Rapport d’évaluation de la politique nationale     d’éducation et de formation pour l’année 1998 « Alger 1999 (11) CNES : « Rapport sur le développement humain « op. cité (12) CSE : « Rapport d’évaluation de la politique nationale d’éducation et de formation « op.cité (13) CERPEQ – GTZ : « Etude de visibilité sur le système de formation – insertion – emploi en Algérie 

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