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Résistance

Publié le 21/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Résistance, lutte clandestine menée en France contre l’occupation allemande et la politique de collaboration du gouvernement de Vichy, durant la Seconde Guerre mondiale.

L’acte de naissance de la Résistance a probablement été l’appel du 18 juin lancé de Londres par le général de Gaulle qui venait d’y arriver, refusant de cautionner la demande d’armistice formulée par le maréchal Pétain. La libération de Paris a marqué la victoire et la fin de la Résistance ; les résistants qui continuèrent le combat rejoignirent en effet les unités armées légalement constituées des troupes de la France libre.

L’Appel, lancé de Londres, donne à la Résistance une géographie double. La France libre qui combat à l’étranger ou dans les colonies connaît rapidement un vrai succès : l’Empire colonial français s’y rallie massivement à partir du mois de juillet 1940 (seul le Tchad doit être soumis). Le 28 juin, de Gaulle est reconnu comme chef des Français libres par le gouvernement de Londres. Les Forces françaises libres (FFL) participeront désormais à toutes les campagnes britanniques contre les Allemands ; elles sont composées des indigènes de l’Empire et de nombreux métropolitains refusant le gouvernement de Vichy. La 2e DB (division blindée) du général Leclerc est l’un des corps d’élite des alliés contre l’Axe. D’autre part, la Résistance intérieure naît souvent de façon spontanée, seuls quelques milliers de Français ayant probablement entendu l’appel de De Gaulle. L’unification des manifestations désordonnées et souvent contradictoires de refus de l’Occupation est la tâche essentielle menée en France par les émissaires de De Gaulle.

2   LES DIFFÉRENTS RÉSEAUX

La Résistance intérieure connaît plusieurs vagues d’adhésions successives. À l’origine, les « réfractaires « ou les « terroristes «, ainsi que les désignent les Allemands et l’administration de Vichy, agissent de façon très solitaire. À Brive, le 17 juin 1940, Edmond Michelet distribue un tract protestant contre la demande d’armistice ; le 23, le maire de La Rochelle, Vieljeux, refuse d’amener le drapeau français. Le 11 novembre, malgré les interdictions, des étudiants et des lycéens défilent à Paris pour commémorer la victoire de 1918. Les premiers « journaux « ronéotypés comme l’Homme libre circulent sous le manteau. Tout cela, malgré quelques contacts pris avec l’Intelligence Service, reste à la fois rare et dispersé. Ces résistants de la première heure sont de toutes les familles politiques, lesquelles, réduites à la clandestinité par le régime de Vichy, n’ont pas donné de consignes précises : le choix de la Résistance relève de la conscience individuelle. La plupart tentent de rejoindre Londres ou la France libre par l’Espagne.

Le plan Barbarossa qui lance la Wehrmacht à l’assaut de l’URSS, en juin 1941, entraîne dans l’action résistante tout l’appareil communiste. Le Parti communiste français (PCF), interdit à partir de septembre 1939 et déstabilisé par la signature du pacte germano-soviétique, peut enfin prendre clairement position, et avec lui un réseau syndical et associatif extrêmement bien implanté. Dès mai 1941, il crée, sur la pression des militants de base refusant le fascisme et le régime de Vichy, le Front national dont l’objectif est de réunir les différents groupes de Résistance. La résistance du Front national recrute bien au-delà du PCF. En mars 1942, le Front national se dote d’une armée secrète, les Francs-tireurs et Partisans français (FTP ou FTPF). Fernand Grenier est dépêché à Londres pour coordonner les actions de la résistance communiste avec l’ensemble de la Résistance en janvier 1943.

D’autres réseaux importants commencent à se constituer en 1941 : en zone sud, où cette constitution est moins risquée, Combat, issu en novembre 1941 de groupes isolés, devient le plus puissant des réseaux de Résistance, soutenu par Henri Frenay, un partisan du maréchal Pétain et de la révolution nationale. Jusqu’en 1942, Combat garde le contact avec le ministre de l’Intérieur Pierre Pucheu et seule l’invasion de la zone sud en novembre 1942 détermine une rupture définitive. Libération, marqué par la figure d’Emmanuel d’Astier de La Vigerie, s’affirme d’emblée contre Vichy et entre en contact très tôt avec de Gaulle et son émissaire Jean Moulin. Franc-Tireur recrute ses membres dans les milieux de la bourgeoisie de gauche modérée. Jean Moulin, parachuté en France le 1er février 1942 comme représentant en France du général de Gaulle, peut unifier ces réseaux au sein des Mouvements unis de Résistance (MUR). En zone nord, cinq réseaux importants sont constitués : outre le Front national, Ceux de la Résistance, lié à Combat ; Ceux de la Libération, dominé par les nationalistes souvent issus du Parti social français (PSF) du colonel de La Roque ; Libération-Nord, marqué par l’activité des socialistes et des syndicalistes de la Confédération générale du travail (CGT) et de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) ; l’Organisation civile et militaire, enfin, nettement marquée à droite. L’unification est plus difficile à réaliser ; en mars 1943, une « déclaration « commune est signée ; mais il faut attendre le 29 décembre 1943 pour que les Forces françaises de l’intérieur (FFI) soient constituées, et le 5 janvier 1944 pour que les MUR intègrent une partie des mouvements de la zone nord et deviennent le Mouvement de libération nationale.

Léon Blum envoie Félix Gouin à Londres et rallie la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1942. La fondation du Conseil national de la Résistance (CNR), le 27 mai 1943, montre que l’autorité de De Gaulle est désormais reconnue par l’ensemble des mouvements de résistance. Le CNR est le cœur politique de l’activité résistante, et son programme, publié en 1944 et visant à instaurer une « véritable démocratie économique et sociale «, en traduit à la fois la diversité et les espoirs.

Dans l’intervalle, la Résistance s’est enrichie de l’arrivée massive des réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) ainsi que de celle de nombreux patriotes, au fur et à mesure du durcissement de l’Occupation et de l’élargissement de la collaboration. Les engagements se multiplient avec les défaites peu à peu accumulées de l’Axe et le cynisme des « résistants de la dernière heure «, qui s’engagent après le débarquement de Normandie, voire des « résistants du lendemain «, qui se déclarent résistants une fois la Libération effectuée, pose très tôt un problème de comptabilité à ceux qui doivent recenser les FFI et les FTP authentiques.

Au total, la Résistance active a mobilisé à peu près 200 000 personnes, dont plus de 60 000 ont péri dans les combats, devant les pelotons d’exécution ou dans les camps de concentration. Le tribut payé à la libération de la France a donc été extrêmement lourd.

3   PROPAGANDE, SABOTAGE ET LOGISTIQUE

Faire de la résistance, cela signifiait entrer en clandestinité ; une clandestinité réelle, totale, dont la rupture signifiait à peu près sûrement la mort. L’entrée au sein d’un réseau était donc extrêmement difficile ; le cloisonnement total, indispensable, contraignait aussi à l’isolement bon nombre de groupes de résistants. La dénonciation était monnaie courante, et l’usage des fausses cartes absolument indispensable. La Résistance consistait, la plupart du temps, que l’on soit en ville ou au maquis, dans le fait de se cacher et d’attendre des instructions souvent communiquées par le truchement de la BBC, dans les « messages personnels « codés, énoncés notamment par Pierre Dac au cours de l’émission Les Français parlent aux Français.

L’action proprement dite était le plus souvent liée à la propagande : il s’agissait de rédiger, d’imprimer et de distribuer des tracts ou des journaux clandestins dont souvent les titres correspondaient au nom des réseaux qui les publiaient : Combat, l’Humanité, Libération, Franc-Tireur. La Résistance a engendré une littérature spécifique dont le Silence de la mer, de Vercors, ou la Diane française, de Louis Aragon, sont deux exemples révélateurs ; Paul Éluard, Robert Desnos, Pierre Emmanuel, André Malraux s’y engagent totalement. Les Éditions de Minuit sont créées dans le secret pour publier ces écrivains de l’ombre.

Il fallait aussi, parfois, combattre réellement, soit par le sabotage : en 1944, les cheminots rendent ainsi impraticable pour les Allemands le réseau ferroviaire ; soit par l’assassinat, geste parfois individuel (Jacques Bonsergent, le colonel Fabien), parfois au contraire attentat mûrement médité tel celui qui exécute Philippe Henriot, le responsable de la propagande de Vichy, ou celui de Ritter, l’un des principaux responsables de la SS pour la France ; soit enfin par la guérilla des maquis, qui subit de lourdes pertes comme dans le Vercors, où le maquis est anéanti par la Wehrmacht en juillet 1944, mais qui aide grandement à la progression des troupes alliées en 1944. À Paris, la Résistance lance l’insurrection contre les Allemands pour accélérer leur départ dès le 19 août 1944, et la bataille dure jusqu’au 23.

Il fallait enfin assurer la logistique : les parachutages d’armes et de provisions pour les maquis représentaient une prise de risque énorme, à la fois pour les pilotes de la Royal Air Force et pour ceux qui, au sol, devaient baliser le terrain et récupérer les colis, puis les redistribuer. Les contacts radio étaient un indispensable lien, nécessitant de la part des résistants une constante mobilité pour échapper aux voitures radio de la police de Vichy et de la Gestapo. Enfin, une fraction de plus en plus large de la population a participé à la résistance passive le temps d’une « planque «, le temps d’une commission, le temps de porter un paquet dans un maquis, le temps de mentir à la police française, à la milice française ou à la Gestapo. À partir de 1944, il devient évident que la prudence à moyen terme recommandait de donner à la Résistance quelques gages de bonne volonté. Le roman de Jean Dutour, Au bon beurre, décrit avec une féroce et provocante crédibilité ce ralliement intéressé des petits épiciers parisiens.

La Résistance a été, jusqu’au mois d’août 1944, un choix risqué qui mettait en danger la vie de ceux qui le faisaient. Des étrangers, communistes pour la plupart, ont également pris part à la lutte armée, parmi lesquels le groupe FTP-MOI, dirigé par l’Arménien Missak Manouchian, exécuté en février 1944 par les nazis qui ont alors tenté de déconsidérer l’action de la Résistance en placardant sur les murs une affiche, l’Affiche rouge, présentant les membres de la MOI comme des agents de l’étranger. Si la résistance active est restée un mouvement très marginal, son développement et le soutien croissant qu’elle a reçu d’une large partie de la population française lui ont permis d’être un appui réellement efficace aux Alliés dans la reconquête de la France. Elle a surtout permis aux Français qui n’avaient pas choisi Londres de préserver, en dépit de risques incessants, la flamme de la nation française.

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