Restitution, édit de

Restitution, édit de, édit impérial de Ferdinand II de Habsbourg (1629) restituant à l'Église catholique tous les biens saisis par les protestants depuis 1552. Cet édit marqua l'apogée de Ferdinand II pendant la guerre de Trente Ans. Il venait de triompher de Christian IV de Danemark à qui il avait imposé la signature de la paix de Lübeck. Ses capitaines, en particulier l'entrepreneur de guerre Wallenstein, donnaient à l'empire une supériorité incontestable dans les combats terrestres. Les biens qui devaient, par la seule volonté impériale, revenir à l'Église, consistaient en deux archevêchés (Magdebourg et Brême), douze évêchés, plus de cent vingt abbayes et monastères. La mise en œuvre de la Restitution était confiée à Wallenstein et le partage des biens était de la responsabilité de l'empereur.

L'objectif était double : d'une part, il s'agissait de réaffirmer l'ancrage catholique du Saint Empire romain germanique dirigé par les Habsbourg et, partant, de revenir sur les clauses de la paix d'Augsbourg de 1555 (« tel prince, telle religion «) ; d'autre part, il s'agissait de donner un moyen de pression énorme au clan des Habsbourg pour lui permettre d'imposer l'hérédité impériale en lieu et place du principe électif.

Or cet édit fut une erreur. Les princes d'empire se virent fréquement dépossédés de terres qu'ils avaient, depuis 1555, rachetées aux protestants qui les avaient alors sécularisées, ce qui évidemment les mécontentait. De plus, l'édit, pris sans consultation de la Diète, relevait d'un absolutisme absolument contraire au principe du droit impérial. L'émissaire de Richelieu, le Père Joseph, sut admirablement signaler aux princes cette grave entorse aux coutumes. Enfin, le pape lui-même se trouva dans une position délicate avec ces cadeaux encombrants. Le résultat fut donc à peu près contraire à l'objectif recherché. Lors de la Diète de Ratisbonne, les Électeurs impériaux (catholiques et protestants confondus) refusèrent d'élire comme sucesseur de Ferdinand II son fils Ferdinand ; ils imposèrent le renvoi de Wallenstein et créèrent ainsi à la fois un problème de vacance du pouvoir impérial et une fragilisation de la puissance des Habsbourg.

L'édit de Restitution relança ainsi le processus de guerre, en engageant, aux côtés des protestants et des princes dépossédés, contre les Habsbourg, des adversaires autrement plus dangereux que la Bohême ou le Danemark : la Suède de Gustave II Adolphe et la France de Louis XIII et de Richelieu.