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Révolution culturelle

Publié le 05/04/2013

Extrait du document

1   PRÉSENTATION

Révolution culturelle, mouvement politique, idéologique et culturel mis en place en Chine par Mao Zedong, dans les années 1960 et 1970.

2   LA NÉCESSITÉ DE RAVIVER LA LUTTE RÉVOLUTIONNAIRE

Mao Zedong lance la Grande Révolution culturelle prolétarienne en 1965, pour raviver l’ardeur révolutionnaire en s’attaquant aux « quatre anciennes « : anciennes coutumes, anciennes habitudes, ancienne culture et anciennes manières de penser. La Révolution culturelle révèle toutes sortes de tensions accumulées depuis la victoire des communistes, en 1949 : entre l’aile révolutionnaire, d’une part, les « droitiers « et la classe moyenne, d’autre part, entre partisans et adversaires du modèle soviétique, entre les générations issues de la Chine précommuniste et celles qui ne l’ont pas connue, entre les intellectuels attachés à la tradition et l’avant-garde révolutionnaire, entre les théoriciens du socialisme et ceux chargés de le mettre en pratique.

L’échec du Grand Bond en avant a affaibli la position de Mao et placé sur le devant de la scène Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, qui ont pris en main la gestion quotidienne du pays et s’attachent à remédier aux dommages engendrés par le Grand Bond en avant. Mao estime que ses anciens alliés sont corrompus par le pouvoir et « infectés « par le « révisionnisme « soviétique. Il pense que le principal obstacle au socialisme est l’affaiblissement de l’esprit révolutionnaire, en particulier chez les cadres du Parti communiste chinois (PCC). Il met tous ses espoirs dans les jeunes générations et espère leur donner le goût de la véritable lutte révolutionnaire. Mao trouve dans la Révolution culturelle le moyen de reconquérir sa place de dirigeant, pourtant son initiative devait se traduire par une puissante lame de fond qui mit le pays au bord du chaos et qui faillit lui coûter le pouvoir.

3   LES GARDES ROUGES EN ACTION

La Révolution commence à l’automne 1965 par une critique des milieux intellectuels et universitaires dans les organes de presse. Le mouvement est conduit par le Comité révolutionnaire, où figure notamment la quatrième épouse de Mao, Jiang Qing. Wu Han, qui a pris parti pour Peng Dehuai, le ministre de la Défense démis, ainsi que Peng Zhen, maire de Pékin, sont violemment dénoncés. Parti de Shanghai, le mouvement s’étend à la capitale. L’élimination de Luo Ruiqing, chef d’état-major de l’Armée de libération populaire, par Lin Biao, le ministre de la Défense, assure à Mao la loyauté de l’ALP. Ensemble, ils constituent une force de choc, les Gardes rouges, formés de jeunes âgés de quinze à dix-neuf ans.

Le président de la République, Liu Shaoqi, tente d’abord d’éloigner la menace en créant sa propre tendance au sein de la Révolution culturelle. En août 1966, Mao publie son article « Bombardez le quartier général «, qui fait écho aux affiches révolutionnaires (dazibaos) et aux slogans des étudiants, puis dirige la première manifestation de masse des Gardes rouges sur la place Tian’anmen, à Pékin. Affaiblis par les accusations de déviance capitaliste, les vétérans du parti voient leur légitimité sapée par le désaveu de Mao, le Grand Timonier, dont le prestige est considérable parmi la population. En octobre 1966 est publié le « Petit Livre rouge «, résumé des pensées de Mao. L’enseignement dans les écoles et les lycées est supprimé, et les professeurs et intellectuels, attaqués par les Gardes rouges, sont envoyés aux champs pour accomplir les basses besognes. Dans une société qui vénère depuis toujours la vieillesse et le savoir, la mise en avant de la jeunesse, du travail physique et de la connaissance pratique du paysan provoque un profond bouleversement. Les organes de décision du Parti communiste et du gouvernement sont désorientés et paralysés par l’autocritique, et les organes intermédiaires (syndicats et Unions de la jeunesse) sont dissous.

Les Gardes rouges instaurent un climat de terreur, perquisitionnant au hasard les maisons pour trouver des preuves compromettantes de « déviance «. Des dénonciations extravagantes entraînent des confessions, qui donnent lieu à de nouvelles incriminations. L’humiliation publique, parfois le fait d’enfants envers leurs propres parents, devient monnaie courante, et des milliers de personnes se suicident. Des millions de Gardes rouges réquisitionnent des trains afin de propager les « expériences révolutionnaires « dans tout le pays.

À partir de janvier 1967, le mouvement gagne d’autres régions urbaines, notamment dans le Sud. Shanghai crée une éphémère « commune « en février, contre l’avis de Mao. Divers groupes sociaux qui ont été marginalisés tirent profit de la situation pour se venger de l’élite. Ainsi, les contractuels, à qui l’on avait refusé l’accès aux services sociaux de l’État, exigent un traitement équitable et attaquent les cadres de l’administration. Certains sont soumis à la torture. Les enfants des anciens ennemis du régime, qui ont souffert d’une discrimination continuelle, prennent leur revanche sur ceux des cadres accusés d’être des « capitalistes «.

4   DU CHAOS AU RETOUR À L’ORDRE

La Révolution culturelle fait glisser le pays dans un chaos total. Les opposants de Mao essayent de reprendre l’initiative en créant leurs propres Gardes rouges qui provoquent des affrontements. L’ALP reçoit l’ordre de soutenir les radicaux, mais les officiers se trouvent souvent dans l’impossibilité de faire la distinction entre les différents groupes, qui tous se réclament du maoïsme véritable. Parfois, ils interviennent contre les radicaux. En juillet, l’insubordination du commandant de l’ALP de Wuhan ne peut être réglée qu’après l’intervention personnelle de Zhou Enlai.

Après une pause, de la fin 1967 au début 1968, la Révolution reprend de plus belle. Dans les provinces de Guangdong et du Guangxi, en Chine du Sud, des combats font des milliers de morts au printemps 1968. Chaque groupe dispose de ses propres fabriques ou sources d’approvisionnement en armes.

L’année 1968 marque à la fois l’apogée et l’aboutissement de la Révolution culturelle. L’organisation du Parti communiste se désintègre, remplacée par des comités révolutionnaires locaux souvent contrôlés par l’ALP. Concrètement, le Parti communiste et ses chefs, au pouvoir depuis 1949, perdent leur rôle dirigeant.

Inquiet du caractère anarchique pris par les événements, dont il craint de perdre le contrôle, Mao réclame, en juillet 1968, le retour à l’ordre. Sans avoir jamais donné d’ordres explicites, il a poussé les Gardes rouges à agir, mais les accuse désormais d’avoir trahi sa pensée.

En mars 1969, l’armée chinoise affronte les troupes soviétiques sur sa frontière nord, tandis que dans le Sud les Américains, engagés dans la guerre du Viêt Nam, effectuent des bombardements non loin de la frontière du Guangxi et du Yunnan. Placé sous la menace d’un conflit, sur deux fronts, avec deux superpuissances, Mao tente en vain d’exporter la révolution. En proie au chaos intérieur et à l’isolement international, la Chine se retrouve dans une position critique.

Le IXe congrès du PCC, en avril 1969, marque le réveil du parti, mais sous la domination de l’armée et de Lin Biao, successeur désigné de Mao. Le parti et l’armée commencent alors à restaurer l’ordre. Des millions de Gardes rouges sont incités à s’établir dans des régions lointaines et inhospitalières afin « d’approfondir la révolution «, et y restent jusque dans les années 1980. L’élimination de Lin Biao, en 1970, sonne le coup d’arrêt de l’ascension de l’armée dans les organes dirigeants. Peu à peu, le parti reconstitue ses comités provinciaux.

5   BILAN ET PERSPECTIVES

En dépit du nombre considérable de victimes de la Révolution culturelle, et bien que certains dirigeants, comme Liu Shaoqi, aient été persécutés à mort, cette période ne peut être comparée aux purges pratiquées par Staline en Union soviétique, qui se sont traduites par des exécutions massives et systématiques. Les anciens cadres ont été obligés de suivre les cours des écoles pour cadres du « Sept Mai « afin de rectifier leur attitude, mais ils ont eu la possibilité d’être réhabilités. Deng Xiaoping lui-même revient au premier plan en 1973.

La Révolution culturelle a touché très inégalement les régions et les catégories sociales chinoises. Les campagnes ont été moins ravagées que les villes. Le monde des arts et de la culture a subi des dommages irréparables avec la destruction de très anciens trésors et l’interdiction de l’opéra traditionnel, remplacé par l’opéra révolutionnaire promu par Jiang Qing. Même si elles ne les visaient pas directement, les campagnes contre les « quatre anciennes « ont frappé de plein fouet, dans leur culture et leur identité, les nombreuses minorités du pays ; la Révolution culturelle est principalement le fait des Hans, qui s’en sont pris au patrimoine et aux coutumes religieuses de celles-ci.

Bien que le feu de la Révolution culturelle se soit éteint à la fin des années 1960, elle n’est officiellement abandonnée qu’avec la mort de Mao et l’arrestation de la Bande des Quatre (Jiang Qing, Zhang Chunqiao, Yao Wenyuan et Wang Hongwen) en 1976. Cet épisode a durablement marqué la Chine. En discréditant le maoïsme et son modèle socialiste, elle a poussé les dirigeants tels que Deng Xiaoping à chercher de nouvelles alternatives. Elle a conditionné les réformes économiques de la fin des années 1970, ainsi que la coalition politique qui les a mises en place.

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