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Révolution de juillet 1830, insurrection parisienne

Publié le 11/02/2013

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Révolution de juillet 1830
1   PRÉSENTATION

Révolution de juillet 1830, insurrection parisienne des 27, 28 et 29 juillet 1830, née des brimades politiques subies par l’opposition sous les ministères ultras de Charles X et qui a abouti à la monarchie de Juillet.

2   LES ORIGINES DE LA RÉVOLUTION
2.1   Le régime coercitif de Charles X

Durant la Restauration, deux mouvements dominent la vie politique : les ultraroyalistes et les libéraux. Les premiers, dits aussi « ultras «, prônent le retour à l’Ancien Régime et refusent les acquis de la Charte octroyée en 1815. Face à eux, les libéraux militent pour l’institution d’un régime parlementaire légataire des idéaux de la Révolution et de l’Empire, incluant les principales libertés politiques et d’expression ; ils tirent leur force de l’appui d’une bourgeoisie ayant soif de reconnaissance politique. Entre ces deux tendances, les constitutionnels, favorables à une monarchie constitutionnelle dans le respect des libertés, représentent le parti du milieu et de la réconciliation.

Après un court passage des constitutionnels au gouvernement (1818-1820), la France est dominée par les ultras, sous les gouvernements Richelieu (1820-1821) et Villèle (1821-1828). Leur mainmise sur la vie publique et leur approche conservatrice du politique sont caractérisées notamment par la loi sur le double vote au seul bénéfice des plus riches (juin 1820), par la réintroduction en mars 1822 d’une loi sur l’autorisation préalable, la censure et le « délit de tendance « — concept qui permet tout type d’interdiction —, et enfin par le rôle de l’Église dans l’encadrement des masses (notamment dans l’enseignement).

Face à ce pouvoir coercitif, l’opposition libérale, marginalisée et semi-clandestine, est réduite à organiser des conspirations. Ainsi, la Charbonnerie, importante société secrète, prépare un certain nombre de complots, qui sont tous déjoués. L’opposition se trouve plus spoliée encore lorsque, succédant à Louis XVIII en 1824, Charles X — qui jouit initialement d’un grand prestige auprès du peuple — confirme l’orientation ultra.

Encouragés par la présence sur le trône d’un souverain s’étant fait sacrer (1825) et revendiquant l’intégrité du pouvoir royal, le comte de Villèle et les ultras reviennent sur les principes de la France nouvelle que Louis XVIII avait prudemment préservés. L’alliance du trône et de l’autel triomphe. Les Jésuites, chassés du territoire en 1764, rentrent en France. À partir d’avril 1825, les vols dans les églises, les profanations, le manque de respect dû à un roi de droit divin sont punis de travaux forcés, voire de peine de mort. Enfin, la promulgation de la loi sur le « milliard des émigrés « indigne l’opinion du fait de l’énorme ponction faite sur le Trésor public pour dédommager quelque 50 000 personnes.

2.2   De l’affirmation politique au déchaînement de l’opposition

Dès 1826-1827, des manifestations de mécontentement témoignent de l’hostilité de l’opinion à l’égard de la politique conservatrice de Charles X et du comte de Villèle. Contre eux se dressent les libéraux et les constitutionnels, mais également une petite fraction des ultras.

Exaspéré par les diatribes qui le touchent, Villèle multiplie les erreurs : conspué par la Garde nationale après sa dissolution (29 avril 1827) et attaqué par les libéraux qui font échouer une proposition de loi restrictive sur la presse (17 avril 1827), il fait dissoudre la Chambre des députés le 5 novembre ; puis, faute d’avoir obtenu la majorité au scrutin des 17-24 novembre, il démissionne.

Quoiqu’échaudé, Charles X refuse tout compromis entre les aspirations des ultras et la montée en puissance de la bourgeoisie libérale. Après l’intermède prolongé du ministère Martignac (janvier 1828-août 1829) et une timide amorce de libéralisation (sur la presse), le prince de Polignac passe aux Affaires le 8 août 1829. Cet émigré notoire, ultra entre tous, compose un ministère royaliste extrémiste, d’emblée impopulaire et brocardé par l’opposition.

Fort de son passé révolutionnaire, le marquis de La Fayette prend la tête de la critique libérale. À l’extrême gauche se forme un parti républicain sous la conduite de l’avocat et journaliste Marrast. Le parti orléaniste, parrainé par Talleyrand, s’érige en contre et réclame la déchéance de Charles X et l’intronisation du duc d’Orléans. Tous ces opposants sont publiquement soutenus par les fondateurs du National, Adolphe Thiers, Armand Carrel et Auguste Mignet.

La presse censurée ne cesse plus dès lors d’être à l’avant-garde du combat, jusqu’à être à l’origine directe des Trois Glorieuses.

3   DE LA CRISE À LA RÉVOLUTION
3.1   Les ordonnances de Saint-Cloud

Avec l’ouverture de la session parlementaire, en mars 1830, la crise s’emballe. Le 18 mars, 221 députés signent une adresse au roi pour dénoncer sa politique (voir adresse des 221). On y lit notamment que « le concours du gouvernement avec les vœux du peuple constitue la condition indispensable de la marche des affaires [et que] ce concours n’existe pas «. Plutôt que d’affronter l’opposition, le roi dissout la Chambre le 16 mai. Mais sa stratégie échoue : le 13 juillet, l’opposition remporte les élections.

Refusant de s’incliner devant ce verdict, Charles X fait promulguer les ordonnances dites de « Saint-Cloud « le 25 juillet. Ces quatre textes décrètent d’une part une nouvelle dissolution, mais aussi la suppression complète de la liberté de la presse, une réforme électorale favorable aux gros propriétaires fonciers — et défavorable à la bourgeoisie industrielle et des métiers libéraux —, et enfin une nouvelle échéance électorale.

Le décret sur la presse — symbolique du refus d’ouvrir le dialogue et du choix de gérer la crise par un coup de force — met le feu aux poudres.

3.2   Les Trois Glorieuses

Le 26 juillet 1830, l’indignation agite les milieux journalistiques. À l’initiative des rédacteurs du National, une pétition est lancée et paraphée par quarante-quatre journalistes. Ce défi fait également des émules parmi les typographes. À leur tour, ils influencent le milieu ouvrier parisien, excédé par le manque de libertés et l’absence de représentativité politique du régime. Dans le même temps, industriels et patrons d’ateliers pactisent avec leurs employés. Eux aussi souhaitent obtenir une existence dans l’échiquier politique. Libérés et encouragés, les ouvriers se joignent alors à la foule des émeutiers, menée par les imprimeurs. Des étudiants, lassés du carcan moral et religieux dans lequel l’enseignement supérieur est enfermé, les rejoignent.

En réponse, les autorités nomment l’impopulaire maréchal Marmont au commandement des troupes militaires de Paris. L’insatisfaction qui s’ensuit favorise l’extension de l’émeute qui, le 27 juillet, devient une réelle insurrection, avec la levée en masse des quartiers populaires de l’Est et du Nord-Est parisiens.

Dans la nuit du 27 au 28 juillet, les barricades s’érigent. Le lendemain, les insurgés prennent l’Hôtel de Ville et les troupes de Marmont subissent une débandade. Le 29 juillet, maîtres des Tuileries et du Louvre, les émeutiers dominent la capitale. Un groupe de députés nomment La Fayette commandant de la Garde nationale. C’est un choix emblématique et réfléchi ; La Fayette a traversé les différents régimes — Révolution, Empire, Restauration — et, derrière son nom, l’unanimité peut se faire, une unanimité renvoyant aux cris de la foule célébrant à la fois la République et Napoléon.

Au terme des Trois Glorieuses, le peuple est maître de Paris. La bataille a fait 1 000 morts (dont 800 chez les insurgés) et les partisans d’une rupture radicale avec la monarchie peuvent croire en une vraie révolution. Mais déjà, en coulisses, les partisans d’un réformisme timide et favorable au duc d’Orléans, futur Louis-Philippe, agissent dans le cadre de la Commission municipale fondée le 29 juillet.

3.3   Une révolution confisquée par la bourgeoisie libérale

Lorsque la Révolution éclate, la bourgeoisie d’affaires et les orléanistes qui ont souhaité le renversement des Bourbons nourrissent en effet la plus grande méfiance à l’égard d’une solution républicaine. Leur alliance tacite avec les insurgés est simplement conjoncturelle. Pour eux, l’idéal républicain et ses principaux corollaires (abaissement du cens et suffrage universel) présentent plus d’inconvénients que d’avantages. Aussi s’emploient-ils à prendre de vitesse les insurgés : la solution orléaniste semble la meilleure. Le duc est susceptible de garantir au mieux un compromis écartant aussi bien le spectre de la monarchie d’Ancien Régime que l’ombre sanglante des excès révolutionnaires de 1793-1794. Il profite en outre d’une réelle popularité liée à son passé. Il apparaît donc comme un roi-citoyen libéral, ni rétrograde ni révolutionnaire.

Dès le départ précipité du roi Charles X et à l’instigation d’Adolphe Thiers, de La Fayette, de Jacques Laffitte et de Casimir Perier, la lieutenance générale du royaume lui est proposée (30 juillet). Pour l’avoir acceptée, le 31 juillet, Louis-Philippe est solennellement présenté au peuple de Paris depuis le balcon de l’Hôtel de Ville. Ce « couronnement populaire «, judicieuse mise en scène dans une ville encore hérissée de barricades, ne suscite pas l’engouement populaire. Il doit éviter les risques de dérapage en dédiant cette nomination au peuple lui-même. Et cependant, à l’instant même où La Fayette embrasse le duc sous les ovations du peuple, il « étouffe la République «.

Le 9 août 1830, Louis-Philippe, qui prête serment à une Charte révisée, est déclaré « roi des Français « par les députés. L’abaissement du cens, la liberté de la presse et la réintroduction du drapeau tricolore sont trois de ses dispositions importantes et / ou symboliques. Toutefois, la Révolution est rapidement confisquée par le roi-citoyen. À son tour, il entre dans une logique conservatrice qui mène à la désagrégation de la « monarchie de Juillet « et à la Révolution de février 1848.

4   LA RÉVOLUTION DE 1830, MÉMOIRE ET MODÈLE

La Révolution de 1830 est une étape importante dans l’histoire du sentiment républicain, bien que son issue reste libérale et, surtout, nationale.

Sur le premier point, elle participe à la profonde imprégnation de l’idéal républicain dans les milieux ouvriers et de la petite et moyenne bourgeoisie. La crise endémique de la monarchie de Juillet ne fait, plus tard, que conforter ce sentiment républicain et nourrir le souvenir héroïque de juillet 1830, jusqu’à l’insurrection de février 1848.

À l’étranger, la Révolution devient un modèle, symbolisé par une expression particulière : la terminologie « roi des Français « rend justice au peuple insurgé et suppose a priori que le pouvoir royal ressort de la volonté de la nation. Or, à l’heure où l’Europe est agitée par des mouvements libéraux et nationaux, cette expression sert, tout comme les événements des 27-29 juillet, de catalyseur à l’accentuation des revendications unitaires en Allemagne et en Italie, autonomistes en Belgique, Pologne et Grèce. En somme, la chute de la branche aînée des Bourbons engage les Européens spoliés par les conclusions du congrès de Vienne de 1815 à entrer en dissidence, au nom du droit du peuple et des nations à disposer d’eux-mêmes.

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